Elysées 2012

Europe : au centre de nos rêves, de nos déceptions ; à la croisée des colères ...

Entre cauchemar et rêve, assurément ; entre illusion et suicide, décidément ! J'essaie de me mettre dans la posture de ces grands européens de l'après 45 qui ne rêvèrent que d'une chose : que ce suicide collectif ne recommence plus ! De ce point de vue c'est une réussite - au moins une semi réussite. On n'imagine plus vraiment possible une guerre sur le continent quoique dans les années 90, la Communauté européenne se sera montrée totalement incapable de stopper ni la guerre ni la purification ethnique qui se jouaient à ses portes dans la Yougoslavie déchirée.

Jean Monnet Tout le pari des Monnet et des Schuman aura finalement été - ce que l'échec de la CED en 54 allait confirmer - de construire l'Europe par le bas, l'économie, la libre circulation des matières premières (la CECA d'abord) , plutôt que de la construire par le haut puisque tout accord politique global s'avérait impossible - en tout cas prématuré. Chaotique, avec à coups, la construction européenne se sera faite lentement et aura fini, après l'épisode gaullien par devenir le centre tacite ou explicite de la politique française.

Ce qui est en jeu c'est bien cela : le non au référendum de 2005 en aura été la préfiguration ; 2008 le coup de semonce.

La manière même dont elle se sera édifiée en suggérait déjà le déficit démocratique : il était fatal qu'un jour cela renâcle. Restait, qu'à tout prendre l'Europe apparut au moins comme un bouclier économique et social dût le prix démocratique en être chèrement payé. La crise actuelle met à bas tout cela.

Désormais non seulement elle parait un OVNI que personne ne contrôle vraiment politiquement mais en plus elle ne semble même plus être un pare-feu anti-crise mais au contraire le lieu de la crise.

Je crains un retour de flammes anti-européen.

De ce point de vue on ne peut pas dire que la presse soit d'un bien grand secours qui s'amuse de l'abstension des socialiste à l'Assemblée lors du vote de Mécanisme européen de stabilité. Regarder l'europe avec abstention c'est assez drôle effectivement pour qui cherche à scruter toutes les dissensions qui feraient éclater la belle unanimité PS derrière Hollande et y espèrent une chute à venir dans les sondages.

Qu'on ne s'y trompe pas : le PS est bien profondément européen et ce qui le divise ce n'est pas le projet lui-même mais une conception même des affaires où l'aile la plus libérale, social-démocrate si l'on veut, prend en pleine figure ses contradictions qu'un Mélenchon se fait un plaisir de souligner. C'est simplement sur l'Europe, désormais, que se concentrent toutes les contradictions du mouvement socialiste qui depuis Tours aura toujours parlé fort de la révolution mais géré sagement les affaires du système. Social-traitres hurlaient les communistes dans les années noires de la guerre froide et notamment en 47.

Il s'agit de cela. De rien d'autre ! D'une gauche entêtée à vouloir se faire prendre au sérieux et qui en réalité a fini par ressembler si étrangement à la droite qu'elle parle quasiment le même langage de rigueur, de sérieux. Il manque dans tout ceci autant d'espérances que de colères ; autant de rêve que de justice.

Il m'arrive d'attendre la grande colère du peuple ! il m'arrive même de l'entendre bruisser déjà !

 


Nous avions déjà évoqué le piège de la dette à deux reprises en Août et en novembre

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