Elysées 2012

Bayrou vote Hollande

19h20 jeudi 3 mai :

pour la première fois de son histoire turbulente, le centre montre que son arrimage à droite n'est pas une fatalité. Sans donner de consigne de vote - c'est la tendance aujourd'hui, au nom du respect de l'électeur, de ne pas se considérer propriétaire des voix recueillies et de laisser donc chacun se déterminer par soi-même - Bayrou indique que, lui, votera Hollande.

Qu'on ne s'y trompe pas : cela ne signifie nullement un ralliement et les interprétations hâtives de certains journalistes ne voulant y voir que la détestation à l'égard de Sarkozy, ou de sombres manoeuvres d'arrière-cour en vue d'obtenir sinon un maroquin en tout cas un groupe parlementaire ne me semblent pas cohérentes.

Il faut d'abord prendre à la lettre son intervention de ce soir : c'est bien plutôt l'extrême-droitisation de la campagne d'entre deux tours de Sarkozy, violente dit-il, qui aura rompu toute accointance possible.

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La ligne a été franchie, la digue a été rompue, pour reprendre les métaphores classiques, qui séparait la droite républicaine de l'extrême-droite.

Ces surprises que nous attendions et qui sont le lot de toute présidentielle, nous commençons désormais de les cerner. Elle n'est vraisemblablement pas, dans un retournement de dernière minute des tendances et des courbes. Sans doute Sarkozy a-t-il désormais définitivement perdu et le message de Bayrou n'est jamais que l'ultime coup de cette chronique d'une défaite annoncée.

Non décidément, la première surprise demeure le score élevé du FN le 22 avril ; la seconde la stratégie éhontée de la campagne sarkozyste qui flirte tellement avec les thèmes du FN qu'on en finit par ne plus voir les différences. Hollande ce soir à Toulouse a évoqué la reprise d'une histoire brusquement interrompue en 2002 : il ne croit pas si bien dire ! L'irruption du FN dans l'échiquier politique n'était pas qu'un accident passager du à des erreurs stratégiques : sa présence est permanente, lourde et nous n'avons as fini d'en payer le prix. On avait naïvement pu croire que la stratégie de 2007 avait permis de le vider de toute substance mais certains déjà avaient redouté alors, que cette dangereuse stratégie, couronnée de semi succès en 2007, n'allait finir par se retourner contre son auteur. En l'occurence, ce n'est pas Sarkozy qui a dévoyé le FN, mais bien le FN qui aura contaminé Sarkozy et, avec lui, une partie non négligeable de la droite républicaine.

Ce 22 avril qui prolonge l'écho du 21 révèle une France divisée, très à droite : c'est tout le paradoxe d'une gauche qui demain détiendra sans doute le pouvoir au moment même où le pays connaît une fièvre droitière sinon puissante en tout cas profonde.

Il sera toujours temps d'envisager toutes les conséquences politiques. C'est, ce soir, prématuré, même si l'on peut deviner d'ores et déjà une implosion de l'UMP, des reclassements et, sans doute, la tentative de Bayrou de rassembler autour de lui ce que droite et centre comptent d'humaniste, de républicain pour parler comme Raffarin. Prématuré d'envisager les contours de la future majorité parlementaire et des enjeux à ses marges, autant que des contours de la future opposition. Mais, assurément, il faudra tout le talent de synthèse, d'homme du rassemblement d'un Hollande pour parvenir demain à recoller les morceaux d'une France brisée, divisée, brutalisée.

Il a sans doute les moyens d'y parvenir. Il n'a en tout cas pas le droit politiquement d'y échouer. J'ai crainte qu'un échec ne ramène en 2017 non pas la droite mais Le Pen !

Nous parlions tout au long de ces analyses de croisée : nous y sommes.

Au point où nous en sommes, serait souhaitable non pas seulement que Hollande gagne mais qu'il gagne surtout avec une confortable avance. Le 1e Mai 2002 avait vu des foules immenses, et celles de la jeunesse notamment, s'indigner et récuser la place de Le Pen au 2e tour. La Nation alors avait su se rassembler et dire non à 80%.

Il lui faudra bien aussi demain montrer qu'elle en est toujours capable.

Les derniers sondages ramènent Hollande à 52,5 % . Cela fait un moment que j'augure pour ma part un score de 52/48.

Tout ce qui viendra au delà serait un signe éminemment encourageant d'un refus de cette droitisation extrême ; d'un rejet de ce que représente le FN.

Mais, bigre, que la tâche sera dure demain !

 

 

 

 


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