Elysées 2012

Petites peurs entre amis

Il aura suffi de peu de choses : deux seulement ! Un second sondage confirmant la poussée de Mélenchon ! et les indications sur la lassitude éprouvée de cette campagne qui semble ne pas tenir ses promesses - et donc le risque de l'abstention. Deux tout petits indicateurs et le sentiment que dans le camp Hollande subitement on se décide à bouger sans sans quelque signe d'affolement .

Hollande à la Réunion Hollande déclare que :
Bien plus que la dispersion des voix, le plus grand risque est celui de l'abstention.
Ce qu'il a parfaitement senti c'est l'absence d'enthousiasme à son égard ; ce qu'il sait c'est combien l'anti-sarkozisme dont il engrange l'écôt, ne saurait être suffisant pour gagner. Il sait que la dernière ligne droite sera difficile et qu'il faudra aller chercher les électeurs un à un et que sa stratégie plume de canard ne suffira plus. Cela se sent : il se fait plus mordant lors du dernier meeting ; l'ironie revient qu'il avait soigneusement occultée depuis le début de la campagne. Mais, même s'il ne le dit pas - et il ne peut le dire - conjointement la montée de Mélenchon ne peut pas ne pas l'inquiéter.

MontebourgD'où l'intervention de Montebourg qui avait été lors des primaires ce troisième homme au résultat étonnamment élevé et reste à ce jour ce qu'il y a sans doute de plus proche de Mélenchon au PS.

Montebourg se fait le petit plaisir de souligner les convergences, notamment la confrontation inéluctable entre les peuples et la finance, ensuite une volonté commune de renégocier le traité européen 'austéritaire
même s'il ne cache pas les réelles divergences - notamment sur le SMIC. Mais, alors qu'il n'en fut jamais question ces derniers temps, il évoque la nécessité de discussions entre le PS et le Front de Gauche pour les législatives qui suivront :
La présidentielle n'est pas une élection de fabrication de programme. C'est une élection qui sélectionne le chef de l'État. Les législatives ont pour objectif de construire l'union des programmes. C'est dans ce cadre-là que l'on peut négocier avec Jean-Luc Mélenchon et les partis composant le Front de gauche

Ce qui semblait évident à tous depuis quelques semaines semble désormais entendu : autant le PS pouvait se permettre le luxe de négliger le Front de gauche quand celui-ci pesait 5 ou 6% des intentions de votes, autant, hissé à une possible troisième place, ceci devient impossible et l'obligation se fait jour de composer avec cette aile gauche si la présidence était conquise.

En réalité c'est ce jour du 1e Avril que commence l'après-présidentielle et en réalité les législatives.

Car ce qui apparaît assez clairement c'est combien la majorité préidentielle est à contours encore bien flous du côté de la gauche et combien l'on pourrait adreser quasiment le même reproche à Hollande que celui que l'on oppose à Bayrou : avec qui allez-vous gouverner ?

Pour autant que l'objectif de Mélenchon soit d'ancrer le PS le plus à gauche possible et l'empêcher de succomber à la tentation centriste, l'objectif semble désormais presque atteint. Le second, réduire l'influence du Front National l'est déjà.

C'est dire que la surprise que Hollande croit être le lot de tous les scrutins présidentiels s'est déjà produite avec Mélenchon.

On ne peut pas en dire autant du côté du PS. C'est que l'enjeu pour Hollande n'est pas seulement de gagner - ce qui n'est pas encore fait mais semble désormais, à trois semaines du premier tour, à portée de main - mais de redessiner le paysage politique de manière claire pour les cinq années qui suivent et, donc, de clarifier ses options parlementaires.

On croit rêver quand on réécoute le débat de 74 entre Giscard et Mitterrand, le premier n'ayant pour toute entame de débat rien d'autre à reprocher à Mitterrand que de ne pas avoir de majorité parlementaire et de devoir donc dissoudre et ainsi faire perdre deux mois au gouvernement de la France. Nous sommes à trois semaines du 1e tour, et le président sortant n'a pas encore publié de programme ; et le candidat socialiste n'indique pas clairement avec qui il va gouverner ....

Inévitablement dans ces trois dernères semaines cela va encore bouger. C'est peut-être maintenant seulement que les choses vont devenir intéressantes.

Il st juste dommage que, plutôt que des choix politiques clairs, les deux candidats principaux se préoccupent plus de stratégie que de perspectives.

O tempora O mores !