Elysées 2012

Regards croisés ....

Décors

Dans son QG de campagne, où l'on voit s'affairer derrière lui, une équipe clairsemée mais réelle, avec à sa droite une rangée de livre comme pour mieux scander deux de ses trois items de campagne (produire, former) Bayrou moins intimiste que l'an passé, mais identiquement entouré de livres comme pour mieux pointer au passage l'inculture du sortant; à l'inverse, un décor sobre pour Hollande : costume gris, un fond parme uniquement orné de l'adresse de son site.

A l'inverse de Bayrou, assis, saisi en gros plan, et dont on ne verra que fugacement les mains, F Hollande est debout et tout au long de la séquence on verra ses poings souvent serrés ponctuer son propos. L'homme est seul comme pour mieux marquer la rencontre de l'homme et de la Nation qu'il veut entamer, comme pour mieux se démarquer du Parti aussi. Au reste, le mot socialisme ne sera pas prononcé. La couleur de fond, plutôt apaisante, souvent associée à la sensibilité artistique, à la spiritualité mais à l'altruisme, joue en contre-point d'un propos grave, d'une portrait sinistre et sans complaisance pour le quinquennat finissant. Pas de poing à la rose, mais le rose n'est jamais très loin, la suggestion, plutôt lumineuse quand même d'un avenir qui sans être rose précisément n'en est pas pour autant désespéré.

Sarkozy, enfin, debout lui aussi, avec la nuit urbaine en arrière-plan. Image sombre qui répond manifestement à l'âpreté du propos et à la dramatisation de la perspective. Costume et cravate sombres, à bien y regarder les seules couleurs qui égayent un tant soit peu le décor, restent encore celles, à gauche des drapeaux français et européen, traditionnels certes pour des voeux présidentiels, au moins depuis Mitterrand, mais qui soulignent parfaitement le propos d'une France qui ne saurait s'en sortir, résister, qu'avec, dans l'Europe. Posture du sortant ou simplement cohérence d'un président qui ne peut que souligner qu'il est à la barre et le restera jusqu'au dernier moment, il est le seul à annoncer des décisions pour l'immédiat, seul évidemment à ne pas annoncer sa candidature et à ne faire que subrepticement allusion à l'élection à venir. Néanmoins, lui, posté en avant, pris en gros plan encore plus resserré, homme seul face à l'adversité et à une conjoncture éminemment défavorable, lui dont on ne verra pas non plus les mains, presque immobile, statue du Commandeur, point fixe dans la tourmente ...

De l'autre côté, celui des petits candidats, ou estampillés tels, l'imagination demeure ici aussi du côté de Mélenchon. Un bureau, en arrière plan, une bibliothèque au délicieux désordre qui suggère qu'elle n'est pas un simple décor mais un outil d'inspiration, à gauche une statuaire, et pour bien pointer la modernité du propos et de la situation, un IPAD qui sert d'outil de dialogue entre les voeux de la base et la réponse qu'y porte JL Mélenchon. Les tons ici aussi sont clairs, renvoient à quelque chose de l'ordre de la vie : le rouge domine, autant celui du bureau que de la cravate, celui de l'espoir aussi que ponctuent ces mains tendues ouvrant la perspective d'un bonheur idée nouvelle en politique qui le place dans l'aimable registre de l'empathie au moins autant que dans celui de la radicalité - la référence à Saint Just y est tellement évidente !

Le rouge encore pour une Eva Joly qui accorde ici ses emblématiques lunettes à sa vêture. Un sapin sur la gauche, un feu de cheminée au fond, ambiance sinon famille en tout cas sereine, un salon éclairé ... tout ceci confère à la séquence la double connotation de la proximité et du rêve. Un Noël presque cliché tant il peut ressembler au stéréotype que nous pouvons tous nous en former, une humanité spontanée qui en appelle logiquement à la fraternité. Hormis le sapin, rien de vert ... que ce rouge cinglant qui est à la fois sa marque de fabrique et une manière, peut-être, de rappeler l'ancrage, résolument à gauche, de la candidature verte. Ou bien le pari résolu de la vie qui impliquera demain des décisions radicales.

Au bilan

Presque trivial tant il est logique, ce choix, à gauche de couleurs claires pour signifier l'espoir et l'avenir d'une alternance ; à droite des teintes sombres pour dramatiser encore plus une situation désastreuse et ponctuer la nécessité de l'effort.