Elysées 2012

Bayrou se dévoile ...

On le savait, et il avait fait de son acte de candidature un marathon. D'annonce en annonce d'annonce, le moins que l'on puisse dire est qu'on ne saurait être surpris. Néanmoins dans la liturgie de la Ve, l'acte de candidature est toujours un moment solennel : il mérite donc qu'on s'y attarde.

Un décor d'abord :

un assez joli dégradé qui part d'un bleu presque noir vers un jaune orangé en passant par un violet intense et un blanc crème étonnant. Du foncé au clair on obtient ici presque la totalité du spectre lumineux à l'exception notable du rouge et du vert - faut-il y voir une signification politique ? - en tout cas c'est suggérer puisque ce sont là les deux couleurs antagonistes du violet sur fond de quoi la caméra le place irrémédiablement, et qui forme ainsi le centre de gravité de cette mise en scène. Violet, couleur de la tempérance, elle est aussi celle de la mélancolie, de l'obéissance et de la soumission. Couleur des rêveurs et des solitaires qui suggère plus la spiritualité en quête de sagesse que la jouissance matérielle.

Rien de tout ceci n'est évidemment un hasard et l'envers du décor nous le signale assez bien : cette pénombre qui révèle - mais ne cache pas - un public rare est là pour faire exact contrepoids du barnum explosif de Toulon. C'est au fond tout le challenge de Bayrou qui s'écrit ici devant nos yeux : il n'existe que par rapport aux deux autres, à ces deux extrêmes dont il se pense le juste milieu, la tempérance. Il ne peut ni tout à fait les nier puisqu'il s'en estime le mitant, ni les rejoindre sans adjurer, ni surtout les nier puisque sa position les implique. Mais en même temps il sait qu'il ne peut se contenter d'en être seulement le négatif photographique, qu'il lui faut construire une histoire, un personnage ... une destinée.

On l'a écrit déjà, le centre est un point géométrique et pour cela un non-lieu politique à quoi Bayrou tente nonobstant de donner un ancrage : c'est pour cela qu'il ne peut le faire sur le mode sarkozyste de l'exhibition, de la performance et de la foire. L'espace centriste est un espace intérieur et participe totalement de l'inhibition : avec lui on ne sort pas de la caverne, on y entre. Avec Bayrou on n'entre pas en campagne, mais dans les ordres avec les épreuves propédeutiques qui s'imposent, dont la traversée du désert - et la tentation - ne sont pas les moindres. Il faut savoir être seul pour avoir raison contre tous. Il faut savoir être seul pour rassembler tout un peuple.

Assurément ce décor, qui glisse insensiblement du bleu presque noir au blanc, avec référence presque implicite à l'orange de 2007, est là pour incarner ce rassemblement.

 

Une liturgie gaulliste

Ironie de l'histoire sans doute que d'entendre un Bayrou rappeler à l'ordre gaulliste les autres candidats, tant de Gaulle échoua, on le sait, à réunir autour de lui ce qu'il restait du MRP, qu'illustra en 65 la candidature de Lecanuet ; une réunion commencée seulement en 69 avec Pompidou, achevée avec Giscard en 74. Tout, dans le discours comme dans la posture souligne combien Bayrou cherche à en revenir aux principes, aux fondements, à la source gaulliste de 58. Et il le dit.

Cette liturgie c'est celle de l'homme au dessus des partis se présentant seul face au peuple, comme un guide, un arbitre. Indéniablement ceci l'oblige à se proclamer toute modestie bue - comme celui qui a eu raison avant tout le monde, a compris avant tout le monde. En sorte que sa solitude, loin d'être un obstacle politique serait au contraire le signe même de son excellence. L'histoire a montré avec l'exemple du septennat giscardien combien il est difficile - voire impossible - de gouverner sans être appuyé par un parti majoritaire en tout cas de le faire contre l'opposition larvée du parti

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majoritaire ( voir toutes les péripéties des gouvernements Barre de 76 à 81 souffrant jusque dans l'adoption des budgets de la guérilla menée par le RPR de Chirac ) mais l'argument peut au moins servir de rhétorique fondatrice - et Bayrou ne s'en prive pas - visant à démontrer que l'on eût trahi les fondements de la Ve et glissé insensiblement vers une démocratie dévoyée.

Et l'argument va servir deux fois :

- pour fustiger les affaires et se positionner comme l'homme pur de la classe politique, celui qui n'est, parce que seul justement, inféodé à personne, à aucun intérêt, et peut en conséquence en revenir aux fondamentaux de la démocratie : les cartes sur et non plus sous la table

- pour en rappeler aux fondations de la Ve et, précisément à la mystique de l'homme seul se présentant devant le peuple, non pas parce qu'il serait soutenu par des partis mais parce qu'il aurait un message à délivrer et une garantie à offrir, au nom même de son indépendance.

De Gaulle avait senti le danger - le diable dans le confessionnal dont il parle dans son entretien avec M Droit en 65 - c'est bien celui d'un retour au régime des partis qui se ferait de manière d'autant plus délétère que subreptice en passant par la case de l'élection présidentielle au suffrage universel. Sans nul conteste, la manière dont Sarkozy, tout au long de son mandat se sera présenté et aura discouru devant les instances de l'UMP souligne cette dérive, même si Sarkozy peut à juste titre se targuer de lever simplement une hypocrisie . Mais toute la question est bien ici : la Ve ne peut efficacement fonctionner, avec cette clé de voûte qu'est le président, qu'à condition que celui-ci soit au-dessus, non pas seulement des partis mais de la mêlée, ce qu'évidemment il n'est plus désormais que confirme l'affaissement du rôle du Premier Ministre. Toute la question est ici qui n'offre pas d'autre alternative que soit un retour aux principes, que propose Bayrou, ou une réforme constitutionnelle profonde - que Montebourg appelle de ses voeux.

Le temps des fondations

C'est d'ailleurs tout le paradoxe de Bayrou : d'un côté, en tant que centriste il ne peut pas ne pas tenir une position autre que mitoyenne à des lustres des tentations de radicalisme ; de l'autre, parce qu'il se situe dans l'espace même des principes, il se place au lieu même des racines. Or les fondations sont moins une question d'espace que de moment. Toute l'originalité de Bayrou réside ici : il ne propose pas un espace politique qui chercherait à desserrer l'étau des contraintes économiques, budgétaires, sociales etc, il incarne au contraire un moment. Car toute fondation est un moment qui cache autant qu'il révèle une rivalité mimétique, cache autant qu'il révèle une substitution, non seulement d'une victime à une autre, indifférente, mais surtout d'une parole à une autre.

C'est pour cela qu'il faut entendre la construction du discours de Bayrou.

Un discours construit

comme un psaume

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Ce n'est certainement pas un hasard si son acte de candidature débute par cet homme libre : tout en effet tient dans les phrases liminaires de sa déclaration où figurent en même temps projet et volonté, pays et peuple.

- l'homme libre suggère à la fois le parcours politique de celui qui ne s'est inféodé à personne et en ayant donc renoncé depuis 97 à toute responsabilité ministérielle se sera donné les moyens de critiquer, annoncer, proposer - d'aucuns diraient prêcher - fût-ce dans le désert. Mais aussi - sous l'implicite que ses concurrents ne le fussent point, arrimés qu'ils seraient à des intérêts partisans ou, pire, particuliers, de se poser comme fondateur, acteur qu'une radicale rupture - dût celle-ci être en réalité un retour aux temps fondateurs. Homme libre que celui qui dira la vérité - quand les autres mentent ou camouflent - que celui qui avait vu, entrevu, annoncé et prévu par quoi il s'institue en Cassandre sinon en prophète.

- pays et peuple ramènent aux principes, aux fondations. Celui qui parle ainsi, d'emblée, pour rappeler combien le pays a fait le peuple, et le peuple construit le pays, s'adresse à la fois à l'histoire et à l'avenir. Il n'est pas un concurrent parmi les autres, proposant un programme plus ou moins différent de celui des autres, non celui-là parle d'ailleurs, parle au-delà. Il ne s'adresse pas aux électeurs, mais au peuple. Il ne parle pas pour cinq années ... mais pour l'histoire.

- projet et volonté disent l'essentiel, incontournable certes pour tout candidat, mais qui marque l'affirmation du politique au sens noble du terme, comme lutte contre le fatalisme, contre la soumission, sans doute aussi contre les pratiques et recettes techniciennes. D'emblée, et ce ne saurait être un hasard, Bayrou pose un discours moral pour autant justement que la morale n'existe que comme insoumission à l'adaptation servile aux faits.

D'où la prégnance sinon religieuse en tout cas biblique de son discours qui fonctionne comme un psaume. De ψαλμός et psalmus en latin - air joué sur la lyre avec ou sans Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas apôtre ? Cor, 9, 1
Je me présente devant vous Ps, CXVIII, 58
chant - les psaumes désignent on le sait les poèmes religieux attribués à David. A chaque fois, et les items sont innombrables, la même antienne d'un homme seul, devant le peuple, seul, intermédiaire entre Dieu et le peuple, d'un homme libre parce que justement il ne tiendrait pas sa position d'en bas ... mais d'en haut.

D'où le lyrisme, à peine camouflé, mais aussi la dramatisation avouée que renforce encore l'anaphore initiale du ça va mal :

 

 

- la référence au peuple mais à la France prend ici tout son sens religieux. Celui qui parle ainsi s'adresse au peuple au nom de la France, au même titre que le prophète au nom de Dieu :

notre idéal universel nous l'avons reçu de la France

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ce qui lui permet véritablement de se situer ailleurs et pour des temps de rupture. La France offre un idéal comme Dieu le décalogue : autant dire que celui qui s'adresse à nous, et descend dans l'arène comme Moïse du Sinaï peut le faire avec un long temps, blanchi sous le harnais, pour rappeler le peuple à l'essentiel, à la France, par son truchement prophétique. Il y a quelque chose de la sortie d'Egypte dans cette posture qui veut ramener un peuple à lui-même, à son histoire comme à sa grandeur. On n'est d'ailleurs pas très loin de cette certaine idée de la France que se faisait de Gaulle et dont il disait lui-même que les français étaient responsables.

- l'anaphore du mal, outre le rythme qu'elle confère à l'annonce, situe celui qui parle au-dessus des programmes, des projets ordinaires, le place loin au-delà des grilles économiques de lecture pour l'installer au creux du temps des fondations à la fois pour rompre une déréliction obsédante et désespérante mais surtout pour accomplir ce qu'est le rôle de tout fondateur : dresser le futur en le reliant au passé. D'où ce

débute un autre chapitre de son histoire ... ou plutôt qu'elle retrouve un chemin abandonné depuis longtemps

Il y a quelque chose d'apocalyptique dans ce discours - au sens de la révélation de ce qui a été caché depuis la fondation du monde : quelque chose qui passe à la fois par la dénonciation de la rivalité mimétique qui ronge, et qui va l'amener tout naturellement à mettre au même niveau droite et gauche comme envers et avers d'une même erreur, d'une même errance, d'une même divagation; qui lui permet de s'exhausser en ce rôle de fondateur qui tourne la page et tâche de réaliser une promesse ancestrale, de reprendre le fil d'une histoire qui n'eût jamais du être interrompue .

comme une épopée

Oui, il y a bien quelque chose de biblique dans cette annonce, au sens très juif, en tout cas vétéro-testamentaire d'un temps tout entier résumé dans l'acte fondateur, tout entier contenu dans la parole initiale et dont toute l'histoire à venir ne saurait être que la mélopée développée sans qu'il pût y avoir rien de réellement nouveau ; d'une histoire humaine tout entière arc-boutée sur la mémoire, transmise avec autant de fidélité que possible, qui n'aurait d'autre mission que de prolonger le lointain écho de la parole originaire comme s'il n'était d'autre chemin que de poser ses pas dans la trace presque enfouie des anciens ou que la vertu consistât exclusivement à prolonger d'événement en événement, à faire glisser d'époque en époque , la vérité initiale le long de la chaîne ininterrompue des vies individuelles.

Mais au sens aussi très chrétien de la promesse accomplie qu'il importe désormais de réaliser. Où l'imitation à sa part :

Soyez mes imitateurs comme je le suis de Jésus Christ ( Cor, XI,1)

Où il faut reprendre les fondamentaux oubliés, les laïcité, langue, solidarité, école, que l'histoire, ou nos errements nous auraient fait délaisser. L'homme ne dit rien de nouveau : il est seulement cette jointure entre la tradition et le progrès, le passé et l'avenir ; celui qui proclame que le nouveau gît tout entier dans un ancien qui n'eût pas été compris. Il est bien au centre, celui qui parle, avec les mêmes accents qu'un De Gaulle rappelant que la France est une chose remarquable dont nul ne peut se prévaloir autrement qu'en en étant le serviteur fidèle. La nouvelle alliance est l'accomplissement de l'ancienne : ceci est effectivement d'une facture très catholique dans son double sens d'universalité proclamée et de messianisme accompli.

 

comme une histoire

Mais si la rencontre d'un homme avec le peuple passe par cette adresse au peuple, elle ne peut éviter - et ceci va

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évidemment avec l'air du temps du storytelling - la mise en scène de l'homme. Et là, le moins que l'on puisse dire c'est qu'il joue sur toutes les cordes du genre passant à la fois de l'aventure humble et solitaire à celle du visionnaire.

- les racines puisque décidément il faut en passer par là et offrir à ceux à qui l'on s'adresse l'image d'une identité

- l'ancrage dans la terre qui lui permet de souligner la double valeur du travail et de la culture

- l'oeuvre de la famille, si joliment esquissée par l'adjectif rigolote par où il s'installe à la fois dans la tradition et le mouvement

- son propre parcours qui, via la culture, lui aura permis de forger son destin sans jamais renier ses sources paysannes

- cette kyrielle de valeurs qui, de l'amitié à la fidélité en passant par l'endurance et le courage, dessinent un parcours d'homme, de chair, de joie et de souffrance, loin du profil type de l'expert compétent.

Mais précisément l'on est ici aux antipodes exacts du J'ai changé sarkozyste de janvier 2007. Lui, n'a pas changé, tant il est ancré dans cette culture où précisément il s'agit de prolonger, de faire fructifier les racines, de lier le soc et le marteau, la terre et la ville, la tradition et le progrès.

A côté de cet ancrage épais dans l'histoire, s'affirme aussi la figure sinon du prophète, en tout cas du visionnaire, celui qui a vu, avant les autres et n'a pas réussi à se faire entendre.

Il y a ici à la fois un côté Rousseau pour son Devin du village * et E Faure pour son côté Avoir toujours raison ... c'est un grand tort qui ne manquait pas d'une ironique immodestie. Pour autant que gouverner c'est prévoir comment d'ailleurs échapper à cette loi implicite du politique, où je reconnais à la fois le tragique et le pari de nonobstant agir quoiqu'on ne sût jamais rien avec certitude et qu'il fallût néanmoins contrefaire l'expertlors même, et parce que, l'événement toujours surprend.

Je ne suis néanmoins pas sûr à l'écouter qu'il ne s'agît pas ici plutôt de prédiction que de prévision : l'homme tout habité d'une mission qui le dépasse peut affirmer, sans se départir de son humilité, d'une vision qui n'est pas la sienne, qu'il se contente de transmettre.

Or cette vision est morale :

- ce que nous vivons n'est pas une crise mais un tournant : non pas quelque chose de passager mais une maladie - il utilise le mot anémie - qui

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oblige à un retour sur soi, à comprendre que nous sommes tous responsables et que donc, l'effort doit être fourni par tous parce que tout le monde est responsable, les politiques pour n'avoir rien vu ou dit, le peuple pour les avoir élus.

- il n'est pas d'autre voie que la lucidité et donc le langage de vérité : mais cette vérité est un engagement qui oblige à se penser comme responsable, à ne pas céder à la tentation de chercher toujours ailleurs les causes de nos malheurs et donc à concevoir l'effort comme devant être d'abord le sien.

Morale et pour cela résolument politique.

comme une morale

Il faut bien considérer ici l'écart que Bayrou cherche à creuser entre lui et ses concurrents. Bien sûr, il utilise les mêmes mots - et ceux d'effort et de vérité se retrouvent ailleurs - émet le même engagement - ne pas faire de promesse qu'on sait ne pas pouvoir tenir - pourtant il se situe sur un tout autre registre qui n'est pas celui, économique ou social, qu'adoptent les autres candidats ; il dresse au contraire un horizon, celui des principes, et pose une exigence, qui est morale. En appeler ainsi à quelque chose qui pourrait ressembler à une véritable régénération morale, ce qui ne manque pas d'allure même si le terrain est dangereux qui fut déjà emprunté par bien plus troubles que lui.

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On retrouve les accents gaulliens mais surtout la même caractéristique qui frappe lorsqu'on réécoute les conférences de presse de de Gaulle, lui qui ne s'embarrassait jamais de détails techniques, d'annonces précises mais n'aimait rien tant que de se placer, au niveau des principes ... et de l'histoire. Le discours de Bayrou, même si de toutes façons, l'objet d'une telle prestation ne peut être celui de détailler et de chiffrer un programme précis, reste l'horizon, le principe et l'homme. Et il ne saurait être un hasard que cette déclaration s'achevât sur un appel à l'homme, à la refondation du spirituel contre la suprématie exclusive du matériel, où l'on retrouve assurément l'homme de foi qu'il est, mais bien plus largement, le sens qu'il cherche à donner à sa candidature qui n'est pas celle d'un expert se croyant meilleure disposition à gérer la crise que celle d'un guide croyant pouvoir dessiner des perspectives et donc donner du souffle au politique.

Où pour en revenir au point de départ se conçoit encore mieux que le propos commençât par une référence à la France et au peuple. Ce n'est pas le discours d'un candidat venant quémander des voix, même pas celui d'un politique avisé sollicitant l'adhésion à un projet ; c'est celui d'un guide convoquant un peuple au tribunal de sa grandeur passée, qui en appelle à une conversion et à la marche nécessairement épique vers le salut.

Au bilan

Une posture bien ambivalente qui fait effectivement s'entre-choquer une position mitoyenne où se joue la promesse de récuser toute solution radicale qui serait stérile ou mortifère mais qui en même temps tranche si radicalement avec la posture désormais classique de nos politiques que l'on peut y discerner quelque chose comme une réponse radicale.

Comme d'autres je pressens dans cette élection une croisée où le temps serait, crise oblige, plus à la radicalité qu'aux mesures convenues. Où je continue à penser que le temps de Bayrou, c'est-à-dire du centre, serait passé.

Sauf que : le biais pris ici relève de la radicalité ! d'une autre radicalité dont on peut imaginer qu'elle puisse demain séduire un électorat qui sent la nécessité d'un virage à 180 ° mais redouterait à la fois les dangers de l'extrême-droite, les embardées faciles d'un Mélenchon et cesserait d'espérer dans le profil trop lisse d'un Hollande. Séduire un électorat qui pourrait voir ici une solution à la fois courageuse et esthétiquement gratifiante sans pour autant de gros risques économiques ou politiques. Séduire même une sensibilité verte qui ne peut que se reconnaître dans cet effort de chacun à quoi Bayrou nous appelle.

Démarche ambivalente enfin pour le contenu finalement bien traditionnel dans sa vertueuse quête de vérité, de lucidité et d'engagement mais sait en même temps si suavement flirter avec les ruses de la communication moderne : il n'est qu'à voir cette progression au millimètre - assez bien analysée par Libération - un chemin qui va du JT au Béarn en passant par la maison de la chimie et Twitter, preuve s'il en est que Twitter et Facebook sont les acteurs désormais incontournables d'une campagne, ce qui n'était pas le cas en 2007 où ce furent plutôt les blogs qui tenaient le haut du pavé.

 

 


1) relire

et ce que nous écrivions sur la fondation en marge précisément de notre réflexion sur les institutions de la Ve

tous ces extraits peuvent être vus en grand format :

discours complet

principes

déclaration

candidature

portrait

visionnaire

programme

On peut aussi regarder

son interview sur Radio France en Septemvre

l'émission des paroles et des actes au lendemain de sa déclaration

 


juste pour le plaisir ironique de cette passade rousseauiste !!!