Elysées 2012

Un dimanche de meetings ....

Mélenchon Sarkozy Hollande

Sarkozy à la Concorde

A la Concorde, comme pour mieux finir où il avait commencé cinq années plus tôt, un discours tout de valeurs emprunt mais de stigmatisation de l'autre France aussi qui se terminera par un Peuple de France, n'ayez pas peur, ils ne gagneront pas si vous décidez que vous voulez gagner. Curieux discours en vérité qui semble faire l'impasse sur le premier tour pour pointer d'emblée l'enjeu du second ; qui, loin de rassembler - ce qui est quand même l'exercice obligé de tout candidat - cajole au contraire cette France qui souffre en silence contre cette autre qui n'a que les solutions du passé et l'affaiblissement de la Nation.

Comme il est d'usage avec lui, une nouveauté: la remise en cause du rôle de la BCE dont il demande que désormais elle soutienne la croissance et ne se réduise pas à son rôle de lutte contre l'inflation. Invective de tribune ? Sans doute : après tout il l'avait déjà fait il y a cinq ans en pourfendant un euro trop fort ! Mais ici il s'agit de bien autre chose :

je veux poser non seulement le problème des frontières, mais aussi celui du rôle de la Banque centrale dans le soutien à la croissance. C’est une question que nous ne pourrons pas éluder. Car si l’Europe ne veut pas perdre pied dans l’économie mondiale, elle doit absolument renouer avec la croissance (...) Si la Banque centrale ne soutient pas la croissance, nous n’aurons pas assez de croissance (...) l’Europe doit apurer ses dettes, elle n’a pas le choix, mais entre la déflation et la croissance, elle n’a pas davantage le choix. Si elle choisit la déflation, elle disparaîtra, il faut se souvenir des années 30

Amusant qu'après avoir taxé Hollande d'irresponsabilité pour vouloir renégocier le Traité Européen en lui adjoignant un volet croissance, Sarkozy se lance désormais dans une exigence de renégociation du périmètre de la BCE dont le moins que l'on puisse dire est quand même qu'elle le met en porte-à-faux à la fois avec ce qu'il a énoncé et fait depuis 5 ans, et avec l'essentiel de nos partenaires européens. Il est loin, si loin, le candidat qui n'avait que l'exemple allemand et les Mme Merckel à la bouche ! Tellement loin ! Ici on caresse ce qu'il y a de plus franchouillard. Entre sortir de Schengen et geler la contribution française au budget communautaire, nous voici très loin d'une campagne européenne.

P BuissonRhétorique de campagne ? oui sans doute mais reconnaître alors que ce sont bien les plus droitiers de son équipe qui sont désormais aux manettes : Buisson, Guaino, Mignon . Cela respire déjà la logique de vaincu ...

Car c'est bien ce qui transpirait hier après-midi de ce discours ... En dépit des mots, des encouragements, bien légitimes après tout, le sentiment de ce côté-ci que la défaite était au bout. On ne semble plus vraiment y croire et ce n'est assurément pas cette campagne, au définitif brouillonne, saccadée, sans véritable ligne directrice, qui puisse redonner l'élan pour cette dernière semaine.

A ce jeu Sarkozy se trompe deux fois :

- quitte à perdre, au moins le faire sur sa gauche. Or, ici, en se repliant derrière ce qu'il y a de plus sulfureux, en choisissant de flirter avec les thèmes de l'extrême droite, il choisit de tomber sur sa droite en ouvrant demain la possibilité d'une porte ouverte au FN. Si tel devait être le cas, la faute politique serait lourde. Impardonnable.

- président, il eût du tout faire pour ne pas insulter l'avenir : sa façon en campagne, de prendre l'Europe à rebrousse-poil, de souffler sur les braises de l'affolement des bourses le réduit aux bravades de tribunes et lui ôte ce qui pouvait demeurer de stature présidentielle.

Au bilan, celui que l'on disait excellent et redoutable candidat, et qui le fut effectivement en 2007, aura fait une détestable campagne et se contentant d'écluser les vieilles recettes : preuve s'il en est que l'habileté ne fait pas tout - mais les circonstances politiques.

 

 


discours et vidéo ici