Chronique du quinquennat

Législatives : pas de "vague rose" à l'horizon, selon un sondage Ipsos
LE MONDE | 30.05.2012

 Le rapport de force est favorable à la gauche, mais l'on ne se dirige pas vers un raz de marée rose à l'Assemblée nationale. Tel est le principal enseignement de la première enquête d'intentions de vote sur les élections législatives d'Ipsos-Logica Business Consulting pour Le Monde, France télévisions et Radio France.
Dans cette étude, réalisée les 25 et 26 mai auprès d'un échantillon représentatif de la population française de 962 personnes, l'UMP et ses alliés (Nouveau centre, Parti radical valoisien, divers droite) sont crédités de 35 % des intentions de vote au premier tour, devant le PS et ses alliés (Parti radical de gauche, Mouvement républicain et citoyen, divers gauche), qui obtiennent 31 %. Le Front national (15 %), derrière, devance le Front de gauche (8 %), Europe écologie les Verts (6 %) et l'extrême gauche (1,5 %).


"TOUT SAUF UNE DÉFERLANTE"


Bloc contre bloc, la droite est ainsi créditée de 50 %, la gauche de 46,5 %. Mais cette logique d'analyse n'est pas très signifiante : aucun accord n'existe entre l'UMP et le FN, qui devrait même être le poison de la droite, en cas de triangulaire au second tour. "La gauche gagne 7,5 points par rapport à 2007, ce qui correspond au gain de 7 points déjà enregistré au premier tour de l'élection présidentielle par rapport à il y a cinq ans", précise Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos. Dans l'ensemble, estime le politologue, "le rapport de force est favorable à la gauche. Mais la victoire s'annonce d'une ampleur mesurée. C'est tout sauf une déferlante. On ne se dirige pas vers une majorité absolue du PS".

Selon M. Teinturier, le nombre de cas où le Front national pourra se maintenir au second s'annonce inférieur à ce qu'il était advenu lors des législatives de 1997, particulièrement défavorables à la droite. Un tel reflux allégerait d'autant le fardeau de la droite républicaine.
Il y a quinze ans, le FN avait en effet obtenu, à l'échelle nationale, 15 % des voix, soit exactement le même score que celui dont il est crédité aujourd'hui dans les intentions de vote. Un score qui avait permis au parti de Jean-Marie Le Pen de se maintenir au second tour dans 133 circonscriptions (dans 79 triangulaires et 54 duels).
L'abstention, cependant, ne s'était alors élevée qu'à 32 % au premier tour, dans cette élection qui suivait la dissolution surprise de l'Assemblée nationale par Jacques Chirac. Selon Ipsos, la participation pourrait cette fois, le 10 juin, être nettement plus faible (l'institut prévoit aujourd'hui une abstention entre 38 % et 42 %). Ainsi, le nombre de candidats du FN qui passerait la barre du score de 12,5 % des inscrits, nécessaire pour se maintenir au second tour, serait moindre. "C'est une estimation délicate à faire, mais, si l'abstention est autour de 40 % et le FN à 15 %, il peut y avoir à peu près 85 candidats du FN en mesure de se maintenir, dont une soixantaine dans des triangulaires", analyse M. Teinturier.



"SOUHAIT DE VICTOIRE" FAVORABLE À LA GAUCHE


L'enquête Ipsos d'intentions de vote est complétée par une question sur le "souhait de victoire". En la matière l'avantage est très net pour la gauche (56 %) face à la droite (32 %). Cet écart est à peu près le même que celui observé, en inversant le miroir, avant les législatives en juin 2007 : 54 % des personnes interrogées disaient alors souhaiter une victoire de la droite, contre 35 % pour la gauche. "Le souhait de victoire semble très favorable à la gauche. Mais la comparaison avec 2007 montre que, certes, le rapport de forces est favorable à la gauche, mais qu'il ne faut pas attendre un raz de marée", estime M. Teinturier.
Autre signal à prendre en compte, l'électorat de Nicolas Sarkozy se dit, aujourd'hui, plus mobilisé que celui de François Hollande. Ainsi, 80 % des électeurs de l'ex-président de la République se disent certains d'aller voter, contre 76 % pour ceux de son successeur. Ces chiffres ne sont pas à prendre au pied de la lettre : les personnes interrogées surévaluent, en général, leur volonté de se rendre aux urnes. Mais le différentiel de 4 points fait sens.