Elysées 2012

L'émission en quelques mots

Représentation

Retour assuré non sur la sincérité dont nous venons de parler mais sur la construction du personnage que Hollande reconnaît explicitement. Où l'on peut derechef mesurer l'immensité du fossé qui le sépare d'un Mélenchon qui s'appuie sur l'histoire pour justifier l'art oratoire mais assume ce qu'il est et préfère assurément porter ses idées que son image - même s'il sait à l'occasion en jouer.

Hollande joue sur les termes de présenter, se présenter et représenter.

En réalité il faut peut-être effectivement se souvenir que ce même terme, métaphysiquement si riche, participe à la fois des domaines du théâtre, de la théorie de la connaissance et du politique. Que le théâtre lui même trouve sa racine dans le même θεα qui donnera à la fois dieu et théorie. Ce qui se présente est à la fois ce qui avance vers nous - prae-ens - c'est à dire celui qui s'approche, ce prochain qui à la fois diffère de nous et néanmoins tente d'établir un lien, à mi chemin entre l'absence et la présence qui signe précisément l'altérité ; mais aussi ce qui se regarde, ou contemple, ce qui se pense finalement dont nous nous faisons une représentation intellectuelle ou iconique c'est-à-dire quelque chose comme un doublet - ce re de représentation -

Autant, et nous semble-t-il, à juste titre, Mélenchon avait-il récusé le procès en authenticité que lui intentait Pujadas en l'appelant à moins de présomption, en rappelant que nous étions le résultat de toute une histoire dont chacun hérite et mène une synthèse personnelle ; en rappelant que la maîtrise d'une technique, ici oratoire, ne signifiait pas mensonge, encore moins trucage, mais relevait au contraire du légitime effort où l'on se doit par égard pour l'interlocuteur, de se mettre à hauteur de soi, de l'autre et de la pensée que l'on veut promouvoir ; autant Hollande, lui, mais pouvait-il faire autrement aura assumé jeudi soir la réalité de la construction de son nouveau personnage.

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De l'abandon de l'homme jovial et aisément blagueur, à la perte de poids, du ton parfois raide et compassé à la gravité roide du propos, rarement passionné, très fugacement ironique face à Juppé mais le plus souvent direct ; de l'attaque cinglante et souvent drôle au refus proclamé de prononcer jusqu'au nom de son adversaire, Hollande aura explicitement assumé la métamorphose fonctionnant non tant comme une transfiguration que comme une ascèse comme s'il avait entendu l'injonction que lui avait faite en son temps J A Miller dans Deshabillons-les ! Se mettre à hauteur de la charge, mais aussi des attentes du souverain populaire impliquerait alors à la fois qu'on sorte de soi pour exciper ce qu'il y a de meilleur en soi, et de rentrer en soi pour aller chercher et l'énergie et la dignité et la vérité qui s'y trouve.

Singulier paradoxe qui contraint celui qui en appelait à une présidence normale à revendiquer en même temps une

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exception que conférerait la transcendance de l'élection, à transformer le personnage bonhomme et jovial, aisément blagueur et aimable chauffeur de salle, à lui faire revêtir l'armure sérieuse et grave qui corresponde sinon à la fonction tout au moins à la représentation qu'on s'en fait.

Où l'on retrouve la logique interne de la constitution qui en appelle aux excellences et se satisfait mal des intermédiaires classiques, qui en appelle aux leaders charismatiques qui n'est pas exactement le registre naturel d'Hollande et dans lequel tout le travail est désormais de rentrer, de montrer qu'il y est entré.

Ce vieux pays chrétien aime finalement les cilices, les ascèses, les retraites et les traverses du désert ; veut bien admettre les ors de la république et les fastes du pouvoir à condition que celui qui les manifeste ait préalablement payé de sa personne. Prendre sur soi, se contenir, se maîtriser, autant d'exercices quasi spirituels où le renoncement, le jeune et l'ascèse conventuelle ont leur place : le plus drôle étant que de ce point de vue Sarkozy et Hollande se ressemblent. Sarkozy est honni pour n'avoir pas su réfréner son goût du luxe, de l'argent et du faste : il lui aura fallu apprendre à contenir le bling bling en lui. Hollande fut longtemps méprisé pour son côté blagueur qu'il aura du finalement apprendre à contrôler pour se faire le costume en même temps que l'armure idoine. Comme si la charge se méritait, qu'il fallût payer de sa personne, et que le costume fût aussi un cilice !

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Celui qui se présente veut représenter la nation entière et pour cela s'exhausser au delà de sa propre personne, au-delà des petites polémiques et des critiques du passé, ce pourquoi il assume de ne pas prononcer, tout en le critiquant implicitement en permanence, le nom de Sarkozy; C'est bien le mythe du rassembleur ! du guide.

Ce qui lui permet, finalement, de tirer force du reproche qu'on lui assène de ne pas aimer les conflits et de les fuir et de pouvoir se proclamer comme homme de la synthèse, du rassemblement.


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arrogance

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Mendès et la Ve

l'armure

du rêve et du pessimisme