Elysées 2012

La semaine Hollande 1

Après avoir été quasi absent, le voici partout et cette semaine sera la sienne après celle de Mélenchon. On lui aura à peu près tout reproché, d'être mou, confus, irréaliste ; on l'aura pressé de donner son programme et d'en détailler le financement au risque de passer pour incompétent voire de doux rêveur. Mais il aura tenu bon.

Il s'était déterminé un plan de campagne. S'était promis de se donner du champ après les primaires, estimant que la campagne ne devait surtout pas commencer trop tôt. Il s'était engagé à détailler son programme mais pas dans un grand texte symbolique, mais au fil de l'eau, comme pour mieux marquer sa rigueur et son réalisme. Il a tenu bon ! Pour quelqu'un qui passe pour un mou, ce n'est pas si mal. Il aura pris des risques - mais qui ne doit en prendre dans une présidentielle - mais il s'est tenu à la stratégie conçue !

Avec une lente progression, le discours du Bourget où il était supposé fendre l'armure et parler de lui mais où finalement surprenant tout le monde, il a commencé à détailler certaines des mesures qu'il compte prendre ; puis jeudi la présentation de son programme et le soir passage sur France 2 à l'émission Des paroles et des actes.

Un long discours d'une heure trente, dont on dit qu'il l'écrivit lui-même, au lyrisme recherché qui parfois fait vibrer les foules qui y entendirnt ce qu'elles étaient venues entendre.

Tous les marqueurs de la gauche y sont : la laïcité, l'égalité, la vision humaniste de la politique, l'appel au rassemblement ... Habilement, avant de parler de lui, brièvement finalement, tout juste pour dire que la gauche ne lui fut pas donnée en héritage mais qu'il dut la vouloir et lutter pour elle, cette longue anaphore pour détailler sa conception de la présidence, la manière dont il entend l'exercer.

Ce qui aura été, aussi, une manière de répondre tant à ses amis socialistes qui le pressaient de se marquer plus à gauche, qu'à Mélenchon qui lui reproche de fragiliser la gauche.

Un Présider la République, onze fois répétés dont chaque item est comme le désaveu implicite d'un Sarkozy qu'il ne nomme jamais mais où résonnent intérêt général, neutralité de l'état, l'exigence du collectif, la puissance de la loi, l'exhaussement des valeurs ...

Une seconde anaphore autour de l'égalité, elle aussi répétée onze fois pour dire d'abord qu'elle est l'âme de la république, pour signifier aussi qu'elle sera l'inspiration centrale de sa politique, lui qui estime que la période passée aura surtout aggravé les inégalités au point de les rendre insupportables.


Un discours qui se termine par le rêve mais surtout par ce récit républicain qu'il faut poursuivre mais qu'il associe à promesse et à rêve, ce récit qui ne peut pas ne pas faire penser au vieux refrain de la misère humaine interrompu de Jaurès2 , ce récit qui lui permet de relier le glorieux passé de la gauche et l'espérance de l'avenir, de jouer la corde du rassemblement au delà des ruptures et des luttes à venir.

L'enjeu était important, lui qui devait fendre l'armure et montrer son épaisseur, son humanité, lui dont on disait que même dans ses meetings, il ne parvenait pas à susciter l'enthousiasme.. La presse semble trouver l'exercice réussi.

Tout juste trouvé-je étonnant que cet homme que la tribune n'effraie pas et où il sait exceller n'ait pas réussi ce jour à enflammer, ait butté sur les mots ce qui est étonnant pour cet excellent orateur. Enjeu trop fort ? à moins justement qu'il ne l'ait pas voulu.

Un barnum à l'américaine - signe que décidément on n'y échappera plus - qui n'avait pas grand chose à envier aux récentes mises en scène de Sarkozy à Toulon - des jeunes, quand même, des caciques aussi avec, au premier rang, une Aubry mi rayonnante mi songeuse, un Jospin roide comme un hiérarque pétrifié de regrets, un Delanoe hilare, une Filippetti charmeuse, une Mazarine lumineuse ...

L'analyse du discours

 

 


1) quelques photos

le texte du discours

la vidéo

analyse du discours

débat avec S Hessel

2) relire

Eh bien ! vous, vous avez interrompu la vieille chanson qui berçait la misère humaine...et la misère humaine s’est réveillée avec des cris, elle s’est dressée devant vous et elle réclame aujourd’hui sa place, sa large place au soleil du monde naturel, le seul que vous n’ayez point pâli.