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Sagesse des profondeurs

Nous sommes tellement habitués à notre espace, hérité d'Euclide ; avons tant de mal à imaginer qu'il n'est qu'une abstraction, une notion de géométrie ou de physique, si peu désormais de métaphysique . Tellement constitutif de l'expérience que nous avons du monde que nous le réduisons volontiers à un contenant - ce qu'il n'est pas. Tellement convaincus de son homogénéité et que notre âme ne s'altérerait en rien, ni notre individualité ni notre corps selon qu'on se dirigerait à droite plutôt qu'à gauche, se hisserait vers le haut ou plongeraitau contraire dans les entrailles de la terre. Est-ce seulement vrai ?

Or, ce ne fut pas toujours le cas ! Sans même songer à la représentation chinoise où l'organisation de la cité et la répartition des groupes humains répondaient aux tempéraments que les différents points cardinaux imprimaient en eux, souvenons-nous simplement du culte d'Hestia, de ce foyer si profondément ancré dans le sol qu'il formait outre la fierté que les grecs nourrissaient de leur hellénité, le culte rendu à la famille et ainsi à ce qui est au plus intime. Il y faudra du temps pour que la géométrie s'en mêle : lorsqu'elle le fera, philosophie et politique deviendront possibles. Plus tard, l'espace médiéval, quant à lui, se simplifira, presque exagérément, à deux dimensions seulement mais demeurera qualifié de manière très binaire : en haut, lumière, beauté, bonté, divin et salut ; en bas, le mal, la damnation, la souffrance et le désespoir. Justifiant une féodalité on ne peut plus hiérarchique, pyramidale ; inégalitaire.

Il y a, pourtant, des exceptions : chercher dans les profondeurs c'est aussi remonter dans le temps, dans celui des origines que l'affairement des hommes autant que les turbulences de la nature finissent toujours par recouvrir. Ceux qui prélèvent des carottes dans les glaces de l'Arctique ou de l'Antarctique le font bien pour retrouver quelques informations atmosphériques antérieures : creuser revient à remonter dans le temps. Ceux de nos astronomes qui projettent au plus loin possible de gigantesques télescopes ne le font-ils pas pour retrouver, avec moindres parasites, quelques images des confins certes mais des débuts, surtout, de l'univers ? qu'on le regarde de loin, très loin ou de près le monde surprend toujours mais à mieux considérer, l'espace cache le temps. Qui forment ensemble formes sublimes de notre impuissance. Le silence infini n'effraie pas seulement Pascal de ramener ainsi l'homme à sa si modeste condition car l'enthousiasme encore plus de lui faire entrevoir les portes de l'infini, de lui faire croire commencer de les comprendre. J'aime tout autant que l'on nomme ainsi archéologues ceux qui, de leurs pelles, mais pinceaux parfois, délicatement excavent de la terre, poussière accumulées, vestiges d'antiques civilisations, restes parfois si abîmés de monuments, de poteries, mais d'ossements encore, de ces traces bientôt effacées d'un passé que dans notre mépris sidéral nous imaginions barbare ou primitif ; qui ne l'était pas. Eux également suggèrent que ces commencements - Ἐν ἀρχῇ - esquissaient sans doute aussi d'originaires commandements ou vibraient du lointain écho d'une Parole troublante.

Je cherchais ce qui de moral constituait l'acte de la philosophie, voici : rien de ce qui constitue l'être, ni le monde ni nous-mêmes, n'est évident, simple ou spontané ! Mais répond à une impulsion, je veux dire à une injonction délicatement tonitruante. Oh, bien sûr, ce que Ἐν ἀρχῇ dit, relève du mythe, d'une légende, rapportée de loin en loin par d'antiques textes écrits par on ne sait qui et n'a absolument rien ni de rationnel ni de scientifique, mais quoi ? qui a jamais prétendu que les sciences eussent réponse à tout ni qu'il n'y eût rien au monde que le rationnel ? qui arguera qu'il y fallût plus d'audacieuses extrapolations que pour le mur de Planck qui, après tout, trace seulement la ligne en deçà de laquelle rien de ce que nous savons ne permet plus de rien connaître.

Cette ligne, franchissons-là ! non pour rien affirmer péremptoirement ; seulement pour dessiner des contours.

Creusons donc !

Qu'importe la cathédrale ! Celle-ci, qui m'est chère non seulement parce qu'elle a accompagné mes regards d'enfants - mais puisque je cherche traces des origines, celles-ci en valent bien d'autres - mais pour l'ensemble des histoires qui l'accompagnent et que j'entendis tôt, très tôt, c'est-à-dire toujours.

On n'a pas tort de rappeler qu'un monument consiste précisément à regarder vers l'avenir en même temps qu'à honorer le passé ; mais de regarder en avant comme en arrière ne dispense jamais de lever les yeux vers le ciel non plus que de fouailler la terre. Strasbourg est fière de sa cathédrale dont la flèche fut quelques temps la plus haute mais, à l'autre bout de la ligne, tant de légendes portent sur les fondations.

Il n'y a jamais de débuts - il ne s'en peut avoir. Nous savons les grands initiateurs souvent surgir de l'eau ou d'origines incertaines ; nous savons les principes ne se justifier que par eux-mêmes - les nommer axiomes ne change rien à l'affaire - et les grands commencements demeurer incompréhensibles - les nommer antinomies de la raison ne consolera en rien. A cet égard, à l'instar de Moïse, nous baissons les yeux car cette lumière-là, Dieu, le soleil et la mort ne se peuvent décidément regarder en face.

Cette cathédrale qui allait devenir l'un des prototypes du gothique n'en avait pourtant pas initialement le destin, puisque la première cathédrale, celle que l'on nomme othonienne, commencée dès 1015, sous l'impulsion de Werner de Habsbourg était évidemment romane et fut destinée à remplacer une cathédrale plus ancienne encore dont il se dit parfois qu'elle fut construite sous l'égide de l'évêque Remi, celui-là même qui avait baptisé Clovis, et à l'initiative de ce dernier. Une cathédrale, racontent quelques chroniques, qui était en bois. Mais cette cathédrale n'était sans doute pas le premier édifice religieux car dans l'esprit même de ce qu'avait énoncé St Augustin - On ne détruit pas les temples ; on ne brise pas les idoles ; on n’abat pas les bois sacrés ; on fait mieux : on les bénit et les consacre à Jésus Christ.- elle ne fit vraisemblablement que succéder à quelque petite chapelle bâtie à la hâte mais avec ferveur par les premiers chrétiens de la région, et à d'autres temples, encore, romains, mais auparavant, celtes. Païens, en tout cas, au sens où on entendait alors ce mot.

Que des rituels druidiques s'y déroulassent, on peut aisément l'imaginer qui nous fascinent autant qu'inquiètent pour les incantations aux forces terribles de la guerre, de la foudre ou du tonnerre ; ce qui nous est plus difficile n'est pas plus que d'incroyables divinités dont le nom même s'est perdu, vécussent en ces forêts si épaisses que nul, hormis pour les honorer, n'osait s'y aventurer tant ombres, bruissement continu des feuillages affolés, étoiles scintillant avec peine à travers le rempart serré et méfiant des arbres se dressant comme bouclier devant ennemi, y orchestraient espace si sacré que même en dévoiler l'existence vous allait déjà perdre ; non, ce qui nous est difficile reste d'imaginer que ceci pût se passer ici, en cet endroit qui, aujourd'hui, au centre même d'une métropole urbaine dense, laissant tellement peu de place à la verdure, bruisse de l'agitation modernee et de l'empressement des touristes !

Là, en tout cas, se dressaient trois hêtres dont la force et la majesté n'avait d'égale que celles des dieux dont ils gardaient le temple sacré. On le voit, il faut bien peu pour retrouver les touffeurs antiques et les grandes peurs médiévales - creuser un peu, tout simplement.

Creusons encore car il se dit que ces lieux, sacrés depuis toujours, surplombent bien plus mystérieux encore …

Car, à côté même de ces trois hêtres jaillissait une source, sacrée elle aussi, où des officiants païens, dit-on, des druides sans doute, purifiaient les offrandes qu'ils sacrifiaient au dieu de la guerre. Saint Remi, conscient de la puissance évocatrice de cette source, aurait résolu de s'en servir désormais pour les baptêmes - ce qui érevint à purifier deux fois une eau autrefois souillée par des sacrifices odieux. Lorsque Clovis fit édifier cette toute première cathédrale, au lieu même de ce bosquet sacré, la fontaine antique fut incluse à l'intérieur même de l'édifice. La légende veut que pendant des siècles, en réalité jusqu'à l'installation de la Réforme et la consécration de la cathédrale à la religion réformée qui y mit un terme, tous les enfants de la région, pas même seulement ceux nés à Strasbourg, fussent baptisés avec l'eau de cette source qu'on nomma pour cette raison Fontaine aux enfants - Kindelsbronnen.

Le puits était situé juste devant le pilier principal, près du mur de l’église, quand on entre dans le côté sud par le portail latéral de la cabane du tailleur de pierre. Il semblerait bien que ce puits existât : témoignages et même cette gravure d'I. Brunn (1630) l'attestent. On le boucha à la fois parce qu'il gênait les processions et qu'un soldat s'y serait même noyé de s'être trop penché !

Creusons encore plus profond !

Il n'est pas un strasbourgeois qui ne sache, ou feigne de le croire, que la cathédrale avait été construite au-dessus d'un lac souterrain et que pour lui donner quelque assise, on l'eût bâtie sur des pilotis. La voûte couvrant ce lac serait à ce point sonore que les bruits qu'on en perçoit, qui ressemblent plus à des cris de suppliciés, des pleurs de désespérés qu'à des chants d'allégresse eût fait reculer plus d'un, même parmi les plus aguerris et téméraires. Et l'espace ainsi dessiné, si vaste, qu'on y pouvait circuler sinon en bateau, en tout cas en barque. Pour y accéder, un souterrain dont l'entrée se trouverait dans la cave d'une maison située en face de la cathédrale, à côté de la pharmacie Au Cerf où habitaient jadis un barbier du nom de Gessler et un autre du nom de Moïse (leurs noms sont peints sur la maison). Un passage y existait, fermé par une porte. L'ouvrir revenait à être giflé par un vent si fort qu'il en éteignait toutes les lanternes. De nombreux aventuriers - à moins que ce ne fussent de fieffés affabulateurs - tentèrent de sonder la profondeur de la grotte ; nul n'y parvint. Tous reculant d'effroi à endurer ces bourrasques glaciales ; à trembler devant ces cris stridents. D'aucuns prétendirent même que lorsque le niveau du lac était élevé, s'en échappaient serpents, orvets, crapauds et autres vermines sataniques ! On finit par vouloir murer l'entrée et le conseil municipal mandata même un maçon pour y entreprendre tout travail qui en interdirait définitivement l'entrée. Mais après enquête, tous furent pourtant d'avis qu'aucune réalité ne correspondait à cette histoire.

L'histoire n'en est pas finie pour autant ! Un peu plus tard, à une date qu'évidemment la légende ne précise pas, mais qui se situe vers la fin du XIXe siècle, deux compagnons décidèrent de reprendre l'exploration ayant cru qu'au fond du souterrain reposait, depuis des temps immémoriaux mais liés aux conquêtes romaines d'après eux, un trésor inestimable qui leur assurerait à tous deux destin envié, pouvoir, bonheur et conquêtes … Quel jeune homme eût résisté à ceci ? Et quel diable a-t-il bien pu leur en inspirer la conviction ?

Ils enfoncèrent donc la porte qui avait été murée, se glissèrent dans le souterrain et avancèrent assez rapidement, peu gênés par le vent grâce aux lampes-tempêtes dont ils s'étaient munis. Ils accédèrent enfin, après une marche malaisée tant le terrain était chaotique et instable, au bord de ce lac presque totalement enrobé par une voûte qui ressemblait à s'y méprendre à celle d'une cathédrale comme s'il avait fallu ici reproduire ce qui s'était édifié là-haut … à moins que ce ne fût l'inverse. Sur le lac, une barque glissait sur l'eau, sans bruit, sans nul clapotis ; dans l'esquif des êtres étranges, blafards ; ils crurent à des fantômes d'autant que la barque se dirigea vers eux et que les esprits, assurément malfaisants, commencèrent à émettre des cris stridents, des sifflements suraigus. Tremblants comme on ne l'est jamais, apeurés d'une crainte inconnue jusqu’alors et qu'ils n'oublièrent jamais, ils s'enfuirent aussi rapidement qu'ils le purent ; refermèrent la brèche qu'ils avaient percée … et se turent leur vie durant, non tant par méfiance que personne ne les crût que par certitude qu'évoquer seulement ces esprits malfaisants, les feraient remonter à la surface. L'un d'eux, longtemps après, finit par en parler sur son lit de mort.

Comment y croire ? La demeure de Dieu surplombant l'Enfer !

Pourtant … il est des nuits où, sur le parvis de la Cathédrale ou tout à côté, près du Palais Rohan, remontent du sol des bruits inquiétants, des plaintes et des cris.

Il est pourtant une autre version de la même histoire, plus tardive assurément, mais soulignant combien la sagesse populaire - si c'est une sagesse - la croyance populaire - si c'est une croyance et non pas simplement l'illustre propension que nous avons tous à combler vides, blancs et silences parce que ce sont précisément eux qui nous apeurent le plus.

Au lieu de monstres tout droit surgis des enfers ou d'esprits malfaisants à la solde du diable, le lac abriterait plutôt les âmes pures d'enfants en attente de famille pour naître. La barque au lieu d'être esquif sombre, serait au contraire argentée et conduite par un gnome qui d'une main dirigerait l'embarcation et de l'autre pêcherait avec son filet d'or les âmes en attente. A chaque fois qu'il eut saisi un enfant, le gnome se faufilerait dans le puits qui débouche non loin à l'extérieur où l'attend une cigogne chargée de livrer l'enfant à une mère en ayant fait la demande. La légende veut que les mères dussent déposer quelques morceaux de sucre sur le rebord de la fenêtre tant pour récompenser le volatile que pour lui indiquer la bonne adresse où confier la jeune âme.

Cette histoire, plutôt tardive, est bien alsacienne mais tient sans doute sa propagation aux guerres qui agitèrent la région. Si la cigogne élit aisément domicile en Alsace, elle eut toujours solide réputation de messagère dans la culture allemande, chargée notamment par la déesse Holda de faciliter la réincarnation des âmes défuntes. Par ailleurs, elle fait partie de ces rares espèces qui prennent soin de leurs ascendants plutôt que de les abandonner ce qui, dans la Grèce antique lui valut respect et dévotion. Néanmoins, ne serait-ce que par le culte de la province perdue et la représentation qu'Hansi en offrit, il est vraisemblable que la légende, cantonnée d'abord en Alsace, se répandit rapidement d'autant que l'animal était plutôt rare ailleurs.

Eussent ces histoires été des fables à la mode de J de La Fontaine nous en attendrions une moralité … En voici quatre


Psychologie, délire ou délices des profondeurs ?

Je crois n'aimer rien tant que ces mixtures habiles d'entre imaginaire et réalité car, bien sûr, en chacune de ces choses à lire - legenda - se débat une ultime et fragile rémanence de vrai, enrobée, comme on le ferait d'une pâtisserie, d'un florilège trop sucré de rêves et désirs contrariés. Il serait inutile, ici comme ailleurs, de vouloir démêler le vrai du faux : ce ne convaincrait personne ni d'un côté ni de l'autre et n'expliquerait en rien ni la fortune charmante ni l'efficacité étonnante de ces récits. J'entends encore ma mère me raconter le lac sous la cathédrale ou ma grand-mère relater ces travaux herculéens auxquels enfant elle assista par quoi on dégagea les pilotis et y injecta du béton afin qu'ils résistent au pourrissement et ne fasse pas s’effondrer toute la cathédrale dont la flèche déjà se balançait dangereusement de gauche et de droite en des mouvements de plus en plus amples. Y crurent-elles ? ou surent-elles seulement se revêtir habilement de cette autorité, toute de gravité et componction entremêlée, qui assurément impressionnerait l'enfant que j'étais ? Ce dut bien être assez efficace pour que soixante ans plus tard je m'en souvienne encore et éprouve l'envie de le raconter à mon tour.

Sans doute - c'est la première leçon que j'en tirerai - F Jacob avait-il eu raison de rappeler que le point commun entre mythe et théorie scientifique était de toujours expliquer ce qu'on voit par ce qu'on ne voit pas et que si le propre d'une théorie scientifique est d'être amendable ou réfutable, le mythe en revanche, lui, ne supportait aucune critique, aucune correction fût-elle minime. Pour autant, toujours la même insatisfaction, le même refus qui nous constituent et nous font vouloir chercher toujours plus loin, haut ou ailleurs. Je crains bien que Freud n'eût tord de vouloir tout ramener aux circonlocutions d'une libido cherchant à contourner l'obstacle du réel et de la frustration : nous ne tenons peut-être pas tant que cela au réel non plus qu'à la vérité mais seulement à la mise en scène sinon de notre puissance en tout cas de notre volonté de l'être ! puissant ? moins faible ? autrement qu'homme ?

Sans doute - et c'est la seconde leçon que j'en tirerai - sommes-nous toujours terriblement ambivalents - duplices ? - devant ces profondeurs qui à la fois nous intriguent, fascinent mais terrorisent. A notre façon, nous aussi sommes des Crétois qui mentons toujours et jamais, sans même être capables de le discerner. Nous ne supportons pas la morne tranquillité de la béatitude mais ne savons pourtant canaliser ces angoisses qui nous enserrent en des chemins toujours plus étroits et sombres.

Etudier une question c'est l'approfondir ; nul ne serait sérieux s'il n'allait au fond des choses. Et ce serait désinvolture, manque de sérieux, négligence ou duperie que d'être superficiel, c'est-à-dire d'en demeurer à la surface. Apparence v/s réalité ; devenir v/s être ; erreur v/s vérité : nous ne sortons jamais de ces couples antagonistes. Il doit bien y avoir, toujours, un contenu caché, latent à ces récits trop proprets que l'apparence nous présente ! Cette profondeur qu'il faudrait atteindre, cette gravité dont elle est synonyme, ressemble-t-elle à ce lac infernal où s'engluerait le diable en personne et ses affidés, ou bien plutôt à cette eau limpide où patiente la vie prompte à éclore, ne demandant qu'à être cueillie ? Quelque soit cette profondeur, nous n'y croyons jamais véritablement et persisterons toujours à inventer un sens humain à tout ceci , quitte à envisager qu'un étage supplémentaire se nichât encore plus bas … telle est la troisième leçon. Qui vaut bien les Carceri de Piranèse … ( ses planches)

Voici enfin la quatrième leçon : la seule qui m'importe … au fond ! Toi qui parles, écris, harangues, affirmes ou invectives, de quel côté t'es-tu assis ? Je veux dire ; quel versant caches-tu ? Je ne sais finalement qui des deux a raison : celui qui plaide pour la légèreté ou celui qui contrefait la profondeur ni laquelle des deux est la plus insoutenable. Mais ce dont je suis certain est que nous ne pouvons plaider l'une sans camoufler l'autre. Sommes-nous de ceux qui creusent ou de ceux qui s'extirpent et fondent ? Je ne connais pour ma part que le chemin. C'est pour cela que j'aime ces textes à lire : non pour ce qu'ils disent, pas même pour ce qu'il veulent dire ; pour l'obligation où ils nous mettent d'être en chemin. Cette inquiétante étrangeté, cette sombre rémanence qui nous fait nous inquiéter même de nous-mêmes : oui, tel est le moteur de nos interrogations. Nos systèmes de pensée brillent et s'érigent comme fières cathédrales … mais sur quel lac, ténébreux et mortifère ? Je ne sais d'entre ombre et lumière qui fait l'autre, je sais seulement qu'elles sont inséparables.

 

Préambule

Doutes et ambitions

Solidarité

Réciprocité

Pesanteur et grâce

De la connaissance

Aimer et surtout ne jamais haïr

Rester élégant et jamais vulgaire

 

savoir écouter

savoir parler

Qu'est-ce cela : aimer ?

Trois histoires pour commencer

Révélation

histoires d'insoumises

histoires d'abandons

 

élégance   :

l'éloge de la gratuité  

élégance de l'image

images de l'élégance

élégance de la légèreté

pesanteur de la vulgarité

légèreté de l'élégance

de deo : in solido

l'impensable silence

 

bienveillance

humanisme: une affaire d'élégance

du pardon

doute
donner recevoir
ironie
justesse

diableries

diableries suite

qu'est-ce ceci : haïr ?

grâce    
cloisons à éviter
 
goûter le silence

Etre au service tout en restant libre

Nourrir l'amitié jamais l'indifférence

Etre prudent sans rien perdre de sa force d'âme

gratitude

différence  

chercher

liberté : obéir ou servir

écoute  

philosopher : un geste moral

loi

empathie  

prudence plutôt que scepticisme

 

sexualité

sagesse

 

 
entre silence et parole
    devenir

Rester humble et jamais arrogant

Etre généreux et surtout jamais âpre

Rester juste et fuir la démesure

finitude

franchise et sincérité

entre intensité et prudence

moi

foi ou crédulité

mensonge
être source ?
partage
fissure
témoigner
refuser la déchéance
vicariat

 

 

 


1) on en trouvera le récit ici  

2) lire