Chronique du quinquennat

Métaphysique frontiste ?

Si l'on veut correctement approcher le FN par son côté théorique, il faut pourtant préalablement mener un petit rappel des faits

Petit détour historique

Il ne faut jamais oublier que le FN a été conçu à la fois pour offrir une vitrine un peu plus convenable que l'image que pouvaient donner les militants d'Occident, armés et casqués ; mais aussi pour rassembler tout ce que la sphère d'extrême-droite pouvait compter de groupuscules confidentiels et pourtant endémiquement inconciliables. Ce travail c'est JM Le Pen qui le fera tout au long des années 70 en rassemblant autour de la figure de Jeanne d'Arc, mais dans un invraisemblable salmigondis théorique, tout ce que cette galaxie pouvait compter de nostalgiques du IIIe Reich ; de pétainistes nostalgiques et convaincus ; de collaborateurs, d'anciens de l'OAS ; de catholiques traditionnalistes voire intégristes tout un joli monde que l'on retrouvera aussi bien dans les coups de mains contre les gauchistes florissants dans ces années d'après 68 que dans les cérémonies pro-nazies, qu'encore dans les pèlerinages chartrains à la gloire de Christ-Roi ...

Un pot pourri qui réunissait ainsi à la fois la grande bourgeoisie réactionnaire, les monarchistes, les catholiques intégristes, les nostalgiques de la Révolution Nationale, les nazis notoires.

Pour que tout ceci fasse lien mais permette politiquement de sortir de cette aimable confidentialité, il fallut néanmoins plus : un corps de doctrine. Ce fut le rôle de ce personnage au passé trouble, au présent sulfureux et à la mort mystérieuse que fut François Duprat 1 , mort assassiné en 78 . C'est à lui que le FN doit son discours social : partir à la recherche des éclopés de la modernisation économique, glaner du côté des couches populaires victimes du chômage qui allait exploser en ces années-là et leur fournir en même temps à la fois une explication simple, une colère mobilisable et un levier de révolte. L'équation immigré/chômeur allait mobiliser toutes les affiches du FN de cette période-ci.

Le lien était fait, qui était le propre du fascisme, entre la revendication nationale et la question sociale - qu'un Maurras et avec lui, tous les monarchistes de la première moitié du siècle avait délaissée au profit de la seule dénonciation de la République et d'un antisémitisme assumé. Le Pen le dit, sa langue fourche à peine quand dans ces années-là il évoque le retour d'une droite nationale, sociale. Ce n'est guère étonnant : Duprat était fasciste convaincu et fort admirateur du Führer.

Il est ici le premier marqueur du fascisme que nous cherchions : le lien étroit entre nationalisme, racisme et question sociale.

C'est ce marqueur qu'il importe d'analyser.

Retour au théorique

 

 


1) voir ce webdocu du Monde au sujet de Duprat