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Images de l'élégance
Le dictionnaire lie élégance à goût et délicatesse mais nous savons tous combien le goût ou, plus exactement, le bon goût relève bien mieux des déterminismes sociaux que d'une véritable prédisposition à correctement distinguer ce qui serait beau de ce qui serait laid voire vulgaire. Comme si cette faculté intervenait avant toute réflexion alors qu'en réalité elle oscille constamment entre l'observance - ou non - des normes et la subjectivité pure. Qui n'a, au moins une fois dans sa vie, éprouvé la crainte que le goût qu'il aurait manifesté pour tel ou tel objet, œuvre ou comportement ne recueille réprobation méprisante voire moquerie ? Ne pas s'extirper des usages, se lover dans les convenances, préférer le gris parce qu'au moins là, on est sûr de ne heurter rien ni personne …
J'avoue me fier plutôt à l'étymologie : gustus renvoie à la table, à la dégustation précisément ; à cette capacité de distinguer - et d'apprécier - salé, sucré, amertume et acidité … Bref à la sapidité d'où nous avons tiré savoir. Quand à cette capacité de trier, classer, donc d'apprécier clairement et distinctement, elle procède évidement de ce tri par quoi nous nous vantons si aisément de comprendre - ah ces classements, ah ces taxinomies, ah cette furieuse habitude de croire qu'on aurait tout expliqué de l'avoir seulement nommé et séparé de son voisin ! - issue de tritum, supin de terere frotter en partic. frotter de manière à enlever la balle; battre le blé ; bref extraire l'essentiel.
Il serait évidemment facile de chercher représentations vestimentaires de l'élégance … mais inutile. Pour la puissance qu'on lui prête, et cette capacité à distinguer, séparer et trier, je préfère me souvenir de l'indispensable légèreté qui au contraire de critiquer, ridiculiser ou avilir son objet lui rendrait plutôt hommage en tâchant de l'augmenter. Parce que ce refus de miner, ronger, réduire ou agonir est le pendant exact du Aime ton prochain comme toi-même et ainsi de cette vocation à augmenter.
J'aime les ciels surtout lorsqu'agités de nuages, de couleurs et d'invraisemblables lueurs, ils paraissent nous raconter histoires à notre mesure. Je n'y vois ni prétextes à théologies prétentieuses, ni prémisses de dévoilements que tonitruantes voix s'apprêteraient à ourdir. Des émotions, souvent ; presque des craintes à voir ainsi ondoyer ces rosaces incendiaires ; des apaisements aussi venus des tréfonds de l'enfance à regarder ces nuages matinaux s'accrocher désespérément aux ultimes aspérités de monts déjà tellement rabotés. Il y a bien des présences là-haut, sitôt que nous levons les yeux mais avant même d'imaginer un dieu qui nous interpellât, ne serait ce point plutôt celles de nos morts, de nos regrets, de nos grands anciens dont la mémoire bruisse encore ; de nos espérances aussi qui, pourtant puisent aux mêmes sources. Avec le vent qui se lève, la mélodie même de l'esprit, celle qui nous hante mais que nous hantons en retour, et qui fait que notre parentèle ne sera jamais un vain mot. Parce qu'elle constitue et justifie l'être même Et puis, ces rais inattendus fendant les espaces et qui, se frayant un passage étroit entre des volutes déjà grises, semblent vouloir désigner quelque lieu à préserver d'entre tous, ou quérir quelque oreille encore disposée à entendre. Pourquoi donc imaginer autrement le buisson ardent ? que pouvait-il être d'autre sinon ce miracle, pas même d'un éclair, ni encore d'une voix, mais d'une lueur presque discrète encore mais sachant déjà, avec la ferme assurance d'un glaive qui pourtant ne chercherait à pourfendre personne mais seulement à l'éveiller, sachant, oui, le détourner enfin de sa torpeur, de ses affairements ordinaires et lui désigner une direction, la seule qui l'oblige et honore. Notre posture, là, debout d'entre ciel et terre nous résume finalement assez bien englaisés que nous restons dans l'une et ne rêvant pourtant que de la gloire d'atteindre les cimes de l'autre ; réduisant l'une à ces multiples champs d'honneur et de cadavres qu'exigent nos appétits de puissance mais évidant l'autre de toute présence qui pût en disputer la démesure ; écrasés plus souvent que cheminant entre ces deux horizons dont l'un renâcle à nous porter encore et l'autre à nous accueillir. Voici en tout cas comment j'entends l'élégance de l'image et la sais, avec grande assurance, n'être ni blasphématoire ni fallacieuse. De ne s'interposer en rien, ni de souiller jamais pas même l'ombre ce qu'elle montre d'aucune méchanceté, insulte, ironie ou critique. D'être filtre qui, sans mentir en rien, préserverait de tout sarcasme, et de cette vulgarité discourtoise surtout qui s'entremettant constamment installe au centre de tout les bouffissures odieuses de la vanité. De choisir et exhausser la joie devant la beauté sereine de l'être en en nourrir infinie gratitude.
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Solidarité |
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Pesanteur et grâce |
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De la connaissance |
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Rester élégant et jamais vulgaire |
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élégance : |
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humanisme: une affaire d'élégance |
doute | donner recevoir |
ironie |
justesse | grâce | |
cloisons à éviter | goûter le silence | |
Etre au service tout en restant libre |
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Etre prudent sans rien perdre de sa force d'âme |
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philosopher : un geste moral | |
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