Elysées 2012

C'est vraiment pour bientôt

Tout en continuant à battre la campagne par un voire deux déplacments par semaine en faisant le président tout absorbé par les devoirs de sa charge, il piaffe d'impatience - et d'ailleurs d'importance. Manifestement le handicap se fait trop dangereux pour pouvoir patienter jusqu'à la mi-mars. Après son inervention TV, une ITV au Figaro-Magazine cette fin de semaine mais dont le contenu aura été dévoilé dès le milieu de la semaine donne un éclairage assez précis de cette campagne qu'il nous annonce épicée.

A droite toute

C'est l'enseignement, vu par toute la presse, que l'on peut tirer de cette ITV. Sarkozy va jouer le clivage gauche/droite comme il le fit en 2007 mais de manière d'autant plus exacerbée que le challenge s'avère ce coup-ci plus délicat. Siphonner les voix de l'extrême-droite, pétrifier le centre - Bayrou et éventuellement de Villepin - jouer au plus dur le duel que les français semble-t-il attendent entre Hollande et lui.

Avec, d'un côté, les oeillades au FN, dont Guéant est chargé, quitte à provoquer quelques polémiques ; de l'autre, la classique stratégie du bouc émissaire : ce coup-ci les immigrés mais aussi les chômeurs avec l'apparent équilibre suggéré entre la lutte contre les fraudeurs, les profiteurs et les fainéants et, en face, l'aide à apporter aux plus démunis.

Ce qu'il y a de nouveau, et de bigrement dangereux s'agissant de problèmes ainsi manichéennement posés, c'est l'appel direct via des référendums, au peuple qui autorisera toutes les simplifications, toutes les démagogies.

Jeu dangereux car sous couvert de démocratie il s'agira ni plus ni moins que de prétendre trouver une issue à la crise en opposant les français les uns aux autres, en jouant les bons, travailleurs, écrasés par la crise et l'effort, avec l'immensité des profiteurs, des étrangers ...

Politiquement c'est peut-être la seule issue qui lui reste mais elle est étroite et peut parfaitement se retourner contre lui tant elle risque de détourner de lui cette frange centriste de la droite qui pourrait préférer, et cela commence déjà un peu, rejoindre Bayrou plutôt que de se commettre ou compromettre avec de tels mots d'ordre. Sarkozy commet peut-être la même erreur que Jospin en 2002 : jouer immédiatement le second tour ! Or, il lui faut quand même dans un premier temps rassembler son camp et il n'est pas certain que ce faisant il n'en divise pas une partie. A ce jeu là il peut effectivement faire exploser Bayrou en vol dont la montée dans les sondages n'est pas évidente, mais il peut aussi, même si cela devrait alors se voir assez tard, détourner de lui une partie de l'UMP d'autant plus encline à le faire qu'elle verrait en Sarkozy un futur perdant, et qui jouerait alors un duel Bayrou Hollande assurément plus respectable pour la droite et sans doute plus facile à gagner.

Les perspectives devraient assez rapidement s'éclaircir néanmoins mais le moins que l'on puisse dire est que cette campagne est insolite : à la mi-janvier le candidat de l'opposition carracole en tête et ce depuis mai, sans que rien ne semble pouvoir l'atteindre, mais en même temps jamais l'issue ne semble aussi indécise tant toutes les combinatoires demeurent encore possibles alors que dans toutes les élections précédentes, les courbes commençaient déjà, à cette période, à dessiner des dynamiques incontournables.

Sarkozy peut encore gagner mais le prix politique et moral sera lourd : décidément les digues qui séparaient la droite de l'extrême-droite ont lâché. C'est assurément le plus impardonnable ! Et cette élection, en raison de son issue, déterminera la possible alliance demain avec le FN - ou non !

Bayrou l'a compris qui y joue sa survie ! Il est désormais coincé entre sa critique du programme de Hollande, qui le rejette à droite, et son refus de la démagogie droitière de Sarkozy, qui le rejette à gauche. Il n'a plus le choix ! Il gagne ou il disparaît ! L'électorat finira-t-il pas croire en cet improbable espace central, sduisant intellectuellement pour son côté juste milieu qui se donne des airs de sagesse aristotélicienne, ou bien, ce qui demeure quad même le plus probable, jouera-t-il le jeu de la bipolarisation qu'impliquent les institutions de la Ve République.

Mais cela va au delà ! Bayrou joue valeurs contre valeurs puisque décidément ce sera sur ce terrain-là que Sarkozy cherchera à se battre. Et là, il faut bien l'admettre, Bayrou sauve l'honneur de la droite : en en appelant à l'humaniste, aux valeurs fondamentales de la République, il ne fait rien d'autre que d'en rappeler aux devoirs élémentaires et aux exigences fondamentales. L'humanisme ne se divise pas ; la solidarité se contruit : décidément il n'y a rien à redire à ces propos.

On aurait qu'ils vinssent de Hollande aussi qui sur ce coup fut médiocre ! Ils vinrent au moins de Mélenchon qui fut flamboyant en rappelant qu'on ne bâtissait rien sur la haine de l'autre.

 

 

 



Discours de François Bayrou sur le contrat... par LCP