Elysées 2012

Sincérité

Question bizarre qui provient sans doute de la forme même de l'émission qui dispose une première partie où la journaliste interroge l'invité sur sa personnalité, sa façon de parler, d'être.

Inévitables questions dès lors sur le sens de l'humour de Hollande subitement disparu, sur son physique si visiblement travaillé, sur son art oratoire où l'on affectera de dénicher des rémanences mitterrandiennes.

Et, effectivement, on se souvient que le même type de questions aura été posé à Mélenchon deux semaines auparavant.

Mais une question qui est peut-être toute droite issue des cinq dernières années qui auront vu un Sarkozy user et abuser parfois des coups de com. Indéniablement le président sortant aura été le maître de la communication et l'aura maîtrisée comme peu avant lui avec ce grand danger que l'on aurait peut-être atteint désormais ce point limite où l'habileté se retournerait d'autant plus contre le maestro que son discours serait précisément devenu inaudible d'être trop adroit, ou, en tout cas, trop visiblement adroit.

Ce point limite est bien intéressant

On se situe ici à l'exacte croisée où se rejoignent philosophes, linguistes d'un côté, communiquants et politiques d'autre part.

On sait bien - elle est aussi vieille que la philosophie elle-même - la prévention que le philosophe nourrit à l'endroit de la communication : il n'est qu'à se souvenir des diatribes lancées par Platon à l'encontre des sophistes, précisément coupables aux yeux du philosophe de privilégier la forme plutôt que le fond, d'être disposés à défendre n'importe quelle thèse et finalement de n'avoir pas de destinataire assigné. A l'opposé, la vertu philosophique qui se targue de privilégier l'idée, la vérité au service de quoi il prétend se mettre, ou, plus tard, le linguiste qui s'attachera imperturbablement à démontrer qu'il est vain, sot et dangereux de vouloir dissocier fond et forme tant ils sont indissociablement liés.

Evidemment, derrière la lutte contre le sophisme, qui signe à proprement parler le début de la grande histoire de la philosophie, se cache l'incontournable question de la manipulation. Mais aussi, l' antienne morale contre les roublards, les tricheurs, les démagogues se mesurant, parfois avec efficacité, à l'austère vertu du pragmatique, du réaliste qui en appelle à la vérité, à l'effort, à la raison. Il serait dès lors facile de mettre des noms sur ces postures, même si évidemment nul ne se reconnaîtra jamais dans les tricheurs ; au moins pourra-t-on reconnaître la ligne qui sépare ceux que l'on nomme les utopistes, les idéologues, les démagogues, les populistes, souvent tribuniciens habiles, et, de l'autre les pragmatiques, souvent adeptes avoués de la Realpolitik, prompts à sacrifier leur popularité pour adopter des mesures difficiles, impopulaires, supposant austérité, efforts ... quitte à placer au beau milieu les opportunistes, qui ne décident rien, mous ou dilatoires.

S'il fallait donner des noms on mettrait d'un côté un J M Le Pen (ou sa fille) un Mélenchon (aux yeux de certains) de l'autre un Juppé voire un Sarkozy (en tout cas dans la posture qu'il cherche désormais à adopter) ; si l'on cherchait dans l'histoire au moins récente, on y mettrait un Mitterrand face

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à un Mendès France avec au centre ce Queuille dont tout le monde aime à rappeler la formule selon laquelle il ne [serait] pas de problème qu'une absence de solution ne vienne à terme résoudre, mais aussi Chirac.

Ce que Mendès appelait lors d'une interview la politique du chien crevé au fil de l'eau.

D'un côté les populistes ( le mot est lâché) de l'autre les grands démocrates ; au milieu les ambitieux !

Mais, évidemment, cette distribution est aléatoire qui dépend aussi du camp où l'on se démarque car nul ne s'avouera jamais d'un autre camp que de celui, rigoureux, du démocrate réaliste, engagé et soucieux à la fois de l'ordre public, de l'intérêt général et du progrès.

Le tout serait bien simple si l'on voulait oublier qu'évidemment personne ne se range du côté des démagogues, personne non plus du côté des opportunistes et que tout le monde cherche à endosser les habits rigoureux de celui qui pratique le parler vrai (évite la langue de bois - expression aujourd'hui délaissée) et reste prêt à encourir l'impopularité et donc à prendre des mesures difficiles pour le seul intérêt supérieur de la Nation.

Tous les crétois sont des menteurs.

C'est au fond tout le problème du paradoxe du menteur.

Figures imposées

Celles de cette élection parce que, même si le thème dominant de 2012 peine encore à se dégager, mais ce devrait être fait d'ici un mois, que toutes les précédentes élections ont laissé transparaître à un point de cristallisation le mot d'ordre qui résumait les préoccupations du moment.

Il n'est pas impossible que, contrairement à 2002 où prima l'insécurité, ou bien encore 2007 où prévalut le travail, ce soit cette année un certain rapport moral et sobre à la politique qui domine, en réaction sans doute à la façon dont Sarkozy l'aura exercé mais aussi au sentiment diffus que mondialisation d'un côté mais aussi construction européenne de l'autre, auraient bouleversé les fondamentaux de la république et fait régressé la démocratie vers une technocratie que la nation semble récuser.

Il n'est pas un hasard de ce point de vue qu'à gauche en tout cas, ce soit ce retour au politique qui prévaille. Qui fait le fond du discours de Hollande - comme de Mélenchon d'ailleurs - même si de manière totalement différente.

De l'ambivalence de la transparence

Si l'économie libérale sait user de ces termes qui fleurent bon la morale - transparence, sincérité des comptes, prudence, traçabilité - on les voit aujourd'hui rejoindre leur terre native. Tous, et notamment Bayrou et Hollande, qui de ce point de vue adoptent la même posture, avouent qu'on n'a sans doute pas voulu regarder la réalité en face et qu'il importe de tourner la page. Bayrou renvoie dos à dos gauche et droite, Juppé aussi qui prend un soin scrupuleux à rappeler les quinze années de gouvernement respectives de la gauche et de la droite. Dire la vérité aux français, ne plus rien leur cacher et d'abord à soi-même, signifie dans leurs propos qu'on aurait vécu au dessus de nos moyens et qu'il importe désormais de se serrer la ceinture.

Cette transparence, qui veut que l'on fasse la lumière - et tout dans le registre actuel est figure de lumière à projeter, de l'évidence à la lucidité - traduit un réel glissement qui se veut déplacer le projecteur de l'homme vers la chose, de l'acteur vers le scenario, du spectacle vers l'histoire. Transparence à quoi les médias restent rétifs : il n'est qu'à voir la construction même d'une émission comme Des paroles et des actes qui réservent la première partie à l'homme, durant laquelle, invariablement, les mêmes questions sont posées aux candidats sur l'enfance, la sincérité, la construction de leur personnage, leurs modèles. Et la même remarque réitérée d'un Pujadas sur leur authenticité.

Qu'il faille y considérer un retour de balancier vers une certaine forme d'authenticité après les années strass et paillettes est évident.

Pour autant ! Doit-on oublier que les figures d'austérité et de rigueur morale que porte notre histoire ne sont pas toutes réjouissantes ? Robespierre, l'incorruptible, est aussi l'homme de la Terreur et même s'il était malhonnête de déduire ceci de cela, il serait tout aussi imprudent d'affirmer que ce ne fut qu'une malencontreuse coïncidence. Plus loin, Platon, au nom même d'un discours de vérité, ne finit-il pas par se mettre au service de Denys de Syracuse ? et d'ailleurs très vite par être vendu comme esclave par ce dernier ? Plus près de nous, comment ne pas oublier que l'engagement total qu'appelait le parti de la part de ses militants, aboutit plus souvent qu'à son tour, à de grandes séances d'autocritiques publiques et à des procès restés fameux où le stalinisme inventa la ruse dialectique extrême lui permettant de ne pas entendre la sincérité subjective pour ne considérer dans l'opposant que sa culpabilité, son alliance objective avec la bourgeoisie et les ennemis de classe?

Doit-on oublier que ce que nous devons au droit romain d'abord, à la révolution de 89 ensuite, ce soit précisément cette distinction essentielle entre la sphère privée et la sphère publique, sans quoi il n'est pas de liberté possible, distinction qui pose, sans toujours le dire explicitement d'ailleurs, que le pouvoir politique a des limites, et ne saurait en conséquence embrasser la totalité de la réalité humaine ?

Comment oublier qu'il n'est pas de lumière projetée qui ne suppose en même temps son angle d'ombre et que c'est assurément cette part d'ombre qui à la fois souligne la lumière et la rend féconde ? L'oiseau de Minerve ne s'élève qu'au crépuscule et, à bien y regarder c'est quand même l'ombre du puit où tomba Thalès qui rendit la découverte possible. Non, décidément, en plein midi la lumière écrase, aveugle et consume ; le soleil ne se peut regarder en face, on le sait, non plus que la mort, ce que toutes les traditions anciennes savaient, des grecs à l'ancien testament qui répétait à l'envi combien Dieu ne pouvait être regardé sans qu'immédiatement l'on soit foudroyé. Non décidément, l'absolu est terrifiant - dans tous les sens du terme - à la fois il suscite la crainte et demeure ferment de terreur. (1)

La vérité tient au réel par cette part d'indicible, assurait Lacan

La dire toute, c'est impossible, matériellement: les mots y manquent. C'est même par cet impossible que la vérité tient au réel

Cette part d'ombre c'est cet écart, ce mystère par quoi l'autre se maintient comme autre, à distance, à respect et parvient à se construire. C'est bien parce qu'il est à l'écart, et préserve sa part de mystère, de secret en tout cas d'ombre, que l'autre peut se maintenir en face de moi comme autre. (2) Doit-on oublier que c'est par la distinction maintenue entre les individus qu'une société se forme et survit et combien immédiatement elle régresse en multiplicité, en foule, en masse sitôt que cet écart est gommé ? et rappeler que c'est ainsi précisément que se définit la crise sociale majeure, génératrice de violence, quand le conflit mimétique est parvenu à ce point crucial où tous s'opposent à tous mais où justement tous se ressemblent et se rassemblent en ceci qu'ils se retrouvent dans le même état de détestation ?

Lucidité

Celle que joue un Bayrou, se targuant d'avoir anticipé la crise, de l'avoir vue avant tout le monde, et d'avoir préconisé il y a bien longtemps les mesures nécessaires. La figure imposée est celle du visionnaire plus que de l'expert, celui qui aura bénéficié de suffisamment de recul pour bien voir et comprendre.

Posture intéressante parce qu'elle est la seule qui permet de contre-carrer l'expérience de celui qui est aux manettes. Celui-ci, certes n'a pas d'expérience ministérielle, celui-là n'en a plus depuis 97, mais précisément cet éloignement serait l'opportunité d'une réflexion mieux acérée, d'un recul permettant un regard plus large, plus profond à l'inverse de l'homme d'action, le nez sur le guidon, enferré dans les détails et les inévitables circonlocutions du quotidien qui lui auraient fait perdre cette seule vue d'ensemble permettant de tracer des perspectives et des projets.

Où l'on retrouve derechef cette ligne invisible qui sépare la pensée de l'action mais en même temps les joint tant il est vrai qu'on ne peut séparer que ce qui est lié, relier que ce qui est séparé. Mettre de la lumière que là où il y a ombre, mettre de l'ombre qu'avec de la lumière.

L'utopie est la lucidité de l'autre ; le réalisme est toujours un peu la naïveté de l'autre ... C'est aussi ce qui ressort du duel Juppé/Hollande de l'autre soir, où chacun tenta d'occuper la place de l'autre même s'il est vrai que celui-là portait la charge du bilan quand celui-ci s'allégeait de perspectives. L'autre est toujours celui qui n'a pas compris, n'a pas vu, qui soit par sectarisme (ce que Juppé reproche à Hollande) soit par naïveté (ce que Hollande reproche à Juppé) se tromperait dans la lecture du réel. L'un de trop croire en les règles incontournables du libéralisme ; l'autre de trop rêver d'utopie républicaine ...

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Où se joue quelque chose de cette transcendance que récuse Mélenchon, qu'assume Hollande et qui fait le fond de cette élection du président au suffrage universel ; qui ne fait que renvoyer à deux lectures passablement différentes de la démocratie ; où se joue la spécificité de la République. L'élu n'est-il que primus inter pares ou bien au contraire est-il l'exception, aux talents exceptionnels, le guide plus que l'arbitre, où se jouent toutes les figures du prophétisme, de la métaphysique et de la transcendance.

Mais aussi le rôle même du citoyen : celui qui confie le pouvoir à l'élu et retourne à ses affaires sitôt l'élection passée ou au contraire ce souverain qui participe collectivement à la construction d'un projet et reste actif devant et avec les intermédiaires qu'il s'est donnés ?

Austérité

Il y a quelque chose de l'ordre de la surenchère à l'austérité, où nous avons déjà repéré des onces de culpabilisation dans l'attitude grave, austère, quasi-protestante dont témoignent les candidats - ce qui est plutôt savoureux pour ce vieux pays catholique. On peut néanmoins repérer quelques lignes de fracture qui se jouent toutes dans le rôle que l'on assignera au peuple et au dirigeant. Force est de constater que d'un côté on appellera le peuple à l'effort et à l'oeuvre commune, de l'autre surtout à la confiance, à la délégation de pouvoirs, au mieux à la résistance courageuse prise au sens d'un tenir face à l'épreuve.

Période de crise oblige, nous sommes désormais loin des matins qui chantent, des soirs prometteurs et nul ne se hasarde plus à des promesses dont on sait selon la formule prêtée à Chirac qu'elles n'engagent que ceux qui veulent bien y croire. Et si cette sorte de renoncement qui ressemble furieusement au principe de réalité invite à un report dans le temps des aspirations politiques, on voit bien combien à la fois on encourt le risque de décevoir mais en même temps s'offre le luxe du courage, de la lucidité et du sérieux, à bon compte.

On est ici aux antipodes de la représentation classique du politique où le challenge consisterait presque en celui qui promettrait le moins, prélèverait le plus. Dessinerait le portrait le plus noir de la réalité, le plus gris de l'avenir.

Triste perspective ! Bonjour tristesse ! On est tellement loin des grandes envolées lyriques même si, subrepticement, on distribuera celles-ci du côté des espaces tribuniciens et la gravité du côté des plateaux TV, plus intimes, supposés à la fois plus directs, plus rationnels.

Mélenchon l'a bien repéré qui se refuse à être la dupe des diatribes contre la finance du dimanche vite contrebalancés par des propos plus mesurés sur le plateau de France 2.

Courage

Dire d'abord qu'il s'agit ici évidemment d'un truisme, d'une de ces propositions qui ne souffrent pas de contraire : on voit mal un homme politique se présenter devant nous en proclamant et sa lâcheté et son désir de ne surtout rien faire ou sa crainte d'affronter les éléments.

On se situe ici exactement à la croisée où se dessine la distinction entre le compromis et la compromission, entre le réalisme politique qui exige toujours que l'on fasse la part des circonstances, où l'impérieux désir de l'efficacité se joue parfois des principes. Problème de limites, assurément, de celles qui ne s'entendent qu'une fois franchies, qui n'existent que de l'avoir été, qui vous érigent en grand acteur pour avoir su dénouer les ruses de l'histoire, ou en traître pour avoir délaissé les principes ; qui font admirer parfois l'habile byzantin qui entremêle de mensonges, de tactiques et de rouerie une action dont on peine à entremêler le fil conducteur, mais regretter souvent la part de mensonges, de bassesses, de coups bas tactiquement séduisants mais stratégiquement si faibles. Il n'est peut-être pas de politique sans éminence grise, de lumière sans ombre, nous l'avons dit, et si la figure d'un Machiavel pointe ici parfois, celle des Borgia aussi ...

La question de la morale est aussi vieille que celle de la politique, et leur conjonction aussi souhaitable qu'improbable qui nous fait parfois saluer le beau coup de l'un ou de l'autre, mais intimement regretter - sans trop le dire - l'immoralité de celui qui le porta. Car, après tout, c'est aussi notre propre ambiguïté qui se terre ici, qui nous fait aimer le théâtre d'ombre en même temps que les vertus hautaines où se draper.

Mais la question de la morale est ici encore entre la puissance hautaine du principe et l'exigence d'une action efficace, comme s'il n'était possible d'agir qu'en se salissant les mains, que le réel fût chose sale à quoi il importerait de s'accoutumer, et que le respect scrupuleux des principes conduisît invariablement à l'impuissance. Que l'action fût l'inverse de l'action en ceci que d'un côté il ne serait d'action cohérente que déterminée préalablement par des projets, des principes et une volonté mais qu'en même temps celle-là ne pût être efficace qu'en érodant les principes qui l'ont rendue possible.

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Ainsi, d'un côté la figure d'un Mendès France, vertueux mais isolé, écarté du pouvoir avec pour seule action ce gouvernement de la parole où la Pythie le dispute à Cassandre ; de l'autre un de Gaulle qui n'hésite pas à s'accommoder d'une accession trouble au pouvoir, à duper les partisans d'une Algérie Française pour finalement consacrer son indépendance quatre ans après ....

Morale ou pouvoir, l'impossible dilemme ? Ainsi posée, la question est absurde qui relève en réalité de la construction, du processus et non d'un état figé ; mais une question qui suggère combien, presque invisible, inaudible et inconsciente à l'instar des petites perceptions de Leibniz, cette ligne est celle où se joue l'écart entre le compromis et la compromission, entre l'habileté et la trahison - un tout petit écart qui ne s'observe souvent qu'a posteriori, où la réussite force le jugement et balaie, pour un temps, la morale. Il en va de la politique comme de la guerre : toutes deux, nourrissent leurs causes et les reconstruisent après coup. L'oiseau de Minerve encore. Les fils ont beau s'insurger contre les pères, toujours ils finissent par en renforcer la place, ne serait-ce qu'en l'occupant. La violence, a fortiori la violence politique symbolique, se nourrit d'elle-même et nourrit ses propres causes et principes.

C'aura été tout le dilemme d'un Mendès France qui n'a pas absolument tort quand il affirme que l'action d'un homme politique peut être décisive même en dehors de l'exercice effectif du pouvoir mais qui ne peut pas ne pas constater combien ses sept mois de direction de gouvernement signent aussi le prix lourd à payer pour des refus, éminemment respectables, au nom des principes.

Mais le courage, c'est aussi le coeur, la ferveur, les sentiments, la sensibilité ... Un des termes de la tri partition qu'avait signalée Platon dans sa distribution de la Cité idéale : la tête pour les philosophes, le courage pour les gardiens de la cité, le ventre pour les travailleurs. La même tri partition - Mars Jupiter Quirinus - qu'a pensée Dumézil où il voit un des modèles, et Le Goff un des imaginaires, de la culture indo-européenne.

Ce qui est dire en tout cas qu'il ne saurait y avoir de politique uniquement de raison fondée, et qu'à ce titre, un discours qui ne s'appuierait que sur un constat argumenté de la crise, sur la nécessité de l'effort, de la patience, ne saurait ni emporter l'adhésion, ni créer le mouvement, la dynamique si essentielle dans une démocratie. Comment oublier que si c'est la raison qui nous fait entendre le monde, ce n'est que le désir qui nous intime la nécessité d'entretenir avec lui un rapport, une dynamique, une action ?

De ce point de vue, le discours de Hollande est assurément bien balancé qui n'oublie jamais de ponctuer de rêve le constat sévère d'une réalité en crise, d'une catastrophe à venir.

Il n'est pas d'action sans désir ! Décidément !

 


1) voir notamment Arendt sur les origines de la Terreur

2) lire Derrida

autour du sujet on regardera ces extraits :

logiques de campagne

sur la finance

exceptionnel

construction du personnage

arrogance

rassemblement

Mendès et la Ve

l'armure

du rêve et du pessimisme