Elysées 2012

Trépidante stabilité

Réalisée après sa déclaration de candidature, mais avant ses meetings, la dernière enquête IPSOS révèle une stagnation plutôt étonnante si on la met en perspective avec l'entrée en campagne de Sarkozy et surtout avec une occupation du terrain médiatique et politique hégémonique. D'ordinaire les entrées en campagne font toujours gagner quelques points, fût ce provisoirement ! Ici rien !

Sans doute est-il encore un peu tôt pour en mesurer tous les effets et B Teinturier a-t-il raison de supposer que les choses se joueraient dans les trois semaines à venir mais en tout cas, même s'il devait gagner deux ou trois points ce serait indéniablement le signe qu'il ne parviendrait pas à bouleverser une tendance profonde. Quand on regarde bien, cela fait depuis mai que les sondages donnent Sarkozy à la traine et Hollande devant : c'est donc bien un mouvement de fond que je lui vois mal renverser en quelques semaines. S'il y parvenait ce serait manifestement inédit.

On peut noter par ailleurs un score plutôt décevant de Bayrou qui ne parvient pas à maintenir la dynamique de son entrée en campagne comme s'il avait de la peine à profiter de l'anti-sarkozysme ambiant autant que des maladresses de la gauche. La seule chance de Bayrou serait encore que la bipolarisation ne roule pas tous ses effets : ce semble d'autant moins le cas que Sarkozy en renforce au contraire les axes. Une campagne très à droite visant à réduire Le Pen, des attaques essentiellement dirigées contre Hollande confortent l'idée d'un duel attendu où Bayrou n'est pas invité et jouerait les trouble-fêtes.

On peut néanmoins faire la même lecture que Teinturier mais à l'envers voire même donner raison à Fillon lorsqu'il prédit que tout se jouera dans les trois dernières semaines. Si effectivement Sarkozy ne devait pas efficacement remonter, on pourrait imaginer à la dernière minute un revirement d'une partie de l'électorat de droite, inventant un vote utile plurôt insolite. Je n'y crois pas vraiment et ce serait sous-estimer l'animosité que les gaullistes ont toujours nourrie à l'égard du centrisme. Néanmoins on ne sait jamais. Il n'est pas même certain que la campagne tonitruante que Sarkozy entend mener n'aboutisse pas à l'effet contraire de celui souhaité : elle ressemble tellement à l'agitation du quinquennat qu'elle pourrait bien conforter le rejet dont Sarkozy semble faire l'objet.

En tout état de cause, Sarkozy n'a pas le choix : il a quelques semaines à peine pour convaincre à la fois sur sa droite et sur sa gauche qu'il est le mieux à même de contrecarrer Hollande. Ce qui paraît le plus délicat : les offensives sur deux fronts contradictoires sont toujours les plus difficiles qui répartissent trop les forces et mènent à d'inéluctables contradictions. Peut-on à la fois récupérer les voix de Le Pen sans faire peur à celles de Bayrou : c'est ici la quadrature du cercle sarkozyste.

A suivre dans les prochaines campagnes.

 

 


en pdf

Rapport complet Baromètre Intention de vote Vague10