Elysées 2012

DSK (suite mais pas encore fin)

Rebondissement de cette fin de semaine consacrant décidément ces derniers mois par une accellération invraisemblable des événements), les révélations sur le manque vraisemblable de crédibilité de la plaignante.

Deux leçons

juridique

D'un point de vue juridique, aussi bien que médiatique d'ailleurs, on remarquera que ces révélations proviennent du bureau du procureur et non pas des enquêteurs de la défense.

Ce qui eût été désastreux - d'impitoyables enquêteurs à la solde d'un nanti prêt à tout pour échapper aux rigueurs de la justice, prompts à démolir une femme de chambre honnête, pauvre et fragile - n'aura donc pas lieu. Dans ce système où il n'y a pas de partie civile et où le plaignant est peut-être témoin au procès mais n'en est pas partie prenante, le procureur honnêtement instruit à charge et à décharge. On peut toujours arguer qu'il y avait intérêt, lui qui a déjà perdu récemment un procès et qui est ne l'oublions pas, un élu, il n'empêche que le système semble fonctionner correctement quoiqu'il puisse nous sembler d'ici brutal.

Remarquons ensuite combien le parjure semble la faute primordiale, le péché capital d'un système qui se détermine non sur l'intime conviction mais sur la preuve. L'absence de vérité insinue le doute raisonnable qui obère tout procès possible.

médiatique

Le couple est décidément infernal : quand les media surinvestissent le judiciaire tous les abus, tous les délires sont possibles. Si on a insisté en France sur la brutalité de la procédure américaine qui jette le présumé coupable en pâture à l'opinion publique, n'oublions pas que ce n'est violent que parce qu'il y a en face des médias complaisants, prompts, et avec quelle rapidité, à relayer en continu des images qu'ils se permettent en même temps de critiquer. Une presse tout aussi prompte à l'hyperbole qu'à retourner sa veste. Il y a des leçons à tirer de tout cela, et pas nécessairement celles de BHL. (1) Parler de robespierrisme est abusif; en revanche souligner la connivence médiatique est utile.

Remarquons d'abord que la part de commentaires est de plus en plus importante par rapport à la narration des faits. La presse française mélange aisément les deux au point de souvent perdre pied. Ensuite que la création des canaux continus d'informations en direct obligent évidemment à les nourrir. A l'affût de scoops, de sensationnel, la presse court le risque, déjà ancien, du direct mais avec une acuité jamais connue. Non seulement le recul est impossible que nécessiteraient l'élémentaire vérification des faits et aussi une honnête analyse, mais encore la nouvelle cesse de tomber pour se répéter à l'infini comme une incantation morbide, mais enfin chacun s'institue spécialiste, expert, pour déverser ce qui n'est finalement qu'une opinion mais auréolée de la gloire du consultant de service.

Il suffit alors que d'aucuns relayent quelques propos de DSK pour que la machine à complot redémarre... Dans cette course-poursuite entre les media traditionnels et Internet, les media ont tout à perdre. On peut tout au plus constater que les repentances du mois de mai restèrent voeux pieux : mêmes dérives, mêmes délires, même paresse intellectuelle. (2)

Il y a une victime avérée dans toue cette histoire c'est l'image elle-même de DSK. Je ne suis pas certain qu'on puisse s'en remettre même si l'homme a de l'abattage et l'expérience. On aurait envie d'en dire ce que Pompidou affirmait à propos de Mitterrand : s'en méfier car il remonte toujours plus haut que de là où il est tombé. Au delà du scandale sexuel, demeure cette image de nanti, que son diner à 100 € / personne dans un restaurant italien n'arrangera pas. Si certains se prennent à rêver d'un retour par la bande, il apparaît pourtant que l'image de DSK est durablement altérée dans la mesure où même si la violence inqualifiable était écartée, demeurerait néanmoins celle du séducteur invétéré qu'il est : moeurs légères, richesse imposante autant d'items qui l'éloigne des paradigmes d'une gauche populaire.


1) lire notamment

2) lire néanmoins