Elysées 2012

Les écologistes font monter les enchères entre les deux finalistes

A l'occasion des premières journées parlementaires d'Europe Ecologie-LesVerts, qui se déroulaient lundi 10 octobre à Rambouillet (Yvelines), les Verts ont montré qu'ils avaient lu Gramsci et en avaient saisi les conclusions. "Nous avons la majorité culturelle", a assuré Cécile Duflot, secrétaire nationale du parti, avant d'évoquer "le chemin de croix" qu'est toujours, pour les écologistes, l'accès à l'Assemblée nationale. Pour passer de la "majorité culturelle" au pouvoir tout court, face à une "social-démocratie qui a trouvé ses limites", il faut frapper fort.

Frapper fort : c'est la leçon que l'état-major d'EE-LV a tiré de la primaire socialiste. L'écart moins net que prévu entre les deux principaux candidats leur permet de faire monter les enchères, et ils ne s'en privent pas. Le ton avait été donné un peu plus tôt par Eva Joly, qui avait ironisé sur les "vieilles formations", avant de lancer un très applaudi "le vrai changement, c'est nous !".

ADDITION SALÉE

Avis à la social-démocratie agonisante : EE-LV leur prépare une addition salée. Martine Aubry a eu, si l'on en croit les dirigeants verts, la préférence de leurs militants qui sont allés voter mais, quel que soit le candidat investi, les Verts n'ont pas d'état d'âme. Harlem Désir, premier secrétaire par intérim du PS, venu assister à une table ronde sur le rassemblement à gauche pour 2012, n'a pas tardé à s'en apercevoir.
La primaire est certes un succès, mais la personnalisation qu'elle induit n'enthousiasme pas leurs partenaires potentiels. Harlem Désir choisit d'éviter ce terrain pour recentrer le débat : "Quel que soit le résultat du deuxième tour, a-t-il affirmé, le candidat sera bien au rendez-vous avec les écologistes." Cécile Duflot, tout sourire, a déroulé les exigences écologistes.

En premier lieu, plus de "caporalisme" entre partenaires. M. Désir, qui a du métier, a applaudi mollement, les yeux dans le vague. "Et c'est la dernière fois, je dis bien la dernière, que nous demandons un partage des circonscriptions. L'introduction de la proportionnelle, c'est la meilleure solution !", a dit Mme Duflot. Harlem Désir, souriant, a dodeliné de la tête.

STRATÉGIE DE L'ÉDREDON

"La sortie du nucléaire, ce n'est pas de notre part un caprice ni une posture identitaire, c'est une évidence. Si vous ne l'acceptez pas, il n'y aura pas de participation au gouvernement. Ma main droite ne signera pas un accord avec toi sans un calendrier de sortie", a lancé la secrétaire nationale d'EE-LV, avant d'ajouter, d'une voix douce : "J'espère vraiment qu'un socialiste ne prendra pas le risque d'une défaite en 2012…"

Harlem Désir, lui, a continué dans sa stratégie de l'édredon : sourires, regard dans le vide, applaudissements. Il a répondu qu'il n'y avait entre partenaires, concernant la sortie du nucléaire, que des "différences de rythme", avant d'oser un "ensemble, nous allons faire franchir un pas à la France". Mollement applaudi.

Anne-Sophie Mercier
Le Monde 11 Oct