Elysées 2012

Drôle de campagne !

Dialogue de sourds Concepts
Valeurs Populisme
  Césarisme
  Civilisation
  Relativisme
  Système

 

Décidément ! D'un côté un Sarkozy qui s'agite et enchaîne interventions télévisées sur meeting, visites en usines et petit détour à pied à son QG de campagne ; de l'autre un Hollande qui manie scientifiquement l'art de l'esquive mais se cherche en même temps un second souffle ...

Les journalistes se demandent si la campagne ne va pas se jouer sur les valeurs ... Travail contre solidarité. Voire !

L'impression, bien plus vive, est que tout ceci tourne à vide dont les visites en entreprises où chacun se la joue sauveur d'emploi et d'usine portent un cruel témoignage.

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Les coups portent fort - lâcheté, mensonge - même si Sarkozy s'en défend - les propositions se succèdent - même si on a peine parfois à trouver une cohérence dans ce déluge de propositions quotidiennes - mais on perçoit mal le grand débat républicain qu'on nous avait promis ne serait ce que parce que chacun se défend de vouloir alourdir le déficit et que donc chaque mesure annoncée ne paraîtrra jamais que comme un replatrage, ou comme le camouflage un peu honteux d'une absence d'espérances. Hollande sait bien qu'il ne lui faut surtout pas tomber dans le piège d'une réponse immédiate aux propositions de Sarkozy, ce qui serait lui donner l'avantage de la direction de la campagne, mais en même temps il n'ignore pas que cela donne à sa propre démarche une apparence de décalage qui peut à terme lui nuire. Hollande esquive mais ne peut paraître le roi de l'esquive (1) non plus - ce qui serait donner quelque crédit aux termes forts de lâcheté ou de mensonge proférés par Sarkozy.

Le risque serait que Hollande se retrouve dans le même faux plat qu'après sa victoire aux primaires et donne l'impression de n'avoir plus rien à dire ; même si le risque serait plus grand encore de jouer à la surenchère des propositions pour contrer l'adversaire. Néanmoins, l'impression étrange que les deux ne jouent pas dans la même cour, ne jouent pas la même partie. Ce qui donne cette impression étonnante d'un débat qui n'a pas commencé encore alors qu'on se trouve à huit semaines seulement de l'échéance. Comme si le débat ne devait pas avoir lieu à l'exemple sinistre de cette semaine où Le Pen refusa de dialoguer avec Mélenchon.

Ce qui, par un certain côté, semble accréditer la thèse d'une élection qui serait surtout un rejet de Sarkozy et non l'occasion d'un véritable choix.

Dommage si tel devait être le cas.

Car ne l'oublions pas, la question des valeurs, pour fondamentale qu'elle soit, stricto sensu, est aussi une magnifique manière de rejouer l'art de l'esquive. Placer le débat sur le terrain des valeurs, qu'en général on ne nomme d'ailleurs jamais, c'est le placer à un tel niveau de généralité qu'on se paie le luxe de laisser accroire le dépassement du clivage droite/gauche, de flatter l'électorat conservateur, de s'offrir un unanimisme de façade et de fausse évidence pour en fin de compte ne pas dire grand chose.

C'est sans doute en ceci qu'aura été important le débat sur LCP avec Mélenchon qui lui aura donné l'occasion de revenir sur les concepts.

Concepts


1) lire ces deux articles de Libération de cette semaine sur l'esquive et la nécessité d'un second souffle


J.-L. Mélenchon contre Le Pen - France 2 par lepartidegauche