Palimpsestes

Abstention record, parité en hausse, diversité à la traîne

Abstention.

L'appel à la mobilisation des électeurs lancé par la gauche a été manifestement entendu, même si le scrutin a été marqué par un nouveau record d'abstention. De 39,58 % au premier tour, le taux d'abstention est passé à 40,01 %. Le précédent record pour un second tour d'élections législatives était de 39,69 %, le 16 juin 2002. Si la participation aux élections législatives est traditionnellement moins élevée qu'à la présidentielle, le cru 2007 s'est traduit par un écart saisissant entre les deux scrutins : seulement 16,2 % des inscrits s'étaient abstenus le 22 avril et 16 % le 6 mai. Ces chiffres confirment que les législatives ont globalement été perçues comme une élection de "confirmation" du scrutin présidentiel. Le sursaut de la gauche s'explique partiellement par un différentiel de participation entre les deux tours plus marqué dans les régions qui lui sont favorables.

Parité.

Malgré les promesses et les discours paritaires, la nouvelle Assemblée restera très majoritairement masculine : seules 18,5 % de femmes ont été élues au Palais-Bourbon, soit 107 sur 577. Sur les 107 femmes, 61 sont à gauche, dont 49 au PS, et 46 à droite, dont 45 à l'UMP. Grâce au sursaut du PS, le nombre de femmes a progressé - elles représentaient seulement 12,3 % de l'ancienne Assemblée -, mais la France reste malgré tout en queue de peloton européen : avec ce résultat, elle est en 15e position de l'Europe des 25, derrière la Lettonie, la Pologne, le Portugal et l'Estonie.

Cette faible représentation des femmes est la conséquence logique de l'engagement "pour le moins modéré", selon le mot de l'Observatoire de la parité, des partis : si le PS avait placé plus de 45 % de candidates sur ses listes, l'UMP était nettement en dessous de l'objectif annoncé de 30 %. Le parti de la majorité présidentielle a donc une nouvelle fois préféré se priver de financements publics plutôt que de présenter des femmes : en 2005, la dotation de l'UMP avait été amputée de 4,2 millions d'euros pour non-respect de la parité aux élections législatives.

Pour encourager la parité, Nicolas Sarkozy avait proposé en avril, dans un questionnaire de l'Observatoire de la parité, de compléter la loi de 2000 par la "création d'un bonus financier qui serait accordé aux partis ayant fait élire le plus grand nombre de femmes". "On verrait alors plus de femmes qu'aujourd'hui dans les circonscriptions "éligibles"", affirmait alors le candidat à la présidentielle.

Diversité.

Malgré les discours des partis en faveur d'une meilleure représentation de la population française, il n'y aura guère, en métropole, qu'une seule élue issue de la diversité au sein de la nouvelle Assemblée. Après avoir éliminé au premier tour le député socialiste sortant Michel Charzat, candidat dissident, George Pau-Langevin, investie par le PS, l'a emporté à Paris face à Raoul Delamare (UMP). Cette avocate d'origine guadeloupéenne réalise même, dans le 20e arrondissement parisien, un meilleur score (62,7 %) que son prédécesseur en 2002 (57,5 %).

Sinon, aucun autre candidat issu des minorités dites "visibles" n'a réussi à s'imposer, la plupart ayant été investis dans des circonscriptions quasi imprenables. Au PS, 6 des 17 candidats en lice au départ s'étaient maintenus au second tour mais aucun ne l'a emporté. Même Safia Otokoré à Trappes (Yvelines) et Faouzi Lamdaoui à Argenteuil (Val-d'Oise), qui étaient tous deux en ballottage ouvert, n'ont pas repris à la droite leur circonscription. Le constat est encore plus accablant à l'UMP : malgré la nomination de Rachida Dati à la justice et la vague bleue du premier tour qui avait permis à la plupart des candidats désignés de se maintenir au second tour, il n'y aura aucun élu représentant de la diversité.