Chronique du quinquennat

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bibliographie        

Les quatre spécificités de la pensée maurrassienne
(fin)

Un nationalisme intégral

Intégral, c'est bien ainsi que Maurras a conçu le coeur de sa doctrine nationaliste. Et ceci au moins en deux sens :

- c'est une synthèse d'abord entre des corpus théoriques disséminés et souvent opposés qu'il finira par donner à la pensée d'extrême-droite. Il relie la monarchie, la contre-révolution, le positivisme scientiste, et nationalisme mais aussi catholicisme.

- c'est une volonté de mettre la nation au dessus de tout, seule puissance capable d'intégrer l'individu. Car c'est bien ceci qu'il faut d'abord retenir de cette théorie qui la place résolument à l'extrême de la droite française et la mettra en difficulté parfois dans ses relations tumultueuses avec l'Eglise : une nation fondée sur la nature plus que sur l'histoire, sur l'inégalité plus que sur la liberté, une nation qui seule donne un sens à l'individu qui le relie à l'autre par une relation de soumission plutôt que de réelle appartenance.

Ce nationalisme sourcilleux, fortement teinté d'anti-germanisme, mais en tout état de cause conscient de l'irréductible différence entre les nations et, assurément ivre de la supériorité de la France, a néanmoins ceci de particulier qu'il intègre la notion de révolution en son centre. Contre-révolution évidemment, ou, si l'on préfère, révolution au sens astronomique du terme. Maurras est intimement persuadé du génie de la race française autant que de son éternité. Si des accidents, perpétrés par l'étranger, le juif ou le protestant, firent 89 mais tentèrent de dissoudre ce génie dès la Renaissance, ce ne peut être que par l'action, violente s'il le faut, résolue toujours, ce ne peut être que par une politique déterminée que la Nation pourra renaître.

Ce nationalisme a des ennemis irréductibles, on l'a vu : le juif ; le protestant ; le maçon et le métèque. Mais derrière eux, derrière tout ce qu'il nomme l'Anti-France, il y a l'internationalisme ; la modernité urbaine ; l'argent et la finance internationale. Qu'on ne s'y trompe pas : on y trouve aussi la dénonciation des élites bourgeoises, de ce qu'il nomme le pays légal par opposition au pays réel et que d'aucuns nomment aujourd'hui système. Le nationalisme maurrassien se veut au service du peuple, enfin débarrassé via la solidarité des corporations, des miasmes de la lutte des classes et, à sa façon, est dénonciation du capitalisme qui a arraché l'homme à la terre. Car c'est cela qui frappe : la France qu'évoque ce nationalisme-là est celui d'une France encore essentiellement agricole qui voit dans l'industrialisation à peine entamée le péril majeur distillé par l'étranger, le juif ou le protestant.

On y trouve d'emblée, toute l'ambivalence du discours d'extrême-droite actuelle.

 

 

 

 

 

 


quelques affiches de l'Action Française d'hier et d'aujourd'hui