Elysées 2012

Jean-Luc Melenchon

Trop médiatique pour ne pas laisser de nombreuses traces sur le Net, trop provocateur aussi, trop détonnant par rapport à la morosité ambiante ....
Un personnage, assurément !

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émissions sur ou avec Mélenchon Déshabillons les Ce soir ou jamais Populiste ?

L'homme ne manque pas de charisme non plus que de charme. Bravache, goguenard souvent, avec un sens tès pointu de l'ironie, de la provocation et de l'humour, il occupe, presque seul, le terrain de la gauche s'arrogeant outre un certain radicalisme, le vent de l'histoire - celle d'abord de la Révolution de 89.

Il est très loin du politiquement correct, de ce consensus si aisément mou qui se retient tellement de choquer qu'il en devient fade. Il est homme à cultiver sa position plus que sa posture, celle d'une gauche désuète ou en avance - selon la lecture qu'on en fera - n'hésitant jamais à utiliser les termes comme révolution ou appropriation ; non plus qu'à citer Jaurès ou, pire, horresco referens, Robespierre...

Il fallait le faire : non pas quitter le PS mais nommer son propre parti , Parti de Gauche autre manière de dire que le PS avait cessé de l'être, et de sous-entendre sinon la trahison en tout cas l'embourgeoisement.

A cultiver aussi son art de la provocation, son goût de la politique ... du bon mot. Il n'a apparemment pas peur de faire peur, au contraire semble le désirer. Il ne peut pas croire véritablement avoir quelque chance pour ces élections ; il ne peut pas ne pas désirer mesurer l'efficacité d'une stratégie qui consiste à redonner sa chance à une gauche ferme, révolutionnaire - terrain perdu par un PC à l'agonie, qu'il contribue néanmoins à relever en faisant candidature commune. A sa manière, il refait à l'envers le chemin tracé par Mitterrand : ce dernier aura, union de la gauche interposée, siphoné le potentiel électoral du PC en une quinzaine d'années. Melenchon sait qu'on ne reviendra pas aux quelques 20% de Duclos en 69 mais il sait qu'à additionner les voix éparpillées en 2002 sur les candidatures de l'extrême gauche, il y a, à n'en point douter de quoi redorer le blason de la gauche.

Des relations pas toujours aisées avec les journalistes dont il fustige assez aisément les facilités, les lectures convenues voire le rôle, il sait en même temps, quand il le faut, insinuer ce qu'il faut d'ironie, de jeu comme pour mieux dire allez rien de grave là-dedans, après tout ce n'est qu'une comédie !

Populiste ? (1)

Blessé à n'en pas douter quand on le taxa de populisme, irrité par le dessin de Plantu (2) dans l'Express, il a plutôt bien compris, quitte à s'en jouer, que le populisme outre un concept jamais vraiment défini qui regroupe des histoires très différentes et souvent contradictoires, est d'abord l'anathème aisé jeté par des médias pas toujours soucieux de rigueur, est surtout un formidable moyen de disqualifier un adversaire.

Il s'en explique remarquablement bien dans le débat des Etats Généraux du Renouveau plutôt bien relayé ici par JF Kahn. Il faut reconnaître que l'amalgame avec l'extrême-droite est un bien triste aveu à la fois d'une prodigieuse inculture politique, d'une malhonnêteté intellectuelle ou pire encore, des ravages de cette pensée convenue, nécessairement consensuelle où il voit la manoeuvre des classes possédantes.

Il faut dire que le titre de son dernier ouvrage prête malicieusement le flanc : mais précisément, derrière ce titre une analyse fine de l'impatience des peuples, de la colère rentrée, le sentiment d'une mitation à venir, d'une rupture qui s'annonce, d'une révolution ? Bien entendu nous savons tous combien ce sentiment, où le désir peut avoir sa juste part autant que l'espérance, peut n'être finalement qu'une illusion où la nostalgie le dispute à l'analyse rationnelle. Mais ceci révèle d'abord son fort ancrage à gauche où la référence aux jacobins ne saurait être anodine. Non qu'il nous menacerait de terreur, mais qu'il nous promet mesures draconiennes, claires, tranchées où le retour de l'Etat est un mot d'ordre aussi puissant que la volonté d'en découdre avec la classe possédante.

Mélenchon renoue avec le vocabulaire qu'on croyait perdu d'une gauche militante et fière de ses valeurs : l'usage répété d'expressions telles que belles personnes, les puissants, la référence au peuple désignent assez bien ce que l'on avait perdu depuis qu'avec Jospin on ne parlait plus que des gens ou que avec un Raffarin on évoquait la France d'en-bas !

Lui a une lecture classique des enjeux : il parle de classes, de lutte des classes et du peuple. Mais ce qu'il a compris - et le sous-titre en témoigne - c'est combien le pays avait besoin que lui soient redonnées parole et capacité d'agir sur la société et ses évolutions, combien d'ailleurs les moyens modernes de communication le permettent.

Révolution citoyenne : oui assurément il a compris plus que tous les autres que ce n'est pas seulement un bon gestionnaire que le pays attend, encore moins un sauveur ; que ce n'est pas simplement d'une autre politique, plus sociale dont il a besoin, mais d'une rupture.

Ce pays frémit : il l'a senti.

Il n'est pas forcément l'homme de la situation. Il n'est assurément pas en mesure de l'emporter.

Il m'arrive de le regretter.


1) voir ce que nous en écrivons

2) voir Marianne et Libé

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