Elysées 2012

Paysage
(autour de l'enquête Viavoice)

Cela grenouille du côté des challengers : autant Bayrou que Le Pen

Deux articles qui laissent songeur surtout quand on les place bout à bout - qui montrent surtout combien le paysage est singulièrement mouvant où les coups à trois bandes commencent à se multiplier, où sinon les alliances en tout cas les espérances d'alliance en font cogiter et rêver plus d'un.

Le ralliement de Douste-Blazy

Symbolique plus que décisif, celui-ci a en effet déserté la politique française pour se replier à l'ONU. Il témoigne néanmoins d'une réalité : Bayrou attire ; d'un danger : les ralliements proviennent tous du même côté et risquent plus encore que ne le voudrait Bayrou, d'ancrer sa candidature à droite ; d'une tendance forte : les centristes finalement se seront sentis dupés au sein de l'UMP et finiront bien par reprendre leur liberté hors du parti majoritaire ( à l'instar de Borloo pour le parti radical) quitte à demeurer demain dans la majorité. Bref, telle qu'elle l'UMP est morte !

Significatif encore que d'aucuns échaffaudent déjà les scenarii de l'après-victoire de Sarkozy : un gouvernement Juppé avec Bayrou en ministre d'Etat, ou Bayrou à Matignon. Certes, ce type d'extrapolation est coutumier des politologues et des journalistes ; prématurée, assurément ! On peut y deviner deux tendances convergentes : Bayrou ne peut se permettre une seconde traversée du désert de cinq années ; de toutes manières, il inclinera dans un sens ou un autre et il l'a déjà annoncé en promettant qu'il se déterminera pour le second tour contrairement à ce qu'il fit en 2007.

M Le Pen

Ce que révèle l'enquête, de manière assez ambiguë d'ailleurs, c'est la force d'entrainement de la candidate FN : au delà de son propre camp tout semble fonctionner comme si la gravité de la crise, la désaffection à l'égard de la classe politique mais aussi les discours du pouvoirs parfois très proches de ceux du FN notamment en matière sécuritaire.

Il y a manière et manière de lire cette enquête et le front de Gauche n'a pas tout à fait tort de stigmatiser cette manière de comptabiliser ensemble ceux qui déclarent devoir voter certainement, probablement et probablement pas pour M Le Pen. Néanmoins ce serait se voiler la face que de vouloir nier qu'en dépit d'une campagne pas si tonitruante que cela, elle semble engranger sinon les intentions de vote, en tout cas les sympathies et, en tout cas, susciter beaucoup moins de répulsions que son père. Bref l'opération banalisation semble progresser.

Preuve s'il en est que même si vraisemblablement les deux finalistes seront quand même Sarkozy et Hollande, ce n'est déjà plus un jeu à deux mais bien à quatre où chacun des deux finalistes devra bien choisir entre sa droite et sa gauche. Pour le moment tout le monde incline discrètement vers Bayrou ... sans trop le dire et à la grande colère de Mélenchon (voir ITV) mais en fonction des prochaines enquêtes, il n'est pas dit que l'un ou l'autre soit demain contraint au grand écart.


1) Libération


Viavoice Libération. Janvier 2012