Elysées 2012

Fraude sociale

Petit déplacement à Bordeaux sur les terres de Juppé : Sarkozy fait de la fraude sociale le sujet de son intervention ... et des JT de la soirée de naturellement embrayer.

Thème déjà utilisé lors de la campagne de 2007, le voici qui reparaît à un moment qui ne saurait être anodin : celui du tour de vis de la rigueur.

Qui n'est pas sans susciter un malaise certain :

Que l'exécutif en période de crise s'en aille chercher, où elles se trouvent, les ressources budgétaires supplémentaires n'a évidemment rien de choquant.

Néanmoins, si la question est de telle importance, que n'a-t-il pas entrepris une vaste opération depuis quatre ans?

Que le propos vogue allègrement une la ligne de flottaison sécuritaire n'a rien d'étonnant : il est le volet financier d'une stratégie plus large visant à se rappeler au bon souvenir de cet électorat très à droite qu'il ne faut surtout pas laisser filer du côté du FN. Preuve s'il en est que la crainte d'un 21 avril demeure vive.

Que le propos reprenne une des postures que l'on a commencé à voir poindre lors de la dernière intervention TV : celle du père Fouettard qui gourmande les français à leur manière responsables de la crise pour avoir cru que l'on pouvait travailler moins ; qui fraudent ... rien d'étonnant non plus; l'argument vise à dédouaner le système financier de toute responsabilité puisqu'aussi bien il ne saurait avoir de prise sur cette refonte du système capitaliste qu'il évoque parfois comme peut rôder, saumâtre, l'effluve de la mauvaise conscience.

Que le propos pointe néanmoins des coupables privilégiés : étrangers, immigrés, banlieusards ... n'est que la résurgence - sordide - d'une tentation originelle dont l'épisode des Roms l'année dernière avait souligné la rémanence endémique.

Des Français fainéants et des étrangers fraudeurs ....

[Qui] perçoit des allocations familiales alors qu'il ne réside pas sur le territoire national vole les Français

une obligation de travail de sept heures pour les bénéficiaires du RSA

A quoi répond l'antienne de l'effort que l'on a vu serinée par Fillon

Démarche curieuse, non dénuée de courage, mais peut-être d'un courage désespéré, que celle consistant à prendre les français à rebrousse-poil en les accusant d'être eux-mêmes les fauteurs des malheurs qui les accablent. Démarche qui est le pendant, en interne, de celle qui fustige, en externe, les marchés qui ont fait n'importe quoi, et les tricheurs (Grèce, Italie). Démarche qui peut séduire la droite extrême et la droite populaire, assurément, qui affectionne ce type de morale gourmandeuse et punitive et ce n'est certainement pas un hasard si le représentant de celle-ci, le député Jean-Paul Garraud, y aura été au premier rang des enthousiastes. Démarche, on l'a déjà dit, que Chirac aura payé du prix fort en 97, cependant.

En tout cas, la campagne se profile bien peu joyeuse : ni à gauche, ni à droite on ne semble vouloir dessiner de perspectives, encore moins annoncer d'autres promesses que celles de l'effort : une campagne comme embourbée dans la crise qui semble tout siphonner sur son passage.

Relents putrides !

Par delà gauche et droite ... oui sans doute G Courtois a-t-il raison : celle élection peut réserver d'énormes suprises. Tous les scrutins précédents auront montré combien les français cessaient de se reconnaître dans la partition partisane qui leur était proposée mais qu'en même temps, à la notable exception du 21 avril, ils finirent toujours par s'y résoudre.

Qu'en même temps, les ingrédients du 21 avril sont déjà réunis : l'absence de réelle perspective ; une crainte diffuse nourrie par aucun espoir ; un aveu d'impuissance de l'exécutif.

Rajoutons à ceci l'actuelle recherche xénophobe de bouc-émissaires et l'onction masochiste d'un peu d'auto-flagellation ... oui le compte y est


Au palmarès des tontons flagellants , l'inénarrable L Wauquiez qui :

veut réserver des logements sociaux à ceux qui travaillent


Laurent Wauquiez par BFMTVestime que "quand vous tombez malade, cela n'a aucun impact sur votre indemnité et votre salaire, ce n'est pas très responsabilisant."

 

 



Nicolas Sarkozy : Discours sur la fraude sociale par publicsenat