Palimpsestes

A Belfort, fin de partie politique pour M. Chevènement
LE MONDE | 18.06.07

L'ancien ministre de l'intérieur de Lionel Jospin, qui avait réussi un retour remarqué dans l'équipe rapprochée de Ségolène Royal, rate sa sortie.

C'est la fin d'une histoire. Avec l'élimination de Jean-Pierre Chevènement dans le territoire de Belfort par le député UMP sortant Michel Zumkeller, le Mouvement républicain et citoyen (MRC) semble s'éteindre. L'ancien ministre de l'intérieur de Lionel Jospin, qui avait réussi un retour remarqué dans l'équipe rapprochée de Ségolène Royal, rate sa sortie.

Malgré le soutien appuyé de la candidate socialiste à la présidentielle, M. Chevènement n'a recueilli que 45,52 % des suffrages, contre 54,48 % pour M. Zumkeller, qui lui avait ravi son siège en 2002. Au premier tour, il avait pâti de la candidature dissidente du socialiste Alain Dreyfus-Schmidt, fils du sénateur (PS) Michel Dreyfus-Schmidt et n'a pas réussi à surmonter la division de la gauche, encore sensible au second tour.

ETHIQUE RÉPUBLICAINE

M. Chevènement avait préparé son éventuelle défaite en avertissant, dès le premier tour, qu'en cas d'échec il ne serait pas candidat à sa succession aux municipales de 2008 à Belfort. Il l'a confirmé dimanche soir. "Mon retrait suscitera, je l'espère, le sursaut salvateur d'une gauche qui doit impérativement surmonter ses divisions et se ressourcer dans l'idéal républicain", a précisé l'ancien ministre. "Un homme politique doit avoir la confiance des électeurs. C'est une question d'éthique républicaine élémentaire", a-t-il ajouté. A 68 ans, le "Che" renonce ainsi à se représenter dans une ville où il était élu maire depuis 1983.

Pour faire bonne figure, M. Chevènement a assuré "ne pas se mettre aux abonnés absents et vouloir participer à la rénovation de la gauche". Il sera pourtant bien difficile à cette figure de la gauche républicaine de trouver désormais les moyens d'exister sur la scène politique. Cet échec se double d'un autre, moins symbolique, celui du secrétaire général du MRC, Georges Sarre. Ce fidèle de Jean-Pierre Chevènement a raté son parachutage dans la 2e circonscription (Aubusson) de la Creuse face à l'UMP Jean Auclair, qui l'a emporté avec 57,02 % des voix. Après avoir tenté de s'imposer dans son ancien fief du 11e arrondissement de Paris - où il est encore maire -, M. Sarre avait dû s'incliner afin de ne pas faire capoter un accord PS-MRC auquel M. Chevènement tenait. Il s'était vu proposer cette circonscription rurale où il disait "avoir des attaches familiales". Les électeurs n'en ont eu cure.
Sylvia Zappi