Chronique du quinquennat

Cohabitation

Claude Guéant ce matin sur RTL offrant sur la cohabitation 1 - espérée, redoutée - une explication pour le moins emberlificotée. Cette gêne est logique, qui tient à la cohérence des institutions. Même souple, et elle l'a montré à trois reprises, la

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constitution qui permet la cohabitation en faisant se déplacer provisoirement le primat de l'exécutif de la présidence vers le gouvernement, a révélé en même temps que ce cas de figure n'est ni le meilleur, ni le plus efficace, ni le plus souhaitable.

La réforme du quinquennat et la synchronisation du calendrier aura à la fois réaffirmé la prééminence de la présidence et rendu plus improbable le cas de figure de la cohabitation sans la rendre tout à fait impossible : on peut toujours imaginer le cas de figure d'une crise suffisamment grave qui justifierait une dissolution de la chambre et découplerait donc les deux élections ; on peut imaginer aussi un électorat dosant son vote en contrebalançant son vote présidentiel en renvoyant une majorité parlementaire différente.

Ce dernier scenario est peu probable mais toujours possible : après tout, on pourrait imaginer, toujours en cas de crise grave, un électorat séduit par l'appel à l'unité nationale telle que Bayrou l'a souhaitée, dubitatif sur la possibilité de ce dernier de l'emporter aux présidentielles, mais suffisamment fort pour mener une telle unité au parlement ; bref ce serait au fond forcer le président nouvellement élu à mener une politique différente, en tout cas nuancée, de celle annoncée lors de la campagne.

Le scenario le plus probable 2 est bien celle d'une majorité de gauche à l'Assemblée même si des surprises restent possibles favorisées par un taux d'abstention plus oumoins élevé qui favorisera - ou non - des triangulaires où le FN pourrait provoquer des effets ravageurs.

En réalité, Guéant ne peut pas dire autre chose que ce qu'il dit : sauf à faire l'impasse sur les législatives et mettre son propre camp dans l'embarras ; même si l'on comprend que personne ne se fait d'illusion.

Il n'empêche que la succession de ces élections finira bien un jour par révéler ses inconvénients. Je n'ai toujours pas compris pourquoi on n'a pas décidé de les mener en même temps quitte à modifier le dispositif qui veut deux semaines entre les deux tours de la présidentielle et seulement une semaine entre ceux des législatives. On aurait au moins la certitude d'une forte participation et, peut-être, autre chose que ces résultats attendus d'avance qui sans qu'on le réalise bien, dégrade encore plus l'image du parlement.


1) revoir ce documentaire sur l'histoire des trois cohabitations (86/88 - 93/95 - 97/2002)

2) voir sondage