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Préambule

 

Le Pérugin avait en son temps illustré les vertus cardinales - prudence, tempérance, force d'âme et justice - et je ne déteste pas qu'elles fussent reprises des philosophes grecs car elles n'ont rien de spécifiquement chrétien. Elles sont cardinales, parce qu'à la croisée, soutenant tout le reste, conditions en même temps qu'étai de toute moralité.

J'avais autrefois tenté de trouver les valeurs qui étaient aux fondements de toute moralité et avait repéré solidarité, réciprocité et le couple pesanteur/grâce. Je m'étais alors posé la question du côté des valeurs, pas des vertus. Est-ce pour ceci que je n'avais pas débusqué les mêmes items ou simplement parce que c'est précisément vertu que de respecter ces valeurs pivots, de les faire siennes et donc au sens que M Serres donnera à l'expression : en sa conduite

La religion de mon adolescence me manque ; je reste inconsolable de l'avoir perdue. Perdue par la tête, gardée en ma vie et ma conduite.

C'est qu'effectivement moralité est affaire de conduite et la vertu, cette force - virile selon l'étymologie - qui du chemin passe à l'acte, de l'intention à l'ordre.

Plutarque en son temps écrivit des Vies parallèles des hommes illustres mettant en face systématiquement un romain et un grec - ainsi par exemple Thésée et Romulus - comme si la gloire de l'un n'était audible qu'en raison de celle de l'autre ou que, plus vraisemblablement, il ne fût pas d'homme qui gardât, seul sens, valeur et honneur et qu'ainsi humanité n'eût de raison que dans la relation à l'autre, à tous les autres.

Ainsi en va-t-il assurément de la moralité et plus encore de ces fameuses valeurs : je le compris quand, trouvant sans difficulté en haine l'antonyme parfait d'amour, je dus plus longtemps méditer avant de comprendre que celui d'amitié était seulement indifférence.

Qu'est-ce qu'être vertueux ? ou tout du moins s'efforcer de l'être ? Respecter, faire siennes, appliquer dans son existence, ce que Serres nomme conduite, ces valeurs. La moralité est affaire de raison pratique ; identique en ceci à la sagesse dont elle est quasi-synonyme : elle assure la cohérence entre ce qu'on pense, dit et fait ; chasse systématique à l'incohérence, à la contradiction qu'elle interprète au mieux comme faiblesse, au pire comme trahison.

La moralité n'est pas ainsi un état mais un processus : cet effort constant pour demeurer sur la ligne où l'être joue l'unité et nous le lien …

 

Je ne sais pas si on peut encore écrire des traités de morale comme on le faisait autrefois : ce serait peut-être un peu ridicule mais à considérer le comportement de certains dans le monde professionnel, il m'arrive de songer que ce ne serait pas superflu. On n'ose même plus les nommer ainsi mais plutôt Education civique tant nous subissons les ultimes ressacs d'une virevolte contestatrice qui relégua la morale dans le magasin des accessoires désuets ou en fit affaire de vieux ringards réactionnaires.

Je ne suis même pas certain que ce soit utile tant je demeure convaincu ave un Socrate - et son démon - ou un Rousseau - et son instinct divin, immortelle et céleste voix - qu'en réalité nous savons toujours ce que valent nos actes et ce que pèsent nos intentions. Qu'importe que ceci fût inné ou si profondément et savamment incrusté dans nos consciences par une éducation habile autant que prévenante, ce que je sais c'est que le sens que nous avons du bien n'est pas affaire de raison et que nous y inclinons spontanément. J'entends et je sais cette froideur ou ce cœur aride, sitôt que la raison entreprend d'y pérorer qui y verra une arithmétique au mieux des sentiments, au pire des intérêts.

Non, assurément, nous ne sommes naturellement ni bons ni mauvais - oui, décidément ni anges ni démons bien plus que les deux de concert - et si la morale pouvait avoir quelque utilité ce resterait précisément dans ces situations - souvent sociales ou professionnelles - où le dilemme moral ferait qu'on n'eût à choisir qu'entre marteau et enclume, qu'entre le pire et l'exécrable. Entre des issues également détestables où l’on eut à choisir le moindre des maux sans même être certain de ne pas s’y tromper.

C'est ceci que je retiens : écrire une morale est toujours d'abord un aveu de défaite en tout cas d'échec. Voici situation d’indifférence - non au sens de Descartes car il n’en est pas, Leibniz a raison – mais où identiquement la liberté de notre volonté prend le relais d’un jugement défaillant, quelle qu’en soit la raison, à se déterminer entre les termes de l'alernative. Il faut, oui, prendre la formule nietzschéenne à rebours : l'homme moral serait tellement faible et immoral qu'il a besoin d'un code contraignant pour conserver attitude acceptable. L'homme fort n'aurait ainsi nul besoin de morale et ses principes s'imposeraient d'eux-mêmes telle la vérité chez Spinoza. Ce n'est en l'occurrence pas l'individu qui serait faible – en tout cas pas systématiquement - mais lui au contraire qui devrait en tout cas s'affermir pour prendre la situation en main parce que, justement, le signal envoyé par les circonstances est trop faible ou confus ; ambivalent.

Où tout éclairage supplémentaire est d'un grand secours quand ni les circonstances ni les leçons ordinaires ne permettent de sortir du dilemme. Telle pourrait être le sens d'un code moral : au même titre qu'autrefois on consultait rabbin ou prêtre ! décidément dans toute morale il demeure quelque chose du religieux initial. Mais n'est-ce pas, après tout normal, pour autant que le religieux fût affaire de lien ? Moins un commandement qu'une invite.

Peut sembler gênante l’étymologie de vertu qui renvoie à vir et donc à la virilité - de quoi hérisser le poil de toute féministe même assagie ! En réalité pas plus que celle de générosité qui signifie d’abord la qualité des gênes et donc de la race d’un animal. En réalité, il faut y considérer plutôt cette invitation à exercer la puissance de sa volonté ; le courage nécessaire pour être libre. Qu'on n'attende donc pas ici que je prodigue conseils de vie ou recettes qui permettent à la fois de garder tête haute et de ne pas renoncer à tout …Qui serais-je d'ailleurs pour prétendre en être capable ou en avoir autorité.

Je veux ici simplement, comme je le fis pour la morale repérer quelques principes …

 

 

Préambule

Doutes et ambitions

Solidarité

Réciprocité

Pesanteur et grâce

De la connaissance

Aimer et surtout ne jamais haïr

Rester élégant et jamais vulgaire

 

savoir écouter

savoir parler

Qu'est-ce cela : aimer ?

Trois histoires pour commencer

Révélation

histoires d'insoumises

histoires d'abandons

 

élégance   :

l'éloge de la gratuité  

élégance de l'image

images de l'élégance

élégance de la légèreté

pesanteur de la vulgarité

légèreté de l'élégance

de deo : in solido

l'impensable silence

 

bienveillance

humanisme: une affaire d'élégance

du pardon

doute
donner recevoir
ironie
justesse

diableries

diableries suite

qu'est-ce ceci : haïr ?

grâce    
cloisons à éviter
 
goûter le silence

Etre au service tout en restant libre

Nourrir l'amitié jamais l'indifférence

Etre prudent sans rien perdre de sa force d'âme

gratitude

différence  

chercher

liberté : obéir ou servir

écoute  

philosopher : un geste moral

loi

empathie  

prudence plutôt que scepticisme

 

sexualité

sagesse

 

 
entre silence et parole
    devenir

Rester humble et jamais arrogant

Etre généreux et surtout jamais âpre

Rester juste et fuir la démesure

finitude

franchise et sincérité

entre intensité et prudence

moi

foi ou crédulité

mensonge
être source ?
partage
fissure
témoigner
refuser la déchéance
vicariat