Elysées 2012

Internet et la campagne

Internet a-t-il une influence sur l'issue des présidentielles ? La question revient ça et là sans pouvoir être résolument résolue. Notamment dans un article de Slate (1). La seule chose que l'on puisse dire c'est qu'en cinq ans, assurément, les choses ont profondément changé et il est sans doute temps d'en prendre ici la mesure.

Un usage fort de l'Internet et des réseaux sociaux

Il n'est pas de candidat qui n'ait son site et, souvent deux, dans la mesure où figurent à la fois le site personnel et le site de campagne. C'est le cas pour Mélenchon notamment qui à côté du site du Front de Gauche continue à nourrir son blog. C'est le cas pour Sarkozy comme pour Hollande qui font se jouxter, avec des rôles assez différents, à la fois celui du parti et celui de la campagne proprement dite. Il n'est pas de candidat non plus qui ne se serve de Facebook, et parfois de manière très habile (Sarkozy) mais même si le nombre d'amis peut sembler glorieux, rien n'indique que ceci soit un dispositif efficace de campagne. Pour autant V Glad a sans doute raison de dire que l'impact d'Internet n'est pas mesurable en déclarant que l'audience des sites est plutôt décevante.

A-t-il pour autant raison de dire que seule compte encore la TV et que ce serait la couverture TV qui donnerait de étoffe aux candidats ? Ce serait en tout cas sous-estimer le rôle, certes limité, de diffuseur que joue désormais Internet via les sites de partage; Il n'est pas un meeting de quelque candidat que ce soit qui ne soit visible sur Youtube ou Dailymotion. Même si LCP ou telle ou telle des chaînes d'infos en continu fait le travail de transmission, il n'empêche qu'Internet offre une mobilité d'accès très large - sans compter la fabuleuse mémoire que ceci suppose.

Sans doute Internet n'est-il pas un lieu de conviction d'ailleurs une campagne est-elle vraiment le truchement par quoi des opinions se forgent ou changent ? n'est-ce pas plutôt ce par quoi l'électorat lentement se rassemble autour de quelques mots d'ordre et se décide du la à donner ? Pourquoi Internet ferait-il plus ou autrement ?

Pour autant c'est le suivi de la campagne qui me semble différent. Il n'est qu'à regarder la nouvelle mouture du site du Monde pour le comprendre. Entre le fil continu en bas de page et le live nourri tout au long de la journée par des commentaires, des fils d'actualités : c'est bien à un traitement en direct live que nous assistons. Ce qui fait que l'émission radio du matin est aussi bien relayée que le meeting de milieu d'après-midi quand il n'y a pas si longtemps encore les meetings étaient réservés au début de soirée avec mots soigneusement ciblés en début de discours pour être repris au JT de 20H. Confirmé par l'habitude désormais prise par beaucoup de journalistes de tweeter à mesure du déroulement de l'événement ce qui s'y dit, voit ou comprend. Le texte écrit et publié viendra après qui ponctuera avec tant soit peu de recul l'impression immédiate toujours déjà diffusée.

C'est cela qui a changé : une profusion continue d'informations où chacun est acteur autant que spectateur même si ça et là quelques innovations se font jour : des analyses de discours rapides, donc des webdocus aux formats singuliers ; mais aussi des émissions plus longues : comme l'entretien avec Mélenchon sur Mediapart qui aura duré plus de deux heures trente - ce que les grandes chaînes ne peuvent vraiment faire. Rajoutons les rubriques Désintox présentes ça et là !

Je crois simplement que c'est résolument à une véritable campagne multimedia que nous assistons parce que tous les médias s'y interpénètrent et se relaient les uns les autres.

 


1) un article sur slate.fr

la vraie timeline de Sarkozy

sarkolol