Elysées 2012

Sondages (1)

Il y en aura certainement d'autres avant la fin de l'été. Celui-ci a le mérite de soupeser, maintenant qu'elle est officiellement candidate, l'image d'Aubry.

On est encore dans le paradoxe dans la mesure où même si elle devance désormais légèrement Hollande aux primaires (2) ce serait néanmoins ce dernier qui réaliserait le meilleur score face au président sortant.

Je ne suis pas certain qu'il y ait grand chose de nouveau à en tirer sinon ceci :

- l'image décidément brouillée de DSK : moins par surdose médiatique comme le laissent à penser certains commentaires *que par incompatibilité. Il m'arrive de penser que l'électorat ne manque pas de finesse qui peut se laisser surprendre ça et là par la prestance de l'un ou le populisme de l'autre, qui peut gauloisement se flatter des incartades séductrices ou simplement s'en moquer, qui peut même fugacement se laisser entraîner par les mirages du complotisme, mais qui, finalement sait toujours doser sa volonté et biffer ce qui pourrait la contrer. Ce n'est assurément pas la dimension séducteur qui agace que les remugles de canivaux où il entraine le politique. C'est un vrai débat, une saine confrontation aux clivages repérables que désire l'électorat. Ce qui n'a rien à voir avec les amours ancillaires de ce tyranneau de grands palaces non plus qu'avec ces apparats de grand banquier jet-setteur . Exit DSK donc, qui y a perdu son aura, sa légitimité. Il cesse d'être audible. Mais ce que suggère cette réaction c'est aussi le refus de toute campagne bas de gamme, truffée de rumeurs et d'attaques ad hominem. La campagne se jouera sur la question de la dignité.

- En réaction, l'élection se fera, j'en suis désormais convaincu, moins sur l'image que sur la stature. Sarkozy s'essaie à une représidentialisation, qui, pour l'instant se mesure en terme de discrétion plus que de hauteur en laissant à ses lieutenants, Guéant notamment, le soin de marteler le discours sécuritaire et de réagir à l'instant. La stratégie semble petitement payante pour le moment ; elle sera gagnante pour peu que Sarkozy y soit crédible et que ceci n'apparaisse pas comme un ultime coup de com. Ecrire cela suggère que peut-être la question du régime finira par se poser (3) , en tout cas celle de la dénaturation présidentielle exagérée.

-Il est encore trop tôt pour mesurer les effets de la crise grecque et de sa contagion sur la zone euro non plus que ceux de l'enlisement lybien. La présidence française et la crise de 2008 avait en leur temps suscité pour Sarkozy une confiance sinon une popularité vite érodée mais bien réelle. Une intervention couronnée ne fût-ce que d'une réussite partielle pourrait demain panser les plaies de son électorat traditionnel et lui permettre de rejouer le refrain du moi j'agis pendant que les autres bavassent. L'action est la seule véritable marque de fabrique de cet hyperactif ; encore faut-il qu'elle puisse paraître efficace et non un simple colmatage de fuites répétées. En tout cas, la relance insidieuse du débat sur les 35 H le montre, la seule stratégie actuellement jouable pour lui reste encore de tenter de reléguer la gauche dans l'archaïsme et l'irresponsabilité économique. La rentrée, le développement des différentes crises fourniront des thèmes pour cette campagne. Nous n'en sommes encore qu'à la veillée d'armes.

Tout le monde se regarde, et au PS au moins jusqu'en octobre : on se toise, se pousse légèrement du coude, se marque à la culotte dès que possible en cherchant à ne pas trop puiser dans ses forces. Le combat sera long !

 


1) Le Monde du 12/07/11 voir détail du sondage

2) selon un sondage IFOP pour France soir ; sur le site de l'IFOP

Nicolas Sarkozy regagne du terrain dans les intentions de vote Présidentielle 2012 from Ipsos-France on Vimeo.

3) Elle l'est en tout cas par les écologistes et par Montebourg