Palimpsestes

Georg Wilhelm Friedrich HEGEL (1770-1831)
Principes de la philosophie du Droit (1821).

La volonté contient :
a) l'élément de la pure indétermination ou de la pure réflexion du moi en lui-même dans laquelle s'évanouissent toute limitation, tout contenu fourni et déterminé soit immédiatement par la nature, les besoins, les désirs et les instincts, soit par quelque intermédiaire ; l'infinité illimitée de l'abstraction et de la généralité absolues, la pure pensée de soi-même (...). Sans doute l'aspect de la volonté défini ici — cette possibilité absolue de m'abstraire de toute détermination où je me trouve ou bien où je me suis placé, cette fuite devant tout contenu comme devant une restriction — est ce à quoi la volonté se détermine. C'est ce que la représentation pose pour soi comme liberté et ce n'est ainsi que la liberté négative ou liberté de l'entendement. C'est la liberté du vide (...).
b) En même temps le Moi est passage de l'indétermination indifférenciée à la différenciation, la délimitation et la position d'une détermination spécifiée qui devient caractère d'un contenu et d'un objet. Ce contenu peut d'ailleurs être donné par la nature ou bien produit à partir du concept de l'esprit. Par cette affirmation de soi-même comme déterminé, le Moi entre dans l'existence en général ; c'est le moment absolu du fini et du particulier dans le moi. Ce second élément de la détermination est aussi bien négativité et abolition que le premier. C'est l'abolition de la première négativité abstraite. Comme le particulier est contenu dans l'universel, le second élément est déjà contenu dans le premier et c'est une simple position de ce que le premier est déjà en soi (...).
c) La volonté est l'unité de ces deux moment : c'est la particularité réfléchie sur soi et par là élevée à l'universel, c'est-à-dire l'individualité ; l'autodétermination du moi consiste à se poser soi-même dans un état qui est la négation du moi puisque déterminé et borné et à rester soi-même, c'est-à-dire dans son identité avec soi et dans son universalité, enfin à n'être lié qu'à soi-même dans la détermination. Le moi se détermine en tant qu'il est relation de négativité a soi-même et c'est le caractère même de cette relation qui le rend indifférent a cette détermination spécifiée, il sait qu'elle est sienne et idéelle ; il la conçoit comme une pure virtualité par laquelle il n'est pas lié, mais où il se trouve seulement parce qu'il s'y est placé. Telle est la liberté de la volonté qui constitue son concept ou sa substance, sa pesanteur, comme la pesanteur fait la substance des corps.