Elysées 2012

Renvoyer dos à dos

Ce sera décidément l'expression reine après la perte du AAA.

Renvoyer chacune de leur côté deux personnes ou deux parties qui sont en différend, sans donner à l’une aucun avantage sur l’autre, dit le dictionnaire ... autre manière de reproduire le c'est pas moi, Msieur, c'est l'autre de nos cours de récréation d'antan. Au mieux, c'est estimer les torts partagés et renvoyer un jugement à la Salomon. !

 

Nicolas Sarkozy avait fait de la conservation du triple A un objectif de sa politique et même une obligation pour son gouvernement. C’est ainsi qu’avaient été justifiés pas moins de deux plans de rigueur en quatre mois. Cette bataille, et je le regrette, a été perdue» Hollande

 

Pour Bayrou «naturellement, il y a une responsabilité récente des gouvernements de Nicolas Sarkozy», mais la situation«pris naissance au milieu ou à la fin des années 90» et «engage donc la responsabilité des deux forces qu’on présente comme principales, l’UMP et le PS».

 

L’agence de notation Standard & Poor's déclare la guerre de la finance contre la France. Il faut résister. Se coucher devant la finance aiguise son appétit. La capitulation grecque l'a prouvé. Il faut rendre les coups. La Banque Centrale doit annoncer immédiatement qu’elle prêtera à la France à un taux très bas. Faute de quoi il faut suspendre les versement français au budget de l'Union européenne et couvrir les prochaines tranches avec un emprunt forcé sur les banques françaises qui viennent d'être gavées par la BCE. La guerre entre la finance et le peuple est déclarée. Chacun doit choisir son camp, sans tergiverser. Mélenchon

 

«Nicolas Sarkozy avait fait de la conservation du triple A un objectif de sa politique et même une obligation pour son gouvernement. C’est ainsi qu’avaient été justifiés pas moins de deux plans de rigueur en quatre mois. Cette bataille, et je le regrette, a été perdue» Fillon

 

Mélenchon n'a pas tort lorsqu'il rappelle qu'il est le seul à récuser toute politique austéritaire comme il l'appelle (austérité + autoritaire) le seul à se prononcer pour une politique de relance quand tous se soumettent à la logique comptable. C'est bien en ceci qu'il se pose en véritable candidat de la rupture taclant au besoin le PS en se demandant s'il est encore véritablement de gauche.

Nul doute que la perte du AAA marquera un tournant dans cette campagne et bien malin celui qui saurait prédire dans quel sens elle ira. Il y a quelques semaines encore on disait ça et là que cette perte signerait inéluctablement la défaite de Sarkozy au point de remettre même en cause la légitimité de sa candidature. A voir cependant la stratégie qu'il emploie depuis quelques semaines de noyer l'opposition de mots d'ordre et de réformes à voter en urgence, on repère bien en réalité qu'il bouscule tout le monde en obligeant les autres candidats à réagir à ses propres thèmes et mots d'ordre. Or dans une campagne celui qui a l'avantage c'est toujours celui qui parvient à imposer son propre rythme et ses thèmes aux autres. Il l'avait fait en 2007 ; il recommence ! Assez efficacement, pour le moment !

Il lui sera sans doute plus difficile de jouer sur la thématique du président protecteur ; en revanche la dramatisation pourra jouer à plein dont il sait parfaitement jouer. Dont l'annonce d'une adresse au français d'ici la fin du mois est un signe révélateur qui indiquera en tout cas l'orientation que prendra la campagne en février.

Hollande en tout cas ne pourra plus longtemps se contenter de différer l'annonce plus précise de son programme : il ne peut jouer à la fois sur la rigueur et le sérieux de sa démarche et continuer ainsi à avancer dans le flou organisé - peu ou prou - non plus que dans les virevoltes incessantes qui finissent par susciter le doute.

Quant à Bayrou, évidemment, il joue sur du velours avec la seule difficulté de ne pas trop laisser paraître combien il se réjouit d'une situation qui semble tellement lui donner raison, à lui qui joue tellement sur la corde du vous voyez, j'avais raison avant les autres ...

 



Perte du triple A : les premières réactions... par LCP