Palimpsestes

Le PCF devrait pouvoir sauver son groupe parlementaire
LE MONDE | 18.06.07

Même les responsables du Parti communiste n'en espéraient pas tant. Avec 18 députés (en comptant les apparentés) élus ou réélus, le PCF a désormais de bonnes chances de pouvoir garder son groupe à l'Assemblée nationale avec quelques alliés.

La direction du parti affichait sa satisfaction dimanche au soir des législatives. "On trouvera les députés communistes dressés contre la politique (de la droite), c'est un acquis de ces élections qui n'était pas donné d'avance, pour le moins !", s'exclamait le responsable aux élections, Michel Laurent, place du Colonel-Fabien. La direction communiste soulignait que ses députés avaient augmenté "de manière significative le total des voix qui s'étaient portées sur la gauche au premier tour". "Le PCF n'est pas mort et on le prouve", lançait, bravache, M. Laurent.

Le tour des circonscriptions remportées par les communistes montre un gain inespéré entre les deux tours. Les sortants qui pouvaient s'attendre à leur réélection améliorent le rapport de forces gauche-droite. C'est le cas en Seine-Saint-Denis de Marie-George Buffet (Blanc-Mesnil), de Patrick Braouezec (Saint-Denis), de François Asensi (Tremblay), ou encore d'André Chassaigne dans le Puy-de-Dôme et d'Alain Bocquet dans le Nord.

Le PCF garde également des circonscriptions plus fragiles comme celle de Daniel Paul en Seine-Maritime, de Michel Vaxès dans les Bouches-du-Rhône et de Jacqueline Fraysse à Nanterre (Hauts-de-Seine). En région parisienne, le parti sauve au total l'essentiel des sièges de la "banlieue rouge" qui lui restaient. Il ne perd "que" la circonscription d'Aubervilliers en Seine-Saint-Denis. En revanche il se paye le luxe de gagner une nouvelle circonscription dans la Seine-Maritime avec l'élection de Jean-Paul Lecoq, maire de Gonfreville-l'Orcher.

Il semble que les candidats PCF aient bénéficié d'une remobilisation de l'électorat populaire qui avait largement boudé les urnes au premier tour et réussi à attirer un nombre significatif de nouveaux électeurs. "Il y a eu un sursaut de la gauche face aux premières mesures gouvernementales", veut croire M. Braouezec.

"PORTER LA PAROLE POPULAIRE"

La direction du PCF va dans les jours qui viennent tenter de trouver le ou la député(e) manquant(e) pour compléter son groupe. Il s'est déjà adjoint Jacques Desallangre, député de l'Aisne, élu sous l'étiquette MRC mais siégeant dans son groupe lors de la législature précédente, et espère rallier l'élue du Parti communiste réunionnais Huguette Bello, qui siégeait chez les non-inscrits. Il pourrait aussi tenter de convaincre le député MRC du Nord Christian Hutin ou un ou deux députés PRG. "Il faut un groupe pour porter la parole populaire à l'Assemblée nationale", a insisté Marie-George Buffet, qui a lancé, dimanche, un appel aux quatre députés Verts pour qu'ils rejoignent eux aussi un groupe "ouvert". "Je suis d'accord et même je le lui demande", a aussitôt répondu Noël Mamère, réélu en Gironde. Patrick Braouezec, qui avait engagé les discussions avec M. Mamère entre les deux tours, s'est lui aussi réjoui d'une telle initiative.

La performance du Parti communiste a regonflé le moral de Mme Buffet, encore miné voici quelques jours par son faible score à la présidentielle (1,93 %), où elle avait été devancée par le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire Olivier Besancenot. La secrétaire nationale ne devrait pourtant pas éviter une discussion serrée lors de son conseil national du 22 et 23 juin.

La réunion des cadres devrait ouvrir le débat du congrès extraordinaire voulu par la direction afin de "remettre à plat" le rôle du parti. Elle pourrait marquer le début des hostilités internes. "Les bons résultats n'exonèrent pas le parti de réfléchir à sa refondation", estime François Asensi. Les partisans de Robert Hue ont déjà prévu de sortir de leur silence en organisant une conférence de presse, mardi 19 juin.
Sylvia Zappi