Elysées 2012

Sondages

Le dernier en date, celui de Harris Interactive donne le ton de cette période que Hollande, non à tort, avait appelée de faux-plat qui va de la fin de la primaire socialiste au vrai démarrage de la campagne en janvier.

Nul doute que les primaires auront donné faussement l'impression que la bataille avait déjà débuté quand ce n'était pas le cas et ne devait surtout pas l'être faute d'épuiser prématurément les candidats. Mais en même temps les différents rebonds de la crise de la zone euro, la multiplication des sommets dits de la dernière chance, le psychodrame pathétique de la perte imminente du AAA, ont déplacé le centre de gravité de la campagne vers des horizons bien plus sombres où le piège est à chaque recoin, où surtout Hollande semble plus maladroit et amateur qu'on ne supposait, moins incisif qu'on ne pouvait le prévoir

Hollande : une stratégie à revoir ?

Sa campagne semble marquer le pas sans qu'on puisse vraiment comprendre pourquoi et au point que certains de ses soutiens et électeurs se mettent à douter. Dût-il persévérer dans cette posture de bon vainqueur de primaires mais de piètre présidentiable qu'assurément l'aventure risque de finir plus tôt que prévu.

Rien ne se voit encore vraiment dans les sondages, signe que les choses n'ont pas commencé. 1

Cette période aura aussi été celle de la déclaration de candidature de tous - à Sarkozy près - les candidats potentiels, Bayrou notamment. Le paysage est presque éclairci et il est inévitable que Bayrou bénéficiant de la dynamique classique de sa déclaration de candidature prenne au passage quelques pourcentages : mais c'est bien à Hollande qu'il semble les prendre. Ce qui semble ressortir des transferts d'intention de vote tel que Ipsos les analyse, c'est bien que sans être encore un mouvement de fond, ces transferts représentent une alerte qui doit amener Hollande dans la prochaine période à se montrer plus incisif, plus clair aussi et montrer mieux sa capacité à mobiliser hors de son camp dans la mesure où, contrairement à Sarkozy, l'évolution des intentions en sa faveur tiennent plus au transfert de voix qu'à a mobilisation.Ce qui rejoint assez bien le sentiment des sympathisants qui ont manifestement envie que Hollande soit un peu moins pépère, plus offensif, plus présent aussi.

 

Diffile à monter dans la mesure où l'adversaire principal se dérobe. Sarkozy a l'habileté - et l'avantage - d'être président quand on l'attend candidat et candidat quand on l'attend président ! N'être jamais là où on croit l'avoir saisi, fonctionner presque toujours dans l'allusif et laisser les autres taper dur (Fillon, notamment qui fait le sale boulot, et l'UMP, évidemment ! )....

Il n'est pas faux que Hollande paraît maladroit, empêtré, empoté et indécis. De deux choses l'une : ou bien c'est une tendance qui se confirmera dans les mois à venir ou bien il se tient à la stratégie qu'il avait définie de se tenir à l'écart durant cette période de faux plat pour rebondir plus fort en janvier. Le résultat final en dépend

Joly :

Sa campagne patine, décidément et elle ne décolle pas, en dépit de réels efforts et d'une stratégie de sérieux. La personnalité reste attachante, décapante.

Le contenu de cette page nécessite une version plus récente d’Adobe Flash Player.

Obtenir le lecteur Adobe Flash

Prendre à revers ses adversaires sur l'air des accents du monde ne manque pas de justesse, de force et d'à propos. Ce ne peut que renforcer le capital de sympathie qu'elle engrande l'air de rien, mais qui n'a cependant rien à voir avec la popularité de présientiable. Ses malheureux et bien piètres 4% d'intentions de vote semblent plutôt confirmer le pronostic d'un Cohn Bendit qui a toujours estimé que les présidentielles étaient par trop défavorables aux Verts pour qu'il soit décisif d'y présenter un candidat. Si attachante qu'elle puisse être, elle ne parvient pas à installer le débat autour de ses propres thèmes, preuve s'il en est que la classe politique et, sans doute, l'électorat, est sans doute disposé à s'ouvrir vers des préoccupations environnementalistes mais certainement pas encore écologistes ; que les programmes sont encore pensés selon les canons traditionnels d'une économie productiviste et certainement pas sous l'aune du développement durable ; qu'elle n'arrive pas à faire passer l'idée que les mutations à venir sont radicales et que, donc, la démarche verte, est une réelle alternative et pas seulement une teinture des stratégies politiques et économiques classiques.

Reste d'elle son franc-parler, la clarté de ses propos qui l'a font glisser progressivement du rôle de juge à celui de procureur : la force de ses convictions est sans doute un atout mais une faiblesse aussi tant elle semble peu disposée au compromis qui demeure quand même la loi du genre politique. 2

Assez intéressante de ce point de vue la valse hésitation de notre histoire politique depuis une trentaine d'année qui s'en va chercher du côté de la société civile - curieuse expression d'ailleurs - ses recours et ressources chaque fois que la méfiance à l'égard du politique politicien se fait menaçant, mais qui, simultanément s'entête à le disqualifier avec des arguments du type amateurisme dès que ce type de candidat pointe son nez, comme si nous n'étions toujours pas clairs en France, et ce semble bien être le cas, sur le statut de la politique ni sur celui de ses acteurs, hésitants entre la voie morale, prude et puritaine des nordiques, limitant les mandats, et celle de la notabilité latine laissant se construire des fiefs et des féodalités durables. 3 Une histoire ancienne pourtant que nous avons initiée nous-même dès le début de la Ve mais que l'on retrouve dans l'interdiction qui fut faite aux députés de la Constituante de se présenter à la Législative (Octobre 1791)

Son plus grand dilemme tient tout entier ici : virer du côté de l'amateur ou du pur. La disqualification en est le solde qui la condamnerait à ne paraître que comme une douce folledingue, charmante mais naïve, ou comme une pure incorruptible qui la ferait glisser du côté de la figure fascinante mais inquiétante de Robespierre.

Le Pen

 

Ne disons rien encore de Bayrou car il est trop tôt pour savoir si le rebond provoqué par sa déclaration de candidature est durable ou non. Plus intéressante est la démarche instillée par M Le Pen qui laboure de manière incroyable sur les terres de la gauche, comme le fit Sarkozy en 2007, empruntant le langage, les thèmes, le vocabulaire ...

Elle semble engranger sans trop de problème alors même qu'elle n'est pas particulièrement active dans les médias, laissant supposer que son score risque effectivement d'être plutôt élevé même si, pour l'instant, les résultats prévisibles de Sarkozy et Hollande l'empêchent de pouvoir renouveler le coup du 21 Avril. Mais ses plutôts bonnes progressions dans les couches populaires et dans les tranches d'age intermédiaires ne laissent pas de souligner le mécontentement sourd que nous avons souvent relevé et le risque d'une surprise.


1) Après tout en décembre 2001, Jospin était déjà en perte de vitesse dans les sondages et commençait à être donné battu au second tour ; en décembre 2006, Royal et Sarkozy restaient encore au coude à coude avec une légère avance au 2e tour pour Sarkozy : dans les deux cas la tendance s'affirmera véritablement dans le tournant de janvier-février.

2) voir Deshabillons- les consacrée à E Joly

3) nous y reviendrons

http://video.liberation.fr/video/iLyROoafrwA5.html?t=2m19s