Chronique du quinquennat

Samedi 2 Juin, 2012

Perspectives

Un sondage IPSOS préfigurant la victoire de la gauche sans réelle vague rose. Envisage une assez forte abstention surtout !

Le pire est que personne n'ait l'air de s'en inquiéter ! le pire est que ceci semble arranger tout le monde ! A courte vue, quand même ! Même s'il est vrai qu'une abstention forte devrait logiquement rendre plus difficile le maintien des candidats FN contraints d'atteindre les 12,5% des inscrits - et non des votants - de limiter ainsi les triangulaires et donc paradoxalement de limiter la casse à droite.

Pourtant !

Dérives constitutionnelles ?

Réalite-t-on que depuis la synchronisation des calendriers et l'instauration du quinquennat, que donc en 2002, comme en 2007, on risque de voir le taux d'abstention exploser aux législatives qui sont quand même les deuxièmes élections nationales et en réalité les garantes de la dimension parlementaire - si peu qu'il en reste - du régime. Qu'à ce jeu-ci où les présidentielles phagocyte toutes les autres élections on va finir par vider le parlement de toute substance. De toute légitimité.

A moins d'une semaine du 1e tour, il semblerait presque que la campagne n'eût pas commencé encore ou, en tout cas, que les médias, tout affairés qu'ils sont de pointer la lumière sur le nouvel exécutif ou convaincus que les jeux étaient faits, eussent fait l'impasse sur cette formalité !

Il est vrai que ni en 81, ni en 88 après dissolution ; ni en 2002 ni en 2007, l'électorat ne se sera déjugé entre la présidentielle et les législatives qui s'en suivirent. Pourtant, 81 mis à part mais l'événement en lui-même marquant de l'arrivée alors inédite de la gauche au pouvoir peut suffire à l'expliquer, toutes les législatives d'après présidentielles réservèrent des surprises :

- 88 ne donna pas de majorité absolue au PS - ce qui ne l'empêcha pas de gouverner mais lui imposait des limites

- 2002 confirma la poussée à droite mais avec 39,68% d'abstention

- 2007 avec 40,01% d'abstention donna la majorité à l'UMP mais moins que prévu puisque la majorité perdit environ 50 sièges par rapport à 2002.

On ne saurait donc exclure quelque surprise : en fonction du score du Front de Gauche, de la vraisemblable divergence d'intérêts en son sein entre le PCF et le Parti de Gauche de Mélenchon, et du nombre de députés des Verts, on peut imaginer qu'un PS ait demain des compromis à faire à des alliées bientôt encombrants parce que nécessaires. Tant et si bien que bien que victorieuse, la majorité PS pourrait se retrouver dans une situation embarrassante. Idem à droite où le score du FN, l'éventuelle élection ou non de députés, pourrait provoquer sinon un éclatement de l'UMP en tout cas une recomposition idéologique que la guerre annoncée des chefs rendrait plus décisive encore.

On comprend bien que quatre dimanche électoraux puissent lasser l'électeur ; que la droite défaite ait du mal à se mobiliser - ne désirant pas vraiment la cohabitation ; que la gauche elle-même parce que victorieuse ait tendance à imaginer l'élection d'ors et déjà faite ; que le corps électoral se dise que la messe est dite ayant déjà donné l'essentiel de sa voix !

Aller jusqu'au bout ?

Ne pas se tromper : l'abstention prévisible aux deux scrutins à venir ne signifiera pas le désintérêt de l'électeur ; n'aura rien à voir avec l'invraisemblable score atteint aux présidentielles de 2002 (28,40% au premier tour ) non, il tient uniquement à la juxtaposition des deux élections.

Alors si l'on tient vraiment à ce quinquennat mais à éviter aussi la dévaluation des législatives il n'y a plus que deux solutions :

- raccourcir le mandat parlementaire à quatre ans pour rétablir ce qui fut la règle jusqu'en 2002 : une législative systématique en cours de mandat présidentiel. Après tout les législatures de la IIIe étaient elles aussi de quatre années.

- coupler complètement les deux élections en y procédant le même jour