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Devenir

Vieille et très jolie question philosophique que celle du devenir à quoi un Sartre ou un Heidegger donnèrent expression nouvelle mais dont l'implication morale est presque trop évidente pour être soulignée. Presque toute l'Antiquité et toutes les philosophies depuis, inspirées de près ou de loin par le christianisme auront privilégié ce qui dure sur ce qui fuit et fait de l'évanescent et du provisoire le signe même du futile, de l'inessentiel, de l'ombre où souvent se tapit le mal.

Pourtant ce temps qui nous frappe, si terriblement irréversible, est notre marque même car sous le devenir, loin de n'y entrevoir que le mieux en train de se construire, se profilent plutôt dégradation, affaiblissement, mort. L'homme est cet être pour la mort - un processus qui débute dès le moment où il naît. Mais un temps compté qui permet de comprendre le mouvement au moins autant qu'il incite à l'action.

Essaierais-je de donner image de ce devenir, je crois bien que la confrontation entre ces deux photos y pourvoirait aisément ! Cette petite fille à gauche n'est autre que cette vieille dame à droite, à côté de moi, quelques presque quatre-vingt dix années plus tard. Qu'ont-elles de commun ? Rien apparemment et pourtant il le faudrait bien : pour qu'on puisse avancer que c'est bien la même personne au début et à la fin de son existence, quelque chose en elle dut nécessairement subsister sous les offenses du temps et de l'âge.

Comme si le devenir ne s'entendait qu'à l'aune de ce qui se maintient et le mouvement à celui de l'inerte : ce que suggère bien le mot substance qui veut dire - ce qui se tient, maintient en-dessous !

Qu'ils s'adonnèrent, non sans délice, à la dispute pour savoir quoi du devenir ou de l'essence était l'exception, l'infraction de l'autre. Quoi de l'inerte ou du mouvement est l'état naturel, normal de l'être et lequel des deux en troublerait ainsi la sérénité ? Il faut avouer que serait tellement rassurant, confortable d'à partir de notre nature, n'avoir qu'à dérouler programme tout rédigé quand même nous saurions ne le pouvoir accomplir jamais totalement, jamais parfaitement. A l'inverse, qu'il serait enthousiasmant quoique inquiétant souvent, libérateur quoique épuisant, d'avoir à tout inventer, le monde, soi, et sa place dans le monde, et sempiternellement lutter contre l'absurde qui corrode tout et plane sur nous comme nuées d'orages.

Qui est ce moi qui devient ? Est-il présent dès le début de l'histoire ou bien au contraire faut-il attendre la fin pour enfin pouvoir le cerner et proclamer : il fut cela …

Peut-être est-ce Camus qui eut raison : le problème est mal posé. Les deux sont vrais ensemble.

Devenir, c'est n'être pas, je veux dire revient à être en écart à tout, à n'entrer en aucune définition, ni en excès ni en défaut ; à n'être jamais où on vous attend ; à errer sempiternellement. Voici sans doute définition excellente de l'humain parce qu'elle fait éclater la définition même : je ne suis humain que par la possibilité toujours présente et parfois magnifiquement saisie d'être hors de soi, de marcher au-delà de soi.

Exister, sans doute, revient à errer. Hors de soi au point d'en paraître autre. Mais sans abandonner jamais l'idée d'une nature dont on chercherait, à tort peut-être, de rassembler les éclats éparpillés. Errer, certes, mais avec l'idée qui hante, d'une essence à recouvrer, à réaliser ; à trouver. Car il n'est pas de destinée sans destination, ni de chemin sans l'obsession de cette destination. En la sorte, ce qui est à la fin préexiste dès le début en nos esprits.

L'errance comme prix d'une faute

Nous tenons des grecs sans doute cette folle fierté d'être de quelque part comme si cet enracinement valait identité. Ainsi que la méfiance nourrie à l'encontre du nomade invariablement suspecté d'être paresseux et voleur. Pourtant Hestia ne prévaut que dans son union paradoxale avec Hermès, dieu des voyageurs, des voleurs et messager d'entre tous ! En l'autre de nos sources, pourtant, on inventa l'errance perpétuelle.

L'histoire commence bien par une expulsion fatale qui d'Adam et sa descendance fit peuple d’irréfragables errants. Caïn, le premier, en signe de l'assassinat dont il se rendit coupable. Le peuple hébreux entier que Moïse sortit d’Égypte mais promena quarante années durant dans le désert dans l'espoir que de cette bouillante et bruyante foule surgisse comme une ferveur.

Il s'appelait Samiri, croit-on. C'est avec ce nom en tout cas que la légende s'en souvient. C'est lui qui avait fabriqué le Veau d'Or pendant que Moïse, absent depuis longtemps, recevait du Très-Haut la Parole et la Loi, mais abandonnait son peuple aux pieds de la montagne, désœuvré. On sait ce qui advint : impatient de se trouvr point de ralliement, essence à exprimer et divinité à adorer, culte hâtif du veau d'or s'organisa. De rage Moïse brisa les Tables et s'en alla prier clémence pour son peuple non sans avoir maudit et puni ceux, et ils furent nombreux, qui le méritaient. On ne bâtit pas une nation, on n'édifie pas un peuple sur de telles frivolités, sur de telles insoumissions.

Alors Samiri s'éloigna et n'entreprit plus jamais de s'approcher des tentes d'Israël. Avait-il compris sa faute ? Avait-il seulement su ce qu'alors il faisait ? Depuis cette antique époque, il erre telle une bête sauvage et nul ne s'avise d'approcher de lui ni lui-même des autres comme si, contagieux, un simple contact vous contaminerait de sa malignité.

On le voit, l'errance toujours cache une faute originaire ; une faute si lourde que rien ne la peut expier qui condamne à la porter de jour en jour, de lieu en lieu, sans jamais pouvoir trouver ni asile ni repos.

Presque identique est la légende du juif errant. Qui justifiait toutes les craintes, toutes les haines.

Mathieu Paris qui n'était pas n'importe qui, peintre, enlumineur, cartographe, écrivain, célèbre moine de St Alban, rapporte avoir reçu en son abbaye, un archevêque arménien qui lui raconta avoir reçu à sa table, homme s'appelant Joseph qui eût été témoin de la Passion du Christ. Il s'appelait en ce temps-là Cartaphilus, portier du prétoire de Ponce Pilate. Après que le Christ eut été condamné et quitté le prétoire, il le frappa dans le dos lui enjoignant d'aller plus vite. Ce à quoi, sévère, Jésus lui aurait rétorqué : Je vais, et toi, tu attendras que je vienne. Ce qui était le condamner à vivre jusqu'à la consommation des temps et le Jugement lors du second avènement du Messie.

La parole seule valait malédiction et banissement.

L'homme avait alors trente ans à peine et la légende veut qu'à chaque fois qu'il atteint les cent ans, comme pris de maladie, tombe en extase après quoi il guérit et revient à l'âge qu'il avait lors de la mise à mort du Christ. Il vivrait en Arménie, pèlerin perpétuel, vivant près des évêques et des prélats. Il se dit même qu'il fut baptisé par le grand Ananie, celui-là même qui fit recouvrer la vue à Paul de Tarse et le baptisa. Il se dit qu'il mène depuis vie sainte, se contentant de peu, retournant tous les cent ans sur les lieux de la Passion dans l'espoir d'y rencontrer le Christ et de se faire pardonner mais s'en retournant inexorablement sur les chemins ne l'y ayant pas trouvé.

J'aime cette légende bien plus édifiante que celle faisant apparaître un certain Ahasver, vieillard gris et sale, mendiant mais surtout porteur de mauvaises nouvelles qui apparaît aux détours des luttes d'entre réformés et catholiques, incarnant au mieux, via un antisémitisme non camouflé, l'ignoble tentation des extrêmes où les haines poursuivent les dogmatismes.

N'en demeure pas moins qu'à l'errance est indissolublement liée une culpabilité si pesante qu'elle ne saurait s'étancher que dans une attente infinie. Devenir c'est ceci d'abord, l'arrière-goût amer d'une malignité originelle, indélébile quand même serait-elle presque oubliée, défaillance en tout cas qui vous rend malhabile au monde, intrus indésirable aux autres. On aura beau inverser cette errance et l'ériger en aventure de la liberté - ce que parfois elle peut être également - on aura beau prétendre que cette humaine condition est universelle qui nous pose en cette position originale de n'avoir nulle nature tout-au-plus cette étrange propriété de pouvoir apprendre et transformer jusqu'à nos obstacles en outils pour nous approcher de nos fins, bref, on aura beau tenter de faire contre mauvaise fortune bon cœur, reste cette béance qui efface nos débuts à mesure que nous avançons, et trouble notre destination à chaque fois que nous escomptons nous en approcher. Tant le chemin, rétif à tout itinéraire, aveugle à toute méthode, antonyme absolu de l’Être, ne connaît et ne veut connaître ni alpha ni oméga.

Il est si facile d'errer dans le désert et d'y prendre l'orbe pour la ligne droite.

 

Substance : en dessous … rien ! Vraiment ?

Quand donc et de quoi surtout a surgi cette engeance que l'on appelle homme dont tout laisse à en supposer - mais l'étymologie d'abord - génération modeste et paternité presque accidentelle.

La Genèse évoque bien cette glaise mise en forme d'avec le souffle divin et il ne fait aucun doute qu'Adam vienne d'adama, la terre, qui désigne tout autant le premier des hommes que l'humain en général. Est-il plus important que le nom que l'on porte ? Est-ce d'ailleurs un hasard si le second livre de l'ancien Testament s'intitule Exode mais Shemot en hébreu - Les Noms ? Il se dit ainsi que chaque homme posséderait trois noms : celui donné par Dieu - c'est un Adam, un homme, ou si l'on préfère un être de la terre. Puis il y a le nom donné par les parents ; il y a, enfin, celui que chacun, par ses actions, par ses œuvres, s'attribue à lui-même et incontestablement c'est celui-ci qui importe et vous ressemble. Avoir un nom c'est commencer d'exister, comme un individu, et ce nom à la fin vous ressemble. C'est ainsi qu'Abram devint Abraham et Saraï, Sarah. Mais ce troisième nom, celui que l'on se construit soi-même par sa manière d'être, de servir, de prier autant que de rencontrer l’autre, ce nom-là est l'image sans doute la plus fidèle de ce que peut signifier le devenir.

Aussi la question que Moïse pose en Ex 3, 14 n'a rien d'anodin … non plus que la réponse. Qui est traduit Jérôme dans la Vulgate. Non pas qui était, est et sera ce qui reviendrait seulement à occuper la totalité du temps en ses trois versants. Mais Qui est. Rachi lui, lira je serai qui serai parce que ce nom est en même temps une promesse : celle de la Présence auprès de son peuple sitôt construit le Tabernacle. Maïmonide y comprendra l'être nécessaire c'est-à-dire l'idée de ce qui est toujours. Pour lui, mais en réalité pour toute la tradition juive le nom dit l'essence et ceci est plus vrai encore pour celui de Dieu ce pourquoi il est imprononçable et ne doit être prononcé qu'une fois par an, pour Kippour dans le Saint des Saints par le seul grand prêtre autorisé à y pénétrer pendant qu'à l'extérieur les chants s'entonnent si fortement que nul ne peut l'entendre prononcé.

Je crois les deux réponses exactes : assurément la réponse que Dieu fait à Moïse - eyé asher éyé - est-elle à la fois une fin de non-recevoir sous forme de boutade parce que nul ne peut entendre ni donc saisir l'essence de Dieu en même temps qu'un appel à entendre ce futur comme celui d'un processus à jamais achevé : la présence. Maïmonide a raison : quoique l'on tente de préciser dans la définition même du divin, le dénature, le réduit. Dieu ne se dit ni ne se prononce hormis dans le silence profond de son âme.

Voici exactement cee que l'humanité de l'homme détient, l'ayant reçu de sa procession d'avec le divin : ce même futur entendu cette fois comme processus, édification, promesse : la présence - prae-ens - ne l'oublions pas est composée d'un gérondif. Elle n'est pas un état mais bien un processus et voici sans doute ce qui fait le fond de la relation de l'homme à Dieu, au monde et à l'autre : un processus sans cesse à l'œuvre ; une œuvre. Le fait d'un être qui advient en s'avançant, en s'approchant ; qui ne devient homme qu'en face et en s'approchant d'un autre homme. Mais parallèlement la promesse de n'y être jamais seul, jamais abandonné mais accompagné, toujours.

« Jusqu'à votre vieillesse, je suis le même ; et même d'avoir les cheveux blancs je te souffrirai ; j'ai fait et je porterai; et je porterai, et je te délivrerai » Isaïe 46:4

De haute lutte, Zeus avait fini par l'emporter sur les Titans et dans cette nouvelle donne que représenta l'ère olympienne, si le partage avait été facile d'entre Poséïdon, Hadès et Zeus - il se dit même que ce partage se fit par tirage au sort - la place à accorder aux hommes avait étéplus délicate à définir. En finir avec l'âge d'or qui présidait aux destinées des hommes sous Cronos revenait à ne plus laisser les hommes vivre dans l'intimité des dieux et à les contraindre à travailler pour survivre. L'histoire est connue : Prométhée, le fils de Japet, fut chargé avec son frère d'attribuer à chacun les attributs et qualités lui permettant de survivre. Mais Épiméthée, maladroit ou sot, ne sut quoi attribuer à l'homme ou, pire s'il se peut, avait déjà distribué toutes les qualités disponibles aux autres vivants. Il s'en remit à son frère qui conçut l'idée, à l'absence de toute essence propre, de donner à l'homme le feu et l'intelligence de s'en servir. A ce titre il est bien le protecteur voire le père de l'humanité. Que Prométhée dût le payer d'une souffrance perpétuelle souligne bien la délicate émergence de cet être étrange, et par un certain côté monstrueux, qu'est l'homme qui ne manquerait pas un jour de s'insurger contre les dieux et de leur mesurer leur pouvoir.

Voici seconde signification du devenir : n'avoir aucune nature, aucune définition ; n'avoir d'autre aptitude que celle de pouvoir tout apprendre ; n'avoir d'autre essence que de n'en avoir pas. Un homme libre, qui, racontent certaines légendes, serait tellement hors normes, qu'il fit peur à toutes les autres créatures et que même certains parmi les anges ou les archanges, tentèrent de dissuader Dieu de créer telle anomalie dangereuse. Un être qui ne serait ni condamné d'emblée à perpétrer le mal ni destiné sans effort à la grâce. Condamné à être libre écrira Sartre : un être tout de paradoxe en tout cas. Que Prométhée fût puni, sans doute aura-ce été moins d'avoir donné le feu aux hommes - après tout la maladresse d’Épiméthée en rendait le don nécessaire - que de l'avoir volé aux dieux. Ainsi, à la fin, Zeus ne retira-t-il pas le feu aux hommes. Sans doute savait-il que ce fût là cadeau empoisonné : ami, le feu sait aisément se faire destructeur. L'homme se fit faber et l'on sait bien que ceci ne résolut jamais totalement l'incertitude où il demeurait de sa place dans le monde. Fabriquer n'est pas œuvrer. Devenir comme maître et possesseur de la nature, écrira Descartes. Certes, mais tout est dans cet étrange et tellement fatidique comme : la maîtrise est illusion, la domination subterfuge.

Pauvre pigeon, frappé en plein cœur par flèche d'un archer qui sans doute ne s'intéressait pas même à lui et n'aura eu lancé son trait mortel que pour seulement aguerrir son talent funeste ! L'ironie macabre qu'en gémissant il révèle, tient au fait que sa propre engeance aura fourni moyen pour ces armes de mieux s'envoler et atteindre leurs cibles. Il fallait simplement l'œil affûté du fabuliste qui s'y fut son existence entière astreint, pour souligner non sans cruauté que tel était notre sort commun :

Des enfants de Japet toujours une moitié
Fournira des armes à l'autre
!

Les philosophes autant que les prédicateurs se rengorgeront de cette ambivalence : loup pour lui-même, ou perverti dès l'origine par un péché qu'il se transmet goulûment, au mieux trop faible pour en affronter l'adversité avec quelque chance de succès, l'homme, grevé de cette béance dirimante, ne mériterait pas mieux qu'une soumission totale qui seule le pourrait préserver d'une chute plus fatale encore. Je ne connais nulle autorité, ecclésiale ou politique, qui puisse accepter qu'on se puisse passer d'elle et la contourner : l’Église inventa le salut par la grâce plutôt que par les œuvres qui eût laissé à l'homme l'initiative et la possibilité de son salut ; le politique fit de la violence humaine le grand argument qui justifiât la loi et la totale obéissance exigée à l'endroit de ses prétendus serviteurs.

L'ambivalence ronge jusqu'ici : quel sens aurait, quelle utilité pourrait avoir, sur quel fondement pourrait s'appuyer une morale qui ne supposerait pas le libre arbitre ; une moralité contrainte de n'avoir aucune alternative à élucider ? La morale, on le sait, débute à la croisée même, d'où s'écartent en des directions opposées des voies pourtant si semblables dont rien ni personne d'autre que soi-même, à moins que ce ne fût un Crétois itérativement menteur, n'éclairera de la validité.

La légende en est connue mais pas toujours à bon escient et souvent dans une lecture chrétienne pas toujours dénuée d’antisémitisme. Le Golem, puisque c'est de lui dont il s'agit, aurait été créé par le Maharal de Prague. Dans les textes les plus anciens le terme désigne matière encore informe à partir de quoi l'homme fut créé quand l'esprit de Dieu insuffla en lui le souffle de vie. (Ps 139,16)

Etre sans esprit ni intelligence, pure matière sans âme ou esprit, le Golem représente donc une étape dans le processus de la création et, très tôt, dans les récits, il apparaît que cet être qui pourrait être auxiliaire au service se révèle bien vite incontrôlable et malfaisant - ce qui implique de le détruire. C'est bien ce qui arriva au Maharal qui l'avait conçu pour protéger la communauté des pogroms qui se développaient alors. Sur le front de la créature était écrit EMET(H) - Vérité. Il suffira d'ôter la première lettre pour obtenir Mort. C'est ainsi qu'on pouvait en finir avec le Golem s'il s'avérait dangereux. C'est bien ce qui finit par arriver mais ce dernier étant devenu trop grand, le Maharal le fit s'agenouiller afin qu'il laçât ses chaussures. Ce qu'il fit et, ainsi à sa portée, il put effacer l'aleph initial et le rendre inoffensif. Ses restes reposent encore aujourd'hui, dit-on, dans les combles de la synagogue vieille-nouvelle au milieu de tous les manuscrits comportant le nom du Très-Haut que pour cette raison il est impossible de détruire.

Légende qui inspira dit-on Mary Shelley, qu'importe d'ailleurs. Le golem n'est pas la seule légende illustrant la démesure humaine qui, par orgueil ou blasphème, cherche à disputer au divin la puissance de création. La malédiction qui voit dans cette création contre-nature une irrémédiable catastrophe se retournant contre ses auteurs, une des formes incontournables du mal qui vous échappant, achève de prendre toute la place, est évidemment une allégorie de l'hybris et dessine à sa manière une ligne à ne pas dépasser dans les relations avec le divin.

Mais elle dit plus encore nous concernant et notre réalité d'être en devenir. Dont, notamment, l'insuffisance de la théorie des quatre causes avancée par Aristote. Non, il ne suffit pas, pour avoir de l'humain, d'inscrire une forme - une idée - à une matière informe. N'importe quelle machine, objet répond à cette représentation or justement tout ce qui relève ainsi de la technè souligne comment elle se peut retourner contre nous laissée à elle-même, je veux dire abandonnée à sa propre et exclusive logique d'efficacité.

Pour faire de l'humain, il faut bien plus :

 

 

 

Préambule

Doutes et ambitions

Solidarité

Réciprocité

Pesanteur et grâce

De la connaissance

Aimer et surtout ne jamais haïr

Rester élégant et jamais vulgaire

 

savoir écouter

savoir parler

Qu'est-ce cela : aimer ?

Trois histoires pour commencer

Révélation

histoires d'insoumises

histoires d'abandons

 

élégance   :

l'éloge de la gratuité  

élégance de l'image

images de l'élégance

élégance de la légèreté

pesanteur de la vulgarité

légèreté de l'élégance

de deo : in solido

l'impensable silence

 

bienveillance

humanisme: une affaire d'élégance

du pardon

doute
donner recevoir
ironie
justesse

diableries

diableries suite

qu'est-ce ceci : haïr ?

grâce    
cloisons à éviter
 
goûter le silence

Etre au service tout en restant libre

Nourrir l'amitié jamais l'indifférence

Etre prudent sans rien perdre de sa force d'âme

gratitude

différence  

chercher

liberté : obéir ou servir

écoute  

philosopher : un geste moral

loi

empathie  

prudence plutôt que scepticisme

 

sexualité

sagesse

 

 
entre silence et parole
    devenir

Rester humble et jamais arrogant

Etre généreux et surtout jamais âpre

Rester juste et fuir la démesure

finitude

franchise et sincérité

entre intensité et prudence

moi

foi ou crédulité

mensonge
être source ?
partage
fissure
témoigner
refuser la déchéance
vicariat