Chronique du quinquennat

Mardi 5 Juin, 2012

Solution politique

Moscou et Berlin se sont prononcés en faveur d'une "solution politique"

Langue de bois quand tu nous tient ! Le contraire absolu de solution politique c'est intervention militaire mais en l'occurrence ce la signifie ici on ne fait rien.

A l'inverse Hollande

Le régime de Bachar Al-Assad s'est conduit de manière inacceptable, intolérable. Il a commis des actes qui le disqualifient (...) Il n'y aura de sortie possible de cette situation qu'avec le départ de Bachar Al-Assad

Ce qui ne veut pas dire grand chose, non plus ! Belle conférence de presse commune où l'on se joue des images laissant entendre une discussion franche où transparaissent néanmoins tous les cynismes, toutes les impuissances.

Le premier, fraîchement réélu après un pas de deux incroyable avec Medvedev, a tellement d'intérêts dans la région qu'on le voit mal lâcher la Syrie, joue de la crainte de la guerre civile pour ... ne rien faire et attendre mais surtout empêcher qu'on entreprît quoi que ce soit; le second, fidèle défenseur de la démocratie et des droits de l'homme en appelle à la vertu démocratique sans vouloir (pouvoir) provoquer une incertaine intervention militaire non plus que jouer les va-t-en guerre (1) qui le ferait par trop ressembler à son prédécesseur lors de la crise libyenne Le premier joue les glacis dans la grande tradition d'un impérialisme russe qui n'aime rien temps que des vassalités à sa périphérie ; le second aimerait bien réussir un joli coup diplomatique qui l'installerait de plain pied sur la scène internationale.

C'est vrai, nous ne sommes plus dans les années trente où la démocratie se jouait contre les menaces fascistes dans une perspective militaire inéluctable ; c'est vrai que nos dirigeants n'ont pu l'heur de pouvoir tremper leur charisme dans le kairos de leur glaive et que leur protestation de bonne foi humaniste aura toujours quelque chose du relent amer d'un post-colonialisme mal assumé (trop bien assumé ?) .

Image, du coup désolante, d'un non possumus général : écrasé par la finance, impuissant militairement, que reste-t-il du politique sinon ces mains ouvertes d'un Poutine simulant la pédagogie bienveillante d'un réalisme politique bon teint. Allons camarade Hollande, tu sais bien que nous ne ferons rien !

C'est peut-être la gloire de la démocratie mais aussi sa pusillanimité : toujours désemparée devant les tyrans qui eux n'hésitent jamais, la République a la main tremblante du vieillard perclus de scrupules.

 


1) sur ce côté bruit de botte de Sarkozy, lire Fressoz et la tribune de de Waresquiel parue dans Libération en septembre dernier

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