index

 

Curieux livre que celui-ci que j'entreprends pour les miens, mes filles, mes petits-enfants, qui, néanmoins, va fouailler dans les entrailles de ces origines pourtant impossibles à excaver. Si rétives à se donner. C'est un livre rêvé parce que nul être tenant une plume ne pourra jamais ambitionner d'en écrire d'autre. Brosser un paysage intérieur qui s'étire des origines à la fin … juste avant que la main ne cède. C'est simplement écrire - décrire et raconter mais surtout pas expliquer - l'étoffe dont on se déchire ; le tissu qui nous relie au monde. Rien d'exemplaire ici ; juste de tout petits exemples. Mais la joie intense de faire revivre deux êtres à qui je dois tout et qui, encore, me font trouver la vie belle. Ecrire un tel livre c'est seulement laisser l'âme glisser le long des berges

1- rendre grâce II- bredouillements III- Absence IV-Présences V- Présence absolue VI- nombre du mouvement VII- terres et chemins VIII- grâces IX- de l'amour X- ne pas pleurer
A) Ce qui silencieusement se transmet B) La musique :
le chuchotis de l'être
être d'un instant, d'une musique être libre C) La vue paysages qui fuient D) Le toucher intimité des tissus qui se froissent frôlements du silence E) Le goût
du goût


avoir du goût

F) L'dodorat
XI-transmettre XII- de l'humilité XIII - de la pudeur XIV - écarter la violence XV de la gratitude XVI de la fidélité XVII - de la tolérance XVIII- de l'honnêteté XIX - de l'humour XX- de la tempérance

 

Comme des enfants …

En cette heure-là, les disciples s'approchèrent de Jésus et dirent : Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux ?
Et ayant appelé un petit enfant, il le plaça au milieu d'eux,
et dit : En vérité, je vous dis que si vous ne vous convertissez et ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux.
Quiconque donc se rendra humble comme ce petit enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des cieux.
Et qui recevra un seul petit enfant comme celui-ci en mon nom, me reçoit. Mt, 18,1-4

Qui ne connaît cette exhortation à redevenir comme des enfants ? Mais combien l'on oublie qu'elle est toujours associée à l'humilité. Etrange valeur que celle-ci pouvant, si l'on en croit la langue grecque comme latine, confiner à la vertu absolue ou frôler la malignité perverse. Est-il violence plus insidieuse que l'humiliation ? Est-il homme qui ne garde blessure toujours suintante d'une telle épreuve, tue par honte et qu'il ne confesserait sous peine de déchoir de l'estime fragile qu'il se préserve encore ?

Le terme, comme celui d'homme d'ailleurs, vient d'humus, la terre, pour désigner ce qui appartient ou est près du sol et donc bas ; et au sens figuré, qui est obscur, faible; modeste, conscient de sa faiblesse. Le grec ταπεινός dit la même chose avec cet étonnant spectre qui va de la modestie de celui qui, contrairement au snob, ne se fait pas paraître pour plus qu'il n'est, mais ne vise pas non plus à meilleure condition, d'un côté, à la méchanceté qui rabaisse l'autre, le réduit à rien, à terre !

Les textes bibliques depuis la Genèse insistent sur cette origine, à proprement parler terre-à-terre, de l'homme au point que même le nom du premier d'entre eux - Adam - en portât trace et signification.

On est très loin dès lors de la légende aimable d'un jeune enfant innocent, étranger au mal, incapable même de seulement le comprendre et dont la candeur serait synonyme à elle seule de pureté qu'en grandissant l'homme viendrait à perdre.

Je demeure fasciné par le souci que certaines cultures, plus que d'autres, peuvent nourrir pour l'enfant qu'elles n'entrevoient pas exclusivement comme promesse d'avenir ou occasion de traces. Mais comme dignité à chérir autant qu'à préserver. L'Occident n'a longtemps rien entendu à l'enfant où elle ne considéra qu'un petit adulte pas encore tout-à-fait sorti de l'animalité. Freud nous a fait avancer. L'entendons-nous mieux pour autant désormais ? Je suis loin d'en être persuadé …

Que peut bien vouloir dire pour nous redevenir comme des enfants ?

Serait-ce que nous aurions fait fausse route ? qu'il nous faille rebrousser chemin ? Que tous ces efforts que, parents, vous avez fournis pour nous sortir de notre délicieuse naïveté, pour nous dessiller les yeux comme l'écrit la Genèse, fussent non seulement vains mais fallacieux ? Que toute cette comédie que l'on nomme culture ou société ne fût qu'aimable plaisanterie ou tragique méprise ? Nous serions-nous perdus dans les délices si affriolantes du siècle ? Quel mystérieux secret aurions-nous perdu ? De quelle terre avons-nous été chassés pour ainsi nous révéler miséreux apatrides de l’Être ?

Je ne suis pas certain que ceci puisse avoir sens et suis au contraire convaincu que vous nous apprîtes le contraire. Je sais seulement que, grandi, j'aurai perdu, non pas des illusions, mais des certitudes : celles que le monde était simple ; que le bien était reconnaissable et le vrai également à qui voulait bien regarder scrupuleusement ; qu'il n'était pas difficile mais tout-à-fait à notre portée d'être à la hauteur … Les savoirs enchâssés, les subtiles ratiocinations, méthodes et problématiques eurent beau être brillants, ils auront plus ôté qu'enrichi ; plus appauvri qu'étoffé la foi en l'être. Et le vrai ne se dévoile plus de lui-même se drapant insidieusement d'ombres. Et la malignité se drape à l'occasion de si belle vertu que c'en devient désespérant.

Comme si grandir revenait à rebâtir ce qui fut miné ; retrouver ce qui fut perdu. Faire entrer les rêves dans les arcanes rugueuses du temps.

Dois-je y voir un sens mais c'est à l'humilité que je pense d'abord quand je récapitule ce que vous nous avez transmis. En tout cas à l'alerte contre les méfaits de la vanité et de l'orgueil.

Valeur chrétienne par excellence mais hébraïque tout autant. Biblique, donc. Il n'est qu'à envisager son antonyme pour le saisir. Qu'est-il de plus intempestif, mais de vulgaire tout autant que l'orgueil - ce que le latin nomme la superbe ? Se placer au plus haut, s'estimer plus grand que les autres mais donc aussi n outrance de ce que l'on est véritablement. Péché capital aux yeux du christianisme en ceci qu'il serait une de ces fautes qui entraînerait toutes les autres par un enchaînement aussi inéluctable que satanique, l'orgueil l'est d'autant plus qu'il suppose présence, assentiment ou soumission de l'autre. Suppose donc un rapport de forces car qui, sinon contraint ou séduit par quelque obscur subterfuge, accepterait ainsi de se placer en-dessous de l'autre, donc de se soumettre, sans condition ou contrepartie ou sans y avoir d'autre alternative ?

Valeur métaphysique, l'humilité signe la distance subsistant irrémédiablement entre le divin et l'humain - distance qui n'est pas muraille mais qui interdit à ce dernier, contrairement à tout rituel païen, de s'ériger indûment au degré suprême. Ce qui échoit à l'homme, gardien de la création, est sinon de l'embellir, s'il s'en croit capable, au moins de ne pas la souiller et ainsi, de suivre en tout lieu et moment, scrupuleusement la volonté du Créateur. D'observer ainsi les commandements.

Il n'est pas pire faute que de se proclamer divin. Ici réside le blasphème. Ici le début de l'idolâtrie. Car s'exhausser ainsi c'est rabaisser le divin. Se mettre ainsi en avant, au dessus de tous et tout est autre manière de détruire le monde ; d'ériger tour à sa propre gloire. Il n'est de guerre qui ne s'enclencha ainsi.

Maman, ce n'est évidemment pas ainsi que tu m'en parlas. Tu n'avais pas prétention à nous faire esquisses de théologie. Tu t'en es toujours gardée - par humilité ? - pourtant il ne s'agissait de rien d'autre. Rien ne t'aurait plus choquée que l'expression utilisée par Cohen : tu ne te connaissais qu'un maître et ce n'était pas ton époux. Profondément croyante sans être véritablement pieuse, tu entendais ta vie comme un service et rien ne t'aurait plus étonné que de découvrir que service et servile ont même origine : l'esclave latin. Un service pour toi fabuleusement uniforme puisque c'était tout, d'un seul tenant, que de servir Dieu, d'assumer tes rôles de mère et d'épouse et de te réaliser fièrement en évitant soigneusement les manquements les plus graves aux commandements.

Jamais autant qu'aujourd'hui, en écrivant ces lignes, je n'aurai mieux mesuré le dilemme, à nous imposé, de nous réaliser, d'être quelqu'un, un individu, donc, sans cependant enfler telle ridicule baudruche ; de nous affirmer en même temps que nier. Où je retrouve quelque chose de la juste mesure des grecs, mais de leur si grande crainte de la démesure.

Je t'entends encore me dire combien seules importaient conscience, attention et précaution que je pouvais mettre à mon ouvrage et que je ne devais rien en attendre, ni reconnaissance, ni gloire ni fierté qui me feraient tout perdre. Je t'entends encore me rappeler combien trompeuses étaient les délices matérielles et exigeantes les invocations de l'esprit. Ne cherche jamais l'effet ; ne cherche pas à faire joli ; toi qui te veux penseur, cherche le juste et réjouis-toi si parfois tu en entraperçois les ultimes contreforts. Seul compte le message et si peu le messager. Quelle amoureuse s'enquiert du facteur ? seule prévaut la missive et ce qui s’y confie.

Quoi tu veux faire œuvre de philosophie ? t'imagines-tu pouvoir un jour t'interposer entre moi et l’Être avec ton improbable jargon ? et pour me dire quoi ? Ce que je dois faire ou penser ? Ne cherches-tu pas ta propre gloire plutôt qu'à te mettre au service du vrai ?

Épouvantable, mais si juste, invective qui me fit si longtemps retenir ma plume de peur de dévier ; de me perdre.

Pour ce qui est du poète nous savons qu’il se donna la mort au sortir du palais ; du Roi nous savons qu’il est aujourd’hui un mendiant parcourant les routes de cette Irlande qui fut son royaume, et qu’il n’a jamais redit le poème. Borgès

Je sais aujourd'hui pourquoi, à la troisième version de son texte, après avoir reçu masque et miroir, le poète, tout hésitant, disparut tout de suite après avoir prononcé l'unique mot de son poème et que le Roi son commanditaire se fit mendiant. Nous ne pourrons jamais que prolonger les ultimes échos de la parole originaire et, tremblants, nous mettre à l'abri à l'ombre de son tonitruant éclat. Nous pouvons à l'occasion porter une parole qui n'est pas de nous ; transmettre des forces que nous n'avons pas inventées, révéler des savoirs enfouis ; jamais nous ne pouvons, ne devons en usurper l'origine. D'écho en écho, de ressac en ressac, nous pouvons redessiner les contours de la création, en imiter la ferveur : nous ne ferons jamais mieux qu'imiter. De n'être qu'image de l'être. Je sais pourquoi l'artiste doit disparaître sous son œuvre - ne serait ce que pour lui donner sa chances et s'épargner les vaines idolâtries. Je devine pourquoi Yourcenar, sa vie durant, n'écrivit qu'un seul texte, remettant sans cesse le rabot sur la planche, ciselant, à proprement parler, son texte, coupant ici, recollant là : elle cherchait le mot juste ; la phrase sonore suffisamment, légère à point sans qu'un mot de trop, un souffle inutile ne puisse l'alourdir.

«Chemaya et Abtalion reçurent d’eux la tradition. Chemaya disait: ‘Aime le travail, hais les honneurs et ne te fais pas connaître du pouvoir.’ » (Chapitre 1, Michna 10)

Je comprends mieux le précepte repris par Maïmonide visant à s'éloigner de tout ce qui semble briller et importer au siècle. Tout ce qui brille n'est pas de l'or mais justement argent et argument participent ensemble du même souci de faire beau ou élégant. La parure bientôt prend le pas sur tout le reste et n'importe bientôt plus que le clinquant. Folle démesure de qui écrit, peint, compose ou seulement parle : qu'il veuille laisser trace et il fera toujours trop ; qu'il vise seulement le juste et il cisèlera tant son propos qu'à la fin, il risque de n'avoir jamais rien prononcé.

Vous vous intéressiez à la politique pourtant ; tous les deux ! mais y crûtes-vous véritablement autrement que comme le spectacle pas toujours réjouissant d'une comédie humaine rarement reluisante ? Vous étiez de gauche, sans conteste, mais vous vous tîntes toujours très éloignés de toute responsabilité, de tout ce qui pouvait ressembler au pouvoir ; de tout ce qui aurait pu vous détourner de l'essentiel. Et, quand à l'occasion d'une assemblée de l'association à laquelle vous aurez donné temps, patience et énergie, vous fûtes mis en minorité, vous ne vous battîtes point. Vous avez fait silence et vous serez éloignés.

Rien ne justifie l'animosité d'un combat encore moins s'il n'a lieu que pour flatter un ego blessé.

Est-ce de vous que je tiens cette épouvantable gêne, cette irrésistible envie de me soustraire sitôt que, par mégarde, on me place dans le monde et dans le sinistre carrousel des vanités bafouées ?

Pour toi, pour vous deux, le service tenait en de petites choses ; en de petits gestes ; rarement en de glorieuses prouesses pour lesquelles de toute manière vous vous seriez sentis impropres. Il n’y a pas de petites choses, disais-tu ; tout est important. Ce qui compte c'est l'esprit avec lequel tu les fais. L'humilité ce n'était pas seulement d'acquiescer aux tâches quotidiennes, modestes et parfois bien peu enviables. C'est, je l'ai appris de vous, savoir que même le noble s'orchestre dans le tour du potier, dans ce geste imperceptible qui n'a l'air de rien ; qui fait tout.

Je m'amuse, avec tout mon inutile savoir, à redécouvrir dans les propos de ma mère, d'antiques problématiques philosophiques. On peut appeler ceci conséquentialisme, éthique déontologique ou encore éthique de la vertu … qu'importe finalement. Maman, tu n'avais pas lu Kant mais tu le savais : seule compte l'intention. Le geste fatalement nous échappera ; aujourd'hui, demain. L'intention seule est nôtre, que nous portons, qui colore le geste et le rend digne quoiqu'il arrive ; ou sale.

Des couvertures comme celles-ci, la discothèque de papa en était bien trop riche. Tu n'as jamais rien objecté mais combien t'entendis-je soupirer que, décidément, ce Karajan, qui n'avait rien renié de son passé trouble, qui décidément était, comme tous ces prussiens, trop imbu de sa race, de son rang, de son talent, bref de lui-même, pour ne pas tout saccager malgré ses grands airs d'aryen inspiré. Maman n'a jamais voulu entrer dans ces byzantines explications que papa lui opposait pour justifier son goût pour le grand chef d'orchestre : un talent, malgré tout, incontestable ; elle n'en voulut simplement rien savoir. Rien ne vaut quand on se met ainsi en avant … jugement sans appel.

Elle ne l'a jamais lu mais sans doute, malgré son indéfectible snobisme, aurait-elle aimé l'idée d'un Proust sacrifiant tout à son œuvre … jusqu'à sa vie ; aurait-elle aimé ce Bergotte qui, juste avant de mourir, eût réalisé que ses livres étaient trop secs et découvrait dans un détail de la vue de Delft de Vermeer ce grand secret de la création qui lui avait toujours échappé.

Elle n'y aura sans doute jamais pensé mais sans doute eût-elle nourri quelque méfiance à l'égard de ce Diogène qui contrefaisait le sage au milieu des détritus de la place. Il y avait de la mise en scène chez cet homme-là qui n'eût sans doute guère apprécié que personne ne le vît, ni ne s'offusquât de sa saleté ; qui vraisemblablement se sera posté à cet endroit, certain qu'un jour, il y pourrait provoquer Alexandre qui ne manquerait pas de passer par là.

On s'est beaucoup moqué de cette austérité de piétiste que Kant aura manifesté dans sa métaphysique des mœurs : mains propres mais pas de main aurait écrit Péguy qui pourtant en matière d'absolu s'y entendait. Mais, en réalité, entre l'interrogation critique d'un Kant, cherchant au delà de ce qui est possible un fondement solide alors même qu'il le savait inaccessible, et l'évidence apparemment candide de ma mère, il y avait plus d'un rapprochement.

L'enfant ne s'écrit-il pas spontanément jl'ai pas fait exprès ?

Quel parent pourrait ignorer ceci ?

Sans doute ne faisons-nous jamais rien exprès ! Qui peut dire avoir jamais maîtrisé totalement chacun de ses actes ; chacune de ses pensées ? Qui peut être certain que dans la réussite de ses entreprises, de ses actions comme de ses œuvres, ne rentrât pas une part de chance, de hasard ou d'inexplicable intuition, comme entra, dans ses échecs, maladresses ou erreur une improbable combinaison, une infernale machination qui lui fait, précisément, se réfugier derrière son enfantin jl'ai pas fait exprès ? Je m'amuse de ce noble appel à la responsabilité, si souvent le pendant de notre liberté … Mais de quoi pouvons-nous véritablement répondre ? Est-il jamais mission, ou missive, au bas de quoi nous pourrions apposer notre signature en proclamant, superbe, j'assume ; je l'ai voulu ; j'en réponds ! Evidemment non ! Le moi n'est pas maître dans sa propre maison ! Raison de plus de n'être pas vantard !

La voici la grande leçon qui nous fait revenir aux enfants ! et fit le Christ placer l'enfant au milieu de tous.

Quand nous les éduquons, nous prétendons leur apprendre à exister par eux-mêmes, à être responsables. Cette autonomie lentement conquise suppose un départ, une excursion : tel est le sens d'éducation. Nous les préparons, le croyons-nous, à vivre dans le monde ; dans la société, dans ce qu'autrefois nous nommions le siècle. Mais si nous nous berçons d'illusions et oublions souvent - mais pouvons-nous faire autrement - ce qui nous détermine, oppresse et contraint, l'enfant, lui sait qu'il n'existe que par ce lien déjà un peu distendu d'avec ce qui le dépasse ; sait sa dépendance et semble s'y soumettre tant que son être n'est pas menacé.

Sans doute est-ce l'enfant qui demeure au plus près des ultimes ressacs de la béatitude ; bien plus que l'adulte qui s'en écarte avec ridicule ironie. En garde-t-il souvenance ? Confuse, sûrement. Dans cet état pré-natal, à jamais interdit mais si déterminant, il aura vécu comme sans doute rêvent les anges. Protégé, assouvi, choyé ; attendu. Demain, confronté au monde, il affrontera obstacles, scandales; difficultés … oui bien sûr ! Mais quelque part, niché dans les replis de son âme, ces discrètes couleurs d'un paysage qui réchauffent son cœur et lui donne courage de persévérer. Et tenter, à sa manière, de réinventer cet incroyable Eden qu'il sait inaccessible mais qui forgera néanmoins tous ses rêves.

Est-ce ceci l'humilité ? Quand l'homme est être à toujours dire non, l'enfant, lui, saurait encore, acquiescer … Je ne suis pourtant pas certain que l'enfant sache mieux que l'adulte conjuguer ces injonctions contradictoires : sans doute se sachant faible se soumet-il volontiers sans pourtant cesser d'être ni tyrannique ni extraordinairement egocentré …

Mais à écrire ces lignes, je réalise combien l'humilité est bien cette vertu cardinale que la tradition entrevoit parce qu'elle est une tension sans cesse renouvelée entre l'exigence d'exister et l'horreur de la démesure.

Redécouvert depuis, ce très rapide passage d'une ITV de G Dumezil où en un assez joli mot - échafaudage - il appelle tout de dont il convient d'épurer l'œuvre


 


 1) humble et humilité n'apparaissent pas si souvent qu'on pourrait l'imaginer :

Proverbes 12:9 Mieux vaut être d'une condition humble et avoir un serviteur Que de faire le glorieux et de manquer de pain.
Proverbes 16:19 Mieux vaut être humble avec les humbles Que de partager le butin avec les orgueilleux.
Proverbes 29:23 L'orgueil d'un homme l'abaisse, Mais celui qui est humble d'esprit obtient la gloire.
Sophonie 3:12 Je laisserai au milieu de toi un peuple humble et petit, Qui trouvera son refuge dans le nom de l'Éternel.
Zacharie 9:9 Sois transportée d'allégresse, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton roi vient à toi ; Il est juste et victorieux, Il est humble et monté sur un âne, Sur un âne, le petit d'une ânesse.
Matthieu 11:29 Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de coeur ; et vous trouverez du repos pour vos âmes.
Matthieu 18:4 C'est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux.
Romains 12:16 Ayez les mêmes sentiments les uns envers les autres. N'aspirez pas à ce qui est élevé, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne soyez point sages à vos propres yeux.
2Corinthiens 10:1 Moi Paul, je vous prie, par la douceur et la bonté de Christ, -moi, humble d'apparence quand je suis au milieu de vous, et plein de hardiesse à votre égard quand je suis éloigné, -
Jacques 1:9 Que le frère de condition humble se glorifie de son élévation.

 

Proverbes 15:33 La crainte de l'Éternel enseigne la sagesse, Et l'humilité précède la gloire.
Proverbes 18:12 Avant la ruine, le coeur de l'homme s'élève ; Mais l'humilité précède la gloire.
Proverbes 22:4 Le fruit de l'humilité, de la crainte de l'Éternel, C'est la richesse, la gloire et la vie.
Sophonie 2:3 Cherchez l'Éternel, vous tous, humbles du pays, Qui pratiquez ses ordonnances ! Recherchez la justice, recherchez l'humilité ! Peut-être serez-vous épargnés au jour de la colère de l'Éternel.
Actes 20:19 servant le Seigneur en toute humilité, avec larmes, et au milieu des épreuves que me suscitaient les embûches des Juifs.
Ephésiens 4:2 en toute humilité et douceur, avec patience, vous supportant les uns les autres avec charité,
Philippiens 2:3 Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l'humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes.
Colossiens 2:18 Qu'aucun homme, sous une apparence d'humilité et par un culte des anges, ne vous ravisse à son gré le prix de la course, tandis qu'il s'abandonne à ses visions et qu'il est enflé d'un vain orgueil par ses pensées charnelles,
Colossiens 2:23 Ils ont, à la vérité, une apparence de sagesse, en ce qu'ils indiquent un culte volontaire, de l'humilité, et le mépris du corps, mais ils sont sans aucun mérite et contribuent à la satisfaction de la chair.
Colossiens 3:12 Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience.
1Pierre 3:8 Enfin, soyez tous animés des mêmes pensées et des mêmes sentiments, pleins d'amour fraternel, de compassion, d'humilité.
1Pierre 5:5 De mêmes, vous qui êtes jeunes, soyez soumis aux anciens. Et tous, dans vos rapports mutuels, revêtez-vous d'humilité ; car Dieu résiste aux orgueilleux, Mais il fait grâce aux humbles.

 

 

2) voir Cette émission de 1962 de R Stephane sur Proust