Elysées 2012

La gauche et la morale

Une vieille histoire mise à mal très récemment à la fois par la putride affaire DSK et par le subit retour sur la scène politique de l'affaire Tapie via l'enquête judiciaire de la Cours de justice de la République sur Ch. Lagarde.

Ci-dessous une ITV de Ch Prochasson sur France Culture *

Cette histoire, sans doute commence-t-elle dès 89, mais en tout cas dès 94 : la corrpution n'était-elle pas avec la trahison qu'elle accompagnait le plus souvent le prétexte utilisé pour éliminer ses adversaires ? Danton en fit les frais ! Il ne fut pas le seul.

Même s'il n'est pas faux que l'argument moral eut souvent servi de prétexte à manoeuvres politiques, il n'empêche que la probité est au centre de l'idéal républicain. Il n'est qu'à lire les discours de Robespierre pour en comprendre la logique. (1)

Il en va en effet de l'élu républicain comme des deux corps du roi de Kantorowicz. L'élu est un homme comme tous les autres mais en tant qu'élu il représente la nation ; il est la nation. Au même titre qu' un député n'est pas considéré comme un quantième de l'Assemblée Nationale mais est la nation assemblée, au même titre il transcende ses intérêts particuliers pour incarner la volonté générale. Cette généralité qui ne signifie pas nécessairement unanimité dessine pourtant le rapport que l'élu entretient avec le reste de la nation. (2) Guide autant que porte parole ! Acteur autant que médiateur.

Il faut étudier la société par les hommes, et les hommes par la société: ceux qui voudront traiter séparément la politique et la morale n'entendront jamais rien à aucune des deux. (3)

Le lien avec la gauche, pour autant qu'elle inspira la république est évident.

Il ne s'agit évidemment pas de dire que les hommes de gauche seraient plus moraux que les autres, ni qu'ils ne se manifestent pas dans leur rang autant de dérives, de corruption qu'ailleurs ; tout au plus peut-on dire que l'histoire de nos républiques les ayant très longtemps éloignés du pouvoir, la tentation y fut moindre. La gauche au pouvoir 15 ans entre 81 et 2002 a laissé des traces...

Il s'agit seulement de rappeler que ce n'est pas la même morale que les deux camps avancent. A droite on aura succombé très vite à l'utilitarisme qui n'est finalement qu'un disposition au calcul du moindre mal. Il n'y s'agit que de faire pratiquer des actes moraux par des hommes qui ne le seraient pas.

A gauche, au contraire, avec tous les risques que ceci comporte, et notamment totalitaires, il est plutôt question de faire naître une nouvelle humanité qui serait d'autant plus morale qu'elle serait libre.

Parce que la gauche se targue d'un vrai projet global qui se joue sur le bien-vivre et le vivre ensemble, qu'au fond elle vise le qualitatif plutôt que le quantitatif, mais que surtout, la question morale débute précisément dans le rapport à l'autre et qu'elle implique plutôt que de se contenter de s'adapter il vaille mieux au contraire se révolter, en tout cas refuser le réel tel qu'il se présente, la réflexion morale est à nouveau centrale.

Ce qu'il y a de nouveau désormais c'est qu'il ne suffira plus de vouloir harmoniser le rapport à l'autre mais qu'il faille reposer en même temps notre rapport au monde. Cela change tout !

Et cela donne tout son sens à une interrogation morale.


1) sur la peine de mort

sur la morale ; la vertu républicaine

on trouvera d'ailleurs sur ce site une bonne vingtaine de ses discours

2) voir notamment

3 ) Rousseau L'Emile

4) Jaurès sur la morale socialiste


Zemmour en juil 2010

 

 


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