Elysées 2012

les camps en présence : la bataille vue par la droite

Tout ou presque tient dans ces quelques lignes où Fillon reprend ce qui fut le refrain de la campagne de 2007 :

"trois camps vont s'affronter en 2012" : "celui du conservatisme désormais incarné par la gauche", "le camp du populisme" et "la majorité présidentielle, progressiste, fière de ses valeurs nationales et européennes, fière de défendre le travail, le mérite, l'ordre républicain, la justice sociale".

Très belle inversion des schémas classiques : c'est la gauche qui est renvoyée au conservatisme ; et la droite au progrès.

On se souvient du discours de Toulouse du 11 Avril 2007, prononcé par Sarkozy,qui utilisait la même rengaine, dopée par l'item de la trahison. La gauche avait trahi parce qu'elle :

- a abandonné la nation à l’extrême droite.

- a confondu la liberté et le laxisme

- est conservatrice, immobile, statufiée

- a dévalorisé le travail et trahi Jaurès ; ne parle plus des travailleurs car elle ne défend plus que les statuts

- pratique le nivellement par le bas

- la gauche est incapable de lutter contre les injustices

Tout ce discours relevait du retournement d'une gauche qui avait trahi ; d'une droite qui reprenait à son compte ses valeurs ; d'une gauche qui ipso facto devenait conservatrice pour donner à la droite la puisance de la rupture et du progrès.

Ceci fait bien longtemps déjà que les mots se sont épuisés à ne plus rien dire ; bien longtemps que les réformes riment avec régression sociale ; progrès avec récession ; croissance avec inégalités accrues. Tout au long des Trente glorieuses le débat se distribuait entre réforme et révolution, la réforme étant l'apanage de la gauche socialiste, tiède, trop complaisante avec le système capitaliste et la bourgeoisie ; la rupture celle du PC ! Quant à la droite, elle demeurait conservatrice, au mieux ; réactionnaire, au pire !

Comme par un coup de baguette magique tout se sera inversé : comme si distribuées aux deux extrêmes d'une ligne qui aurait viré à 90 % attribuant aux uns ce qui avait autrefois échu aux autres, les mots et les postures fussent restés les mêmes. Seuls les socialistes, placés au mitan de la ligne, auront conservé leur posture : ils continuent de trahir !

Ce qui s'est passé entre temps ? Oh ! presque rien sinon que nous ne sommes plus dans le même monde :

- une culture politique qui s'efface laissant à chacun le loisir d'usurper les mots, les symboles et les figures sans que la ficelle, même grosse, ne puisse même suggérer la supercherie

- une crise du progrès qui n'a pas survécu aux grands chocs du XXe et qui nous plonge dans la morosité, la crainte ou quelque chose du fatalisme qui manque toujours de s'enflamme sans y parvenir jamais.

- un régime qui certes se sera hyper-présidentialisé ; qui se sera surtout hyper-personnalisé au point de toujours confectionner des thaumaturges aussitôt honnis qu'exhaussés.

Les mots, décidément ne parlent pas des choses ; ils ne sont même plus symboles d'un sens ; d'un concept. Parfaitement interchangeables dans ce grand manège des slogans qui portent parce qu'ils claquent, vibrillonnent ou cinglent ; certainement pas parce qu'ils aident à penser.

Les mots ne font plus sens, tout juste sensation ! Et au jeu de la percussion, tous les coups sont permis !

Tout ceci participe de ces éléments de langage : non pas les briques ciselées d'un raisonnement patient et argumenté, tout juste l'écornure d'une saillie, impétueuse certes, bravache parfois, mais aussi éparpillée qu'un délire haineux. Tout ceci participe de cette histoire que l'on va nous raconter, qui n'a pas besoin de parler du réel, ni même de nous ; encore moins de nos soucis ou inquiétudes : qui a besoin juste d'embraser le rêve - celui dont parlait Hollande - ou la gloire passée ; qu'importe ! pourvu seulement que l'histoire soit belle !

Le politique, décidément fuit, comme un tuyau poreux ! d'où s'échappent raison, humanisme et fraternité !

Nous y reviendrons !


Au meeting de Fillon, le pessimisme des sympathisants UMP

 

Arrivé sous les applaudissements polis de la foule, le premier ministre a voulu répondre aux craintes des sympathisants UMP.

"Je mesure parfaitement les inquiétudes et le scepticisme des Français. Ils attendent impatiemment la reprise économique : nous faisons tout pour cela, mais je n'ai pas de baguette magique", a-t-il déclaré.

Selon lui, "trois camps vont s'affronter en 2012" : "celui du conservatisme désormais incarné par la gauche", "le camp du populisme" et "la majorité présidentielle, progressiste, fière de ses valeurs nationales et européennes, fière de défendre le travail, le mérite, l'ordre républicain, la justice sociale".

Face aux études d'opinion qui prédisent, pour le moment, une défaite de Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle de 2012, M. Fillon a ajouté : "Ne vous laissez pas intimider par des sondages qui n'ont jamais fait la vérité des suffrages. Il ne sert à rien d'être acclamé par les sondages si c'est pour être ensuite disqualifié par les Français et par l'histoire".