Elysées 2012

Le paradoxe Joly

Étrange cette campagne qui n'embraye pas ; étrange cette affectation de la presse à scruter son éventuel abandon ; étrange cette propension des adversaires - et parfois de ses amis - à la pourfendre en jouant sur les arguments les plus vils ( l'accent, les origines étrangères) ; étrange cette moue moqueuse des uns et des autres devant qui ne serait pas à la hauteur parce que pas du sérail.

Au fond Eva Joly nous met en face de nos propres contradictions : d'un côté nous affectons de nous indigner de ces trop longues carrières politiques au point, via l'interdiction du cumul des mandats de les empêcher ; d'un autre, nous sentons bien combien mener campagne présidentielle est devenu un art savamment stratégique où il est au moins autant question de communication, que de ruses, de coups fourrés et, en fin de compte, de guerre.

E Joly est un amateur, au meilleur sens du terme : n'est-ce pas ceci qu'en réalité le milieu ne supporte pas ? Pourtant son profil, sa posture devrait le permettre, elle qui de toute manière ne peut prétendre gagner mais seulement concourir pour compter ses voix, son influence ? Mais même ceci semble de trop ! comme si la stratégie emportait tout, ou que l'ambition prévalût sur les convictions.

Cohn-Bendit avait certainement raison, il y a quelques mois, en considérant qu'il valait mieux que les Verts ne concurussent pas, et se réservassent pour les législatives. Mais ce point de tactique une fois relevé, ne vaudrait-il pas mieux dénoncer cette logique des institutions qui focalisent décidément tout sur la seule fonction présidentielle au point de renoncer aux fondamentaux de la république ?

En face aussi de nos impuissances !

Celle de voir la question écologique en face. La crise financière rebondissant et, immédiatement les préoccupations environnementales cèdent le pas. Incapacité des hommes politiques à les intégrer à leur programme, à sortir autre chose que des recettes éculées, au mieux verdies de quelque écologisme ! C'est dommage et c'est grave. On voit bien que les préoccupations des français demeurent principalement l'emploi et le social - et ceci est après tout logique dans un tel contexte de crise. Mais ne pas avoir réussi à convaincre que les emplois verts parce que non délocalisables sont en réalité une double solution à la fois pour l'environnement et pour la relance est un des plus grand échec de cette campagne.

Mélenchon reste à ce jour le seul à avoir fait de l'environnement un axe de sa politique de réindustrialisation ! Les autres, tous les autres seront passés à côté. Ce qui est ennuyeux aussi parce que ceci laisserait entendre que l'écologie fût seulement une affaire de doux rêveurs ou de radicaux irréalistes. Ce n'est certainement pas un hasard si NKM l'actuelle ministre en profite pour savourer brillamment ce qu'elle nomme l'échec de l'écologie politique.

Et pourtant c'est bien de ceci dont il s'agit.


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