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Gratuité

On relierait aisément grâce, gratuité et gratitude ! Ce ne serait en l’occurrence qu'en partie exact. La gratuité renvoie pour ce qui est reçu, objet ou service, à l'absence de toute compensation contrepartie pécuniaire tandis que la grâce à un don fait sans contre-partie, sans qu'il soit dû, sans même qu'il soit nécessairement mérité. Gratia, le charme, l'agrément, la grâce - au sens en tout cas de l'élégance, du charme, de la beauté.

Fait partie de notre impensé, ou de ces évidences que nous n'aimons pas excaver, l'idée - mais en est-ce une ? - selon laquelle la gratuité eût plus de valeur surtout s'agissant d'un geste. Gide, qui n'était pas à une profanation près, souligna en son temps que le désir lui-même de perpétrer un acte gratuit lui interdisait de l'être puisqu'il serait résultante de ce désir de le prouver. Voire ! C'était, quand même, confondre gratuité avec absence de cause ou, ici, de motif. Mais demeurait exact qu'est difficilement concevable l'absence de contrepartie. Bien entendu l'altruisme que ceci suggère entre dans le panthéon des valeurs morales mais qui, se voulant altruiste ou se croyant généreux, pourrait nier qu'il y trouvât son compte - la satisfaction en tout cas, à ses seuls yeux ou, pire, au regard des autres - d'être généreux et homme de bien, comme on disait autrefois ? L'aporie tient en ce que nul ne parvient à gommer non plus qu'à faire taire ce moi, que d'aucuns décrient comme haïssable. Je ne suis au reste pas certain que ceci soit souhaitable : être responsable n'est-ce pas avant tout revendiquer la paternité de ses actes ?

Il nous arrive, c'est vrai, de jouer les fines bouches et regretter, en hypocrites sophistiqués, que le pécuniaire n'envahisse tout - et nos relations. Sans doute l'injonction nous rappelant que nous ne pouvons servir deux maîtres à la fois résonne-t-elle encore mais la chose ne va pas sans douceâtre duplicité. De l'un de ces maîtres nous avons depuis longtemps tourné le dos ; quant à l'autre, nos critiques du capitalisme n'ont pas fait long feu et nos ambitions d'une société plus ouverte n'auront jamais réussi à détourner les yeux de Chimène que nous lui réservons.

Elles étaient trois, filles de Zeus, Euphrosyne, Thalie, Aglaé et Eurynomé, fille d'Océan, dont on sait peu, sinon qu'elle est la troisième déesse après Métis et Thémis, aimée de Zeus.

On les nomma les Trois Grâces à Rome : c'était des Charites - Χάριτες - de χαίρω : se réjouir être joyeux. Car ce qu'elles incarnent, chacune de manière différente, c'est l'exubérance, la joie, le bonheur ou, plus exactement, cette force d'exister qui maintient en cette forme heureuse de vie. Euphrosyne est la joie poussée à son sommet, l’allégresse ; Thalie est la personnification de l’abondance, de la vie qui se déverse et donne ; Aglaé est la beauté la splendeur. J'aime à penser que sous cette distribution fine se camoufle peut-être les ultimes rémanences d'une économie du don où donner, recevoir et rendre ponctuent toutes les relations.

Sans doute ne faut-il pas idéaliser cette organisation qui, comme la nôtre, implique contraintes souvent étroites et rugueuses, obligations incontournables et lourdes à assumer parfois ; n'en reste pas moins que paraît plus proche de l'idée que nous nous faisons de la vertu, cette économie qui, plutôt que de viser l'accumulation de richesses et donc sa propre satisfaction, s'efforce à générosité, gratuité et liberté et ainsi en appelle constamment à l'autre. Où le prochain paraît la visée constante de nos actions plutôt que seulement le truchement par où transiter pour obtenir gain et cause.

Est-il, se peut-il, nonobstant, y avoir actes résolument gratuits ? Dans ce qu'écrit Sartre sur l'absurdité de l'existence, je lis comme une formidable opportunité. S'il est juste d'écrire que l'être ne se pouvant justifier par rien d'autre que par lui-même et que l'idée même d'un dieu créateur, manufacturier serait la ruine de notre liberté puisqu'il ne saurait y avoir plus en nous alors que ce qu'il y aurait mis à l'instar de l'artisan et son coupe-papier, alors, oui, exister c'est s'inventer et donc se donner un sens. Certes, cette nécessité de se donner sens, cette obligation à être libre signe ce qui d'entre nous tous, est universel et permet de nous approcher et entendre comme de nous séparer et battre. Mais c'est aussi ce qui trace le chemin vers le gratuit.

Quelque chose comme un impératif catégorique de l'esthétique : nous efforcer qu'au moins nos actes comme nos pensées aient de la classe !

Cette exigence esthétique est morale et je l'y trouve au moins en trois tensions.

Trois comme le furent les Grâces.

Je le savais mais jamais autant qu'en ces journées parcourues à dénicher belle perspective je ne l'aurai ressenti avec tant d'acuité. On ne se revendique pas catholique - universel - impunément, certes, mais l'acharnement, l'entêtement, à moins que ce ne fût vocation, avec lesquels nos grands prédécesseurs essaimèrent leur espace de lieux consacrés, d'abbayes, d'églises, de chapelles et de monastères, voire seulement de croix aux carrefours, calvaires et autres croix de mission, ne laissent de surprendre et susciter admiration comme question. En tout acte, on peut toujours considérer la part d'ombre : ici l'impérieuse et souvent sourcilleuse hégémonie d'une Eglise s'obstinant à éradiquer toute trace de paganisme dont pourtant elle avait repris maints rituels, s'acharnant à considérer hostile toute expression religieuse qui ne fût pas sienne. On peut aussi, les deux n'étant pas nécessairement incompatibles, y lire geste de reconnaissance et de piété.

Est-il culture qui parvînt aussi parfaitement à colorer l'espace de son histoire ? J'essaie d'imaginer ces femmes et ces hommes qui prirent de leur temps, de leur sueur et de leur sang souvent, pour bâtir ces cathédrales, ces couvents, ces églises à l'ombre desquels ils voulurent vivre, prier et prospérer et ce jusque dans les villages les plus reculés, les vallées les plus encastrées. Sans doute nombreux y furent-ils contraints, certains même durent y trouver avantage mais pourquoi ne pas y déceler aussi foi, reconnaissance, gratitude ? J'imagine mal, même et surtout quand je ne la partage pas, qu'une croyance spirituelle se nourrisse seulement d'un sordide marchandage qui échangeât contre vie heureuse et tranquille quelques signes de servile piété. Ce ne peut être que cela ; ce ne peut avoir été que cela.

Dans ces signes d'autrefois, je sens combien, depuis, nous avons détourné notre regard et cessé de regarder le ciel avec joie et le monde avec espérance ; combien peut-être nous aurons tant désappris le monde et le sens que nous y avions niché, que nous serons devenus incapables d'entretenir, garder et préserver ce jardin qui nous fut confié, de nous réjouir de tant de beauté et de grâce offerte.

Pourtant, c'est bien ici, devant nous, loin des espaces urbains que nous avions cru pouvoir dominer, que s'éploie avec une allégresse et une abondance incroyable cette vie que chantaient autrefois les Charites.

Il n'est pas de mammifère qui ne marque son territoire de ses odeurs ou excréments et sans doute le faisons nous de même, à notre manière. Rousseau avait compris que le premier qui bornant son champ, proclama ceci est à moi, inventa à la fois la société civile, le travail et l'esclavage. C'est en effet un nouvel équilibre qui finira par se révéler désastreux. L'argument est toujours celui de la survie - la sienne et celle des siens - sauf à considérer cet équilibre rompu que nous introduisîmes en considérant qu'il nous fallait non plus seulement nourrir les nôtres mais stocker toujours plus et avoir besoin de l'aide de l'autre pour y parvenir à moindre frais. Nous avons hérissé nos terres de frontières, certes, mais de murs. Bientôt infranchissables.

Considérons soigneusement la nature de nos frontières ! Romulus, certes, traça le sillon, marquant solennellement l'espace sacré de la cité ; mais si la sortie était prohibée, en revanche l'entrée demeurait possible. Le bois d'asile formait comme un sas pour cette cité nouvelle attirant vers elle tous ceux, de quelque extraction qu'ils fussent, qui eurent tout à en espérer. Rome inventait la cité universelle : qui que tu sois, avances, tu seras des nôtres si tu le veux. On ne fonde jamais rien sur rien : Romulus fit ainsi le contraire d'Athènes si entichée de sa noble autochtonie. Les chrétiens firent de même. Quand Rome bien plus tard finit par le comprendre, ensemble ils devinrent invincibles. Les frontières protègent mais sont terrifiantes quand elles ne sont que cela, Elles sont aussi lien et lieu de passage et ne devraient jamais cesser de l'être. Ensemble, ils inventèrent un monde où races et racines, terres et sources, importaient bien moins que chemins et estuaires, qu'engagement et volontés. Qu'ils l'oubliassent trop vite n'efface pas la formidable innovation.

Parsemer l'espace de chapelles, d'églises et de monastères, reconnaissons-le, aura, aussi, été manière bien élégante d'accueillir le voyageur, le prochain, l'autre et de lui offrir asile et hospitalité.

L'œuvre d'art ensuite, évidemment. Faut-il l'expliquer ou s'en justifier. Mauriac a peut-être raison d'imaginer que Proust eût donné sa vie, épuisé en tout cas les dernières ressources, pour faire naître la Recherche. Peindre, écrire, sculpter, danser ou composer ce n'est pas seulement offrir à ses contemporains de quoi se distraire et éprouver plaisir. C'est s'arracher et les arracher, quelques instants certes, mais les en extirper nonobstant, à la logique de la production, de la rentabilité, de l'utilité. C'est rappeler à son public, et à soi-même, pour aujourd'hui et pour toujours, que ce qui importe, certes n'est pas toujours ce qui dure, mais en tout cas ce qui n'est pas utile, n'est le truchement de rien ; est, comme l'être lui-même, ce qui ne se justifie que par soi. C'est inscrire du sens dans les choses à l'instar des choses qui s'aventurent si souvent à nous modeler et contraindre. Ce n'est pas mettre la main sur les choses, les enserrer et étreindre comme le mot concevoir nous le laisserait entendre, ce serait les étouffer car la vie coule, fuit et s'enfuit sitôt qu'elle se croit cernée.

On ne vit pas tant qu'on n'œuvre pas.

L'œuvre commence exactement à ce détour de page où, subitement, le personnage échappe à son auteur et le mène précisément où il n'eût jamais songé seulement à le conduire et où, de lâche il s'avère téméraire ; de ladre, se surprend à quelque générosité et surtout se dévoile si incertain de lui-même qu'il finit enfin par ressembler à la vie. Œuvrer c'est, malgré ces pas, esquissés, ratés puis faits et refaits, endurés et soufferts jusqu'à l'épuisement et le dégoût, qui pourtant feront le jour venu s'envoler les étoiles ; où, devant un public impassible ou étonné, convenu et poliment ennuyé, la danseuse inventera l'essence même de la légèreté avec cette incroyable humilité de lui faire accroire que ce fût presque par hasard, comme par accident. Le peintre sait-il toujours d'avance ce qu'il fait et va représenter ? Le compositeur, certes, connaît et maîtrise toutes les règles de l’harmonie, du rythme, des silences et des variations et pourtant, porté de mots en mots, de couleurs en couleurs, un geste entraînant l'autre, subitement l'insolite, l'espéré, certes, mais l'incroyable pourtant : la lumière qui bouscule les ombres et aiguise les reliefs, le léger déport qui fera rêver, la phrase si miraculeusement musicale. Alors la petite tache d'encre ourlée sur le papier se fait sens, rêve et espérance ; le si discret triolet s'éblouit à vous faire danser et ce déhanché si souvent répété, presque banal, qui vous exhausse.

Car l'œuvre vous augmente : l'auteur comme le public. On ne peut demeurer insensible à l'éclosion du sens. Il n'est pas de plus grande allégresse que devant ce rai de lumière qui pointe l'anodin et le hisse au sublime. Car on ne saura jamais si le signe est offert ou saisi ; qui du monde, de l'auteur, des choses ou de l'esprit a conçu le sens.

Tous, ensemble, sans doute.

L'enfantement enfin. Car au-delà des douleurs de la naissance, des contraintes, de la patience, des hésitations, reste ce qui ne s'expliquera jamais ni par d'improbables instincts ni par le seul désir, cette tension folle et magnifique de la création. La chose ne s'explique que par elle-même et je lui crois de puissants ressorts métaphysiques. Surtout, dans le parcours que l'on se destine à offrir au tout petit, pour lequel on ne dispose ni de recette toute faite ni particulièrement de compétence, où la tentation devra à chaque instant être retenue de vouloir former le nouveau venu et l'exigence sans cesse endurée de lui laisser inventer son propre chemin et ainsi au risque de se retirer trop ou trop peu … se peut-il, mais je ne le croirais pas, qu'on pût trouver acte plus généreux, je veux dire sans contre-partie, qui égale en grandeur inquiète celui-ci ?

Dans le regard étrangement clair de la jeune mère, dans celui souvent sottement fier du jeune père, je lis l'œuvre possible et la réalisation d'une grande promesse. Ici aussi, ici surtout, ici d'abord, l'occasion offerte à tous, sans qu'il soit condition quelconque de compétence, de connaissance ou d'aisance, d'un acte totalement gratuit car il ne saurait d'entre parents et enfant se concevoir marchandage de services rendus et quand même on s'y engageât, par obscène trivialité, il serait irrémédiablement déficitaire. J'y vois plutôt l'offrande à la vie. Quelque chose comme un rituel auquel nous consentons - mais surtout pas ne nous sacrifions - l'hommage secret et exubérant à la vie.

Car l'œuvre exhausse autant l'auteur que le roman, le peintre que le tableau, le musicien que la cantate, l'enfant que la mère.

Il n'est pas tant d'actes que nous puissions produire qui échappent ainsi à l'exigeant et implacable échange marchand où, au mieux, chacun trouve son compte, où le plus souvent l'un ou l'autre, parfois les deux, sont bernés par des passions avaricieuses qui les dépassent. Il n'en est pas tant que cela je n'en connais en réalité que trois. La transmission de la connaissance où je puis offrir tout le savoir que je posséderais sans en perdre pourtant aucun détail ; l'amour que je puis accorder à l'enfant sans que ceci réduise en rien celui éprouvé pour ses sœurs ou frères ; ce pas de danse, cette sculpture, cette cantate ou cet étrange roman qui me plaisent, m'intéressent ou m'émeuvent sans que ceci réduise jamais l'émotion qu'ils susciteront à mon voisin. Jamais je n'épuiserai l'œuvre et, vraisemblablement, son auteur lui-même ne sut jamais tout ce qui s'y nichait, tapi dans l'ombre de l'être. Jamais la mère ne connaîtra ni ne possédera son petit qui, invariablement, fraiera d'insolites chemins tant il est vertu de l'être d'ainsi toujours dévier, fuir, inventer ; surprendre.

Car l'œuvre augmente ! Vous augmente autant que son auteur.

Sans doute fut ce ainsi le bon terme que choisirent les Évangiles en écrivant agapao - ἀγαπάω - plutôt que philein - φιλεῖν - parmi les quatre mots que les grecs utilisèrent pour dire aimer. Inutile d'entrer dans les arguties et controverses théologiques : nous savons tous que, presque depuis les origines, le christianisme s'embarrassa de la grâce ; qu'il ne parvint à la concilier ni avec les œuvres ni avec le libre-arbitre. Sans doute, enfin, la distinction entre les deux verbes n'est-elle pas si rigoureuse dans ce grec tardif qu'utilisent les textes. Il y a néanmoins au moins deux passages où la distinction prend sens - Jn,21,15 et Mt, 22, 37 - qui suggèrent que la relation à Dieu comme à l'autre, gouvernée par agapao est à la fois fondatrice et entière. Elle engage toutes les dimensions de l'être - cœur, âme et pensée - et ne connaît ainsi aucune restriction. Elle est un principe en ce qu'elle conditionne tout le reste - notamment la loi. Au delà de l'inclination forte du christianisme pour le sacrifice dans ce qu'il peut avoir de plus morbide, au point d'en appeler au martyr, je lis surtout, dans la triple question posée à Pierre, je lis comme un malentendu et, peut-être, comme un fossé infranchissable : d'où la tristesse de Pierre quand il ne sera plus question que de philein

Sommes-nous capables de cette gratuité, de nous engager ainsi totalement - cœur, âme et pensée qui sont les termes exacts qu'utilisa Platon pour décrire cette sortie de caverne, douloureuse, éblouissante autant qu'aveuglante - d'atteindre cette étrange paix intérieure résultant de la cohérence enfin approchée d'entre nos tensions, pulsions, inclinations si diverses et si contradictoires ; d'être témoin ou point d'ancrage. D'être, tout simplement ?

D'aller jusqu'au terme de la gratuité et de nous avouer un hasard ?

Elles étaient trois et ensemble, dansaient, chantaient et faisaient la vie s'épandre en pleine lumière. A elles trois, si modeste que fût le culte qu'on leur rendit, elles rappellent combien est grâce infinie, offertoire continûment déversé, cette vie que nous gâchons si souvent, négligeons tant de la croire évidente. Elle ne l'est pas et quand je vois les prés reverdir si rapidement avec les longs mois de sécheresse, je soupçonne cette force incommensurable devant quoi nous devrions non pas nous incliner mais espérer en la servant, prier en œuvrant pour que ce don, s'il l'est de quelque être ou cette puissance anonyme que la combinatoire des atomes aura sécrétée, se régénère et diffuse encore et encore.

Car le secret de la gratuité tient peut-être à ceci qu'elle est débordement constant, porosité entêtée, exubérance et sans doute un peu gaspillage, de cette sorte de désordre qui précisément rend, par exception ou miracle, l'ordre possible mais sans surtout verser jamais dans l'ubris. D'être contradictoire sans jamais être âpre ; accueillant sans jamais être importun ; et demeurer, surtout, sur le chemin, dans la question pour ne jamais avoir à juger ni donner de leçon.

 


Ὅτε οὖν ἠρίστησαν, λέγει τῷ Σίμωνι Πέτρῳ ὁ Ἰησοῦς Σίμων Ἰωάνου, ἀγαπᾷς με πλέον τούτων; λέγει αὐτῷ Ναί, Κύριε, σὺ οἶδας ὅτι φιλῶ σε. λέγει αὐτῷ Βόσκε τὰ ἀρνία μου. 21,15 Lors donc qu'ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre : Simon, fils de Jona, m'aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? Il lui dit : Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. Il lui dit : Pais mes agneaux.
λέγει αὐτῷ πάλιν δεύτερον Σίμων Ἰωάνου, ἀγαπᾷς με; λέγει αὐτῷ Ναί, Κύριε, σὺ οἶδας ὅτι φιλῶ σε. λέγει αὐτῷ Ποίμαινε τὰ προβάτιά μου. 21,16 Il lui dit encore une seconde fois : Simon, fils de Jona, m'aimes-tu ? Il lui dit : Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. Il lui dit : Pais mes brebis.
λέγει αὐτῷ τὸ τρίτον Σίμων Ἰωάνου, φιλεῖς με; ἐλυπήθη ὁ Πέτρος ὅτι εἶπεν αὐτῷ τὸ τρίτον Φιλεῖς με; καὶ εἶπεν αὐτῷ Κύριε, πάντα σὺ οἶδας, σὺ γινώσκεις ὅτι φιλῶ σε. λέγει αὐτῷ Ἰησοῦς Βόσκε τὰ προβάτιά μου. 21,17 Il lui dit pour la troisième fois : Simon, fils de Jona, m'aimes-tu ? Pierre fut attristé de ce qu'il lui avait dit pour la troisième fois : M'aimes-tu ? Et il lui dit : Seigneur, tu sais toutes choses ; tu connais que je t'aime. Jésus lui dit : Pais mes brebis.

 

ὁ δὲ ἔφη αὐτῷ Ἀγαπήσεις κύριον τὸν Θεόν σου ἐν ὅλῃ τῇ καρδίᾳ σου καὶ ἐν ὅλῃ τῇ ψυχῇ σου καὶ ἐν ὅλῃ τῇ διανοίᾳ σου. 22,37 Il lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta pensée.
αὕτη ἐστὶν ἡ μεγάλη καὶ πρώτη ἐντολή. 22,38 C'est là le grand et le premier commandement.
δευτέρα ὁμοία αὐτῇ Ἀγαπήσεις τὸν πλησίον σου ὡς σεαυτόν. 22,39 Un second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
ἐν ταύταις ταῖς δυσὶν ἐντολαῖς ὅλος ὁ νόμος κρέμαται καὶ οἱ προφῆται. 22,40 De ces deux commandements dépend la loi entière, ainsi que les prophètes.

Il me faudra assurément revenir sur ces deux passages qui, selon moi, permettent de dépasser cette idée trop souvent dégoulinante de niaiserie que le chrétien se fait de cet amour auquel on l'appelle où je ne vois pas seulement le dépassement de toute violence et du désir mimétique comme le conçut en son temps R Girard même si je lui consents le dépassement de tout sacrifice ; mais ce dialogue, qui n'est pas nécessairement conflit, à inventer pour qu'il devienne spirale vertueuse, entre cette pesanteur qui nous colle à la peau comme cette obligation d'être au monde, et cette grâce qui nous rappelle comme l'horizon sait le faire qu'il est toujours un ailleurs et un autrement qui nous construit autant qu'il nous appelle.



 

Préambule

Doutes et ambitions

Solidarité

Réciprocité

Pesanteur et grâce

De la connaissance

Aimer et surtout ne jamais haïr

Rester élégant et jamais vulgaire

 

savoir écouter

savoir parler

Qu'est-ce cela : aimer ?

Trois histoires pour commencer

Révélation

histoires d'insoumises

histoires d'abandons

 

élégance   :

l'éloge de la gratuité  

élégance de l'image

images de l'élégance

élégance de la légèreté

pesanteur de la vulgarité

légèreté de l'élégance

de deo : in solido

l'impensable silence

 

bienveillance

humanisme: une affaire d'élégance

du pardon

doute
donner recevoir
ironie
justesse

diableries

diableries suite

qu'est-ce ceci : haïr ?

grâce    
cloisons à éviter
 
goûter le silence

Etre au service tout en restant libre

Nourrir l'amitié jamais l'indifférence

Etre prudent sans rien perdre de sa force d'âme

gratitude

différence  

chercher

liberté : obéir ou servir

écoute  

philosopher : un geste moral

loi

empathie  

prudence plutôt que scepticisme

 

sexualité

sagesse

 

 
entre silence et parole
    devenir

Rester humble et jamais arrogant

Etre généreux et surtout jamais âpre

Rester juste et fuir la démesure

finitude

franchise et sincérité

entre intensité et prudence

moi

foi ou crédulité

mensonge
être source ?
partage
fissure
témoigner
refuser la déchéance
vicariat