Elysées 2012

Populisme *

Dialogue de sourds Concepts
Valeurs Populisme
  Césarisme
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  Relativisme
  Système

 

Ce qui ressort de ce rapide débat c'est sans doute aussi ce qui peut faire l'honneur de l'homme politique : la volonté d'être pédagogue. Mélenchon fustige tout ce qui peut ressembler à un concept paresseux et qui justement n'aide pas à penser.

Le projet qui est le sien, est bien de redonner un sens à la gauche et à son opposition à la droite ; à montrer, expliquer combien toutes les solutions ne se valent pas ; et, pour cela à montrer comment les classes dominantes, pressées de conserver leur pouvoir, hurlent au loup pour mieux faire passer des solutions apparemment sages, parce que de juste milieu, mais qui en réalité reviennent toutes à confisquer le pouvoir du peuple vers les technocraties. A récuser qu'il n'y ait pas d'autre solution que celle proposée par les classes dominantes.

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C'est bien en deçà du populisme qu'il faut aller chercher, dans son non-dit, qui est l'inquiétude antique des dominants à l'égard d'un peuple qui fait peur, par sa masse et sa colère.

On ne refera pas le débat, insoluble du meilleur choix pour désigner les gardiens de la cité. Seuls les meilleurs peuvent désigner les meilleurs à qui les confier ! Exit la démocratie ! Bien entendu le peuple n'est ni unanime ni si constant dans ses choix que l'on puisse dire qu'il ait toujours raison. Et il faut bien avouer que dans la vision même qu'en eurent les premiers républicains, dans les discours même des révolutionnaires de 89 il y avait bien quelque chose de l'ordre de la méfiance, voire de la peur à l'égard de ce peuple dont la masse semblait vouloir écraser le sens commun. Oh, sans conteste, on s'essaya à toutes les ruses pour incruster quelques filtres parfois bien habiles qui permirent de tempérer ce que le suffrage universel pouvait avoir d'inconstant, d'inquiétant pour les classes bourgeoises. Suffrage censitaire, élections à plusieurs degrés etc...

Ce qu'il y a derrière est bien ce sentiment diffus, ce mépris à l'égard du peuple qui ne peut avoir comme le dit Mélenchon que des instincts bas et vils. Ce mépris bourgeois pour la masse est constant ; la suffisance de l'élite à son propre endroit est incommensurable.

Il n'y a aucun sens à rassembler sous le même vocable des courants qui s'apparentent au fascisme le plus éculé et des courants de gauche révolutionnaire. Et vouloir en faire des comparaisons ne peut mener qu'à l'amalgame paresseux ou à la manipulation politique. A bien y regarder les raisonnements menés par tels ou tels journalistes confinent presque toujours au paralogisme le plus criant : que je sache, ce n'est pas parce que deux phénomènes ont les mêmes effets qu'ils sont nécessairement identiques ; ce n'est pas parce qu'ils se ressemblent sur tel ou tel point, non nécessairement cruciaux, qu'ils sont identiques. La presse semble se lover dans le raisonnement par analogie comme par prédilection, en révélant cruellement ou son manque de culture, ou son seul goût du scoop et de la phrase choc. Décevant !

Bien plus intéressant est le terme démagogie ! δ η μ α γ ω γ ι α ou l'art de mener le peuple en le flattant. Ici l'on s'adresse au peuple en jouant sur le désir, la passion, l'envie au lieu de s'adresser à lui en jouant sur la raison. Rousseau avait raison : ce que l'on demande au peuple c'est de se prononcer non sur ses intérêts particuliers mais sur l'intérêt général, lequel affirmait-il, ne pouvait être résolument contre l'intérêt particulier, l'individu faisant partie de l'ensemble. Ce qui démarque totalement le sens républicain de la démagogie tient à ceci que l'on s'adresse - abstraitement peut-être - au peuple, à cette abstraction qu'est le citoyen qui se dépasse lui-même en se prononçant sur l'idée qu'il se fait de l'intérêt général et non seulement en lui demandant de défendre ses avantages particuliers. On s'adresse au citoyen plus qu'à l'individu ; à l'animal politique.

C'est en ceci, précisément, que le référendum peut être à la fois la meilleure et la pire des dispositions électorales : quand Sarkozy, au sujet des chômeurs, s'adresse à ceux qui, travaillant, se rendent compte que leur voisin, au chômage, gagne plus qu'eux, il ne réquisitionne pas la raison, mais seulement l'envie, la rage ou la vengeance ! Il rabaisse et n'exhausse pas ! Il divise et pointe un bouc émissaire à la vindicte publique. Tant et si bien que la formation pour le chômeur au lieu d'être proposée, est imposée et ressemble dès lors à s'y méprendre à une sanction. Idem au sujet des immigrés.

Quand il présente le référendum comme un moyen de dépasser les blocages, il fait clairement entendre les corps intermédiaires comme étant des blocages ; et ici, derechef, il pointe du doigt et flatte les passions les moins honorables. Là est la démagogie qui est l'exact contraire de la responsabilité citoyenne et républicaine.

Alors oui, il s'agit de populisme mais comme le terme est à ce point galvaudé, mieux vaut sans doute utiliser démagogie.

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1) voir son blog

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autour de la laïcité : c'est un sujet que nous avons déjà évoqué au moment du

discours du Latran par Sarkozy en décembre 2007

lire aussi :

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Laïcité

Abandon

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Laïcité et école (P Bert)

Bouveresse

idéal laïc

6 textes

 

sur le populisme : lire ce que nous en écrivions

qui tient par ailleurs un blog et chronique au Figaro et considère la crise actuelle non comme celle de la finance mais bien celle de l'Etat Providence et donc comme une crise de la social-démocratie ... ben tiens !