L'homme de gauche et la finance
On aura entendu la grande envolée lyrique du Bourget sur cet ennemi de la finance et les journalistes se seront fait un malin plaisir de relever que la dénonciation des abus de la finance internationale, ivre de dérégulation, celle-là même dont Sarkozy aura proclamé qu'elle a fait n'importe quoi, aura été le propos d'à peu près tout le monde de Sarkozy à Bayrou, en passant par Mélenchon, Hollande et évidemment Le Pen.
On aura évidemment remarqué que le jeudi le propos aura été singulièrement plus mesuré ce qui n'a rien d'étonnant. Envolée lyrique et propos de tribune d'un côté ; explication et mesures à expliciter de l'autre. Hollande l'assume : il s'agissait ici d'entraîner, de susciter une dynamique ; ici de fonder en raison la faisabilité et la pertinence des engagements qu'il prenait devant les français et dont il lui fallait d'autant plus modérer la portée qu'il allait trouver devant lui un Juppé qui ne manquerait pas de relever ou bien l'archaïsme de l'envolée, ou le sectarisme de la position.
Il y a sans doute plus important ... qui concerne la gauche.
L'opération semble pour le moment réussie : Mélenchon monte dans les sondages ; modestement mais il monte. Hollande a clairement indiqué que battu il se désisterait comme la tradition le veut, pour le candidat de gauche le mieux placé et, enfin, Bayrou aura suffisamment critiqué les propositions de Hollande pour rendre dès à présent une alliance possible ou même seulement probable.
Opération gauche toute ? Non pas vraiment ! mais ancrage à gauche, assurément tant Hollande a compris qu'il ne pouvait se contenter d'être un candidat anti-sarkozy, ni seulement un candidat de rechange ; que si pouvait être acceptable pour l'électorat quelque chose comme rigueur et effort, ce ne pouvait être qu'au prix à la fois de la justice et de perspectives suffisamment fortes et crédibles pour emporter l'adhésion.