Chronique du quinquennat

Zemmour

Ce n’est pas la première fois qu’il fait parler de lui, cet histrion des basses œuvres. N’y revenons même pas !
Il a fait son petit scandale cette semaine en s’en prenant à Taubira, à l’instar d’ailleurs de toute la droite – ce qui est quand même assez drôle quand on prend simplement la peine de se rappeler que les premières critiques fusèrent avant même qu’elle prît ses fonctions, et explosèrent avant même qu’elle prît aucune décision.
La justice est le point sensible avec l’Intérieur qui furent les points sensibles du quinquennat Sarkozy qu’il aima mettre sous les feux des projecteurs et dont il voulut d’autant plus faire une vitrine de son action que la sécurité avait été une des armes à partir de quoi il s’était à l’Intérieur construit son élection en 2007 et avec quoi il avait réussi à capté une grande partie des voix FN.
Mais la chronique de Zemmour ne parle pas de cela, qui eût pu tenter de mesurer les marges de manœuvre de la nouvelle ministre, les orientations qu’elle pourrait imprimer et qui feraient rupture ou au moins contraste avec l’équipe précédente.

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Non ! en réalité Zemmour se contente de reproduire le reproche classiquement intenté à la gauche de laxisme ! Se souvient-il, mais comment pourrait-il l’ignorer, que laxisme est précisément le terme qu’utilise le plus souvent le FN pour fustiger à la fois la gauche et la droite. Et il le fait de la pire des manières : par une comparaison oiseuse, stupide entre la prétendue sévérité que Taubira réserverait au harcèlement sexuel en face de la trop lâche mansuétude nourrie à l’égard des jeunes délinquants.
L’argument utilisé, qui ressemble de tellement près à celui qu’on opposait jadis aux victimes de viol que ce ne saurait être un hasard, revient à dire que les attaques dont elle est victime, elle l’aura bien cherché ! Elle aurait choisi ses victimes ! Elle est donc coupable !
Je veux bien que le métier de chroniqueur exige de la virtuosité quand l’actualité n’offre pas de prise – et après tout cette période de transition est de cet ordre-là - ; je veux bien que la posture adoptée par maints chroniqueurs puisse être celle de la provocation : Zemmour est de ceux-là, bon client pour les plateaux TV  où il se sera complu des années durant, que ce soit sur I Télé ou sur la 2 avec Ruquier, à jouer le mauvais esprit, le réactionnaire de service, le pourfendeur des stéréotypes et toujours le contempteur de la pensée unique.
Mais là !
Fallait-il descendre à ce niveau de bassesse, à ces imputations indignes ?
Tout ceci suinte la misogynie – et j’aimerais croire que ce ne fût pas du racisme. 


Evidemment M le Pen prend sa défense mais l’argument vaut la peine d’être relevé :

"par ses prises de position (...), représente une forme de quasi-dissidence vis-à-vis des élites autoproclamées du PAF et des éditorialistes alignés sur une bien-pensance convenue. Pour cette raison, il entre souvent en résonance avec les Français". "Avec quelques autres, Eric Zemmour dénote dans un milieu médiatique français déjà très monolithique du point de vue des expressions et des idées, et déjà très déconnecté des aspirations de nos compatriotes",

 

 


 

Que cessent les attaques d'Eric Zemmour contre Christiane Taubira

Depuis la formation du gouvernement, Christiane Taubira, nouvelle ministre de la justice, fait l'objet de critiques répétées. Accusée d'angélisme, de communautarisme et d'un passé indépendantiste par le Front national et l'UMP, elle semble concentrer les espoirs les plus fous de la droite et de l'extrême droite. Et si cette ministre était l'épouvantail parfait pour poursuivre la dynamique suintant le racisme qui aurait permis à Marine Le Pen de réaliser un score élevé à l'élection présidentielle et à Nicolas Sarkozy de "limiter la casse" le 6 mai ?

Ces attaques sont sournoises et masquées. Les détracteurs se défendront de vouloir mobiliser une partie de l'électorat contre la couleur de peau de Christiane Taubira, tout comme ils se défendirent de tirer sur Rachida Dati en raison de ses origines maghrébines lorsque celle-ci accéda à la même fonction régalienne.

Lors de sa chronique du 23 mai sur RTL, Eric Zemmour ne prit pas de telles précautions. Attaquant Christiane Taubira sur sa volonté de réinscrire dans le code pénal le délit de harcèlement sexuel invalidé par le Conseil constitutionnel, il s'épancha une fois de plus dans un positionnement digne de ce machisme grossier dont il ne se départ plus.

Car, pour Eric Zemmour, le délit de harcèlement sexuel est une entreprise dirigée contre les hommes. Peu importe que les lois de 1992 et de 2002 sur le harcèlement sexuel n'identifient évidemment pas le sexe des auteurs et des victimes potentiels. Il ne s'arrête pas à ces détails qu'un minimum de déontologie journalistique lui aurait pourtant commandé de présenter.

Mais Eric Zemmour va plus loin en exhumant sa vision racialisée de la société. Car qu'on se le tienne pour dit : le délit de harcèlement sexuel n'est pas simplement une attaque contre les hommes, réduits à ne plus pouvoir se détendre avec une petite main aux fesses ou à travers la sollicitation contrainte de faveurs sexuelles. Non, pour Eric Zemmour, ce que Christiane Taubira attaque, ce sont les hommes blancs.

Des hommes blancs qu'il prétend "défendre" (n'a-t-on pas connu meilleure protection ni meilleur avocat ?) en exaltant le bon temps de l'infériorité des femmes, des Noirs et des Arabes. Pour Eric Zemmour, la marche vers l'égalité qui est en train de mettre fin aux anciens rapports de sujétion est vécue comme une lente, douloureuse et inexorable chute qui n'est pas, à la lecture et à l'écoute de ses "pensées", sans créer chez lui un manifeste complexe de castration.

Complexe encore une fois présent dans sa chronique anti-Taubira puisque, au fil de ses élucubrations, Eric Zemmour nous gratifia de nouveau d'une vision des jeunes de banlieue, traversée de la crainte de leur puissance et de leur violence (remarquons au passage qu'Eric Zemmour glisse, en matière de délinquance, de la question des mineurs à celle des jeunes de banlieue).

Or, il est utile de rappeler que la vision que se fait Eric Zemmour des jeunes de banlieue est également très racialisée, comme le montrèrent les débats judiciaires qui aboutirent à la condamnation pour incitation à la discrimination raciale prononcée à son encontre le 18 février 2011.

Selon Eric Zemmour, l'"homme blanc" verrait donc sa virilité remise en cause par celle d'hommes noirs et arabes qui, eux, ne seraient pas soumis à la féminisation imposée aux hommes blancs par les militants pour l'égalité. Espérons qu'un jour les complexes d'Eric Zemmour se résoudront sur un divan plutôt que par l'expression radiophonique d'une haine quotidienne obligeamment permise par la sollicitude de RTL à l'endroit de ce personnage.

Dominique Sopo, président de SOS-Racisme