Elysées 2012

A propos du populisme

Petite esquisse de compréhension de ce terme si ambigu. Souvent manière de rejeter le discours de l'autre, le populisme qui flirte si souvent avec l'extrême droite ne lui est cependant pas nécessairement lié. Il pose un vrai problème : quid de l'intervention du peuple dans le champ politique ?

En guise de plan :

1) Du populisme 2) Du peuple 3) crise de confiance 4) Cartographie

Du populisme*

Le populisme désigne un type de discours et de courants politiques, critiquant les élites et prônant le recours au peuple (d’où son nom), s’incarnant dans une figure charismatique et soutenu par un parti acquis à ce corpus idéologique1. Il suppose l'existence d'une démocratie représentative qu’il critique. C'est pourquoi ses manifestations ont réapparu avec l'émergence des démocraties modernes, après avoir connu selon certains historiens une première existence sous la République romaine.

Un contexte troublant

Le terme est décidément bien ambigu, qui désigne des mouvements très divers mais concerne la montée en puissance de l'extrême-droite aussi bien en Autriche, Suisse qu'aux Pays-Bas (2), le berlusconisme en Italie que le lepénisme en France. Ainsi que le souligne Raffaele Simone (3) il ne saurait être un hasard qu'à l'exception de l'Espagne - pour combien de temps encore ? - toute l'Europe est dérigée par des gouvernements de droite. Ajoutons que non seulement cette domination de la droite européenne non seulement ne freine pas, mais semble même favoriser la montée de ces courants d'extrême-droite, en tout cas populistes.

On a pu croire, on a plutôt voulu nous faire croire, que la victoire de Sarkozy en France en 2007 avait marqué le pas de la progression du FN en en siphonant les voix, il faudra bien admettre qu'il n'en est rien - les résultats en 2012 ne manqueront pas de l'illustrer mais, en attendant, les scores élevés de M le Pen dans les différents sondages, mais la présence de plus en plus tonitruante d'une droite populaire au sein même de l'UMP, mais la politique ultra-sécuritaire du ministère de l'intérieur sont de bien sinistres augures.

Qu'y a-t-il derrière ?

Indéniablement, mais c'est un truisme, une double crise : à la fois une crise économique et sociale qui dure trop longtemps, laisse trop de monde sur le carreau au moment même où, capitalisme financier aidant, les inégalités se creusent entre les nantis qui s'enrichissent ostentiblement et non sans morgue, et le vulgum pecus qui s'appauvrit, et peine à survivre quand même il aurait - encore - un travail.

Mais aussi une crise politique, une crise de confiance politique envers une classe de dirigeants incapable de sortir de la crise et dont les échecs répétés à y parvenir, ne peuvent qu'accroître le sentiment qu'elle serait au mieux impuissante ou incapable ; corrompue, au pire.

Mais aussi une crise idéologique, théorique à tout le moins : l'incapacité de la gauche notamment à proposer un modèle théorique permettant de penser la société moderne et les moyens de dépasser les crises qui la caractérise ; l'incapacité de la droite à sortir d'un discours libéral qui se veut quand même, la négation de tout modèle théorique en se réduisant à la dictature du fait, même si cette volonté de n'être pas une idéologie en est déjà une. (4)

Rien d'étonnant alors à ce que ressortent les vieilles recettes : puisque défaillance ( ou trahison) des élites, autant en revenir au peuple.

Du peuple

 


1) définition proposée par Wikipédia

2) Aux Pays Bas Geert Wilders, en Belgique Bruno Valkenier (Vlaams block)et Bart De Wever (NVA) qui est quand même au centre du blocage politique qui voit la Belgique sans gouvernement depuis plus d'un an (voir intervention Albert II)

3) voir son ITV sur France Culture au moment de la parution en France de son ouvrage Le monstre doux L'occident vire-t-il à droite ?

4) relire article de F Brune dans Le Monde diplomatique d'Août 96


Références

Chêne Janine et al., La tentation populiste au coeur de l'Europe, Paris, La Découverte « Recherches », 2003, 320 pages.
une série d'articles concernant la question. accessible sur CAIRN

Voir aussi de Michel Winock sur Persee.fr un article plus ancien (1997 ) mais qui demeure pertinent

Monde diplomatique (nov 2003)

 



Christophe De Voogd : "La tentation populiste... par fondapol