Elysées 2012

De la fête
(1e Mai - fête des mères)

La volonté de Sarkozy de procéder à un grand ressemblement le 1e Mai irrite ici et .

Soit !

Ce qui est vrai en tout cas, c'est que l'histoire du 1e Mai en fait une des grandes dates symboliques du mouvement ouvrier, marqué notamment par la fusillade de Fourmies en 1891. Ce qui est vrai c'est que le 1e Mai avant d'être la fête du travail est d'abord un moment privilégié de l'affirmation des revendications syndicales ; à ce titre plutôt une journée des travailleurs qu'une fête du travail.

Il faudra attendre en France le régime de Vichy, la révolution Nationale et cette volonté acharnée de fonder, sur les décombres supposées de la lutte des classes, un rassemblement corporatiste des métiers, de créer une communauté nationale réunie autour d'un Etat et surtout d'un guide fort. Vichy n'aima rien tant que les fêtes supposées être ces grand moments de rassemblements où la foule, la nation, mais pas les individus justement, se réunissent pour se consacrer à plus haut qu'elle, la Nation, le Travail, la Patrie.

D'où aussi la Fête des mères, dans le même esprit. Les dictateurs n'aiment jamais vraiment les femmes, mais les mères oui, pour le sacrifice où elles se réalisent ; et les enfants pour le sacrifice où ils se réaliseront, demain, sous les armes, pour la défense de la Nation.

On voit bien, ponctuellement, le jeu joué par Sarkozy dans ses relations difficiles avec des syndicats qu'il espère pouvoir demain disqualifier en tant que corps intermédiaires. Pour autant, fêter le travail comme les pères a depuis longtemps dans la société française perdu ses connotations fascistes. C'est bien un autre problème, mais révélateur de nos sociétés, que cette impossibilité de créer de nouvelles fêtes qui lui correspondent : au fond, hormis la fête de la musique, et encore est-elle plaquée sur l'equinoxe de printemps, il n'en est aucune qui tienne.

Les chrétiens l'avaient entendu très vite qui plaquèrent toutes leurs fêtes sur celles, païennes, existantes. Mais cela veut dire aussi qu'il n'est pas de société qui n'ait tenté de récupérer le passé : une fête, par exemple, est récupération !

L'heure n'est plus aux foules ... non plus qu'aux vastes communautés mais à l'individu qui cherche à inventer ses relations non tant avec l'autre qu'avec le prochain, et qui t parviet si difficilement.