Elysées 2012

Le Pen fait sa rentrée

C'est une des caractéristiques des plans de communication, une de leurs règles. Un événement pour prendre sens, pour marquer, doit toujours être accompagné. C'est d'antant plus vrai lorsqu'il intervient après une période de pause ou de crise.

Pause parce qu'effectivement elle aura été plutôt discrète cet été ce qui peut s'interpréter comme une prudence stratégique : ne pas partir trop tôt ni trop fort. Mais ce qui peut aussi s'interpréter comme une une contrainte après la crise provoquée oar la réaction de son père après les attentats d'Oslo. Du côté on s'estime avoir été parasité autant par Oslo, que par le retour de DSK, tant par la crise financière que par les émeutes en Grande Bretagne. Autant de sujets, pourtant qui eussent pu faire les gorges chaudes de M Le Pen et lui permettre de de développer ses thèses sur l'immigration, l'euro etc. Crise encore suite à la démission d'Ozon cet été.

La modernisation du FN est sans doute opération plus difficile à mener qu'il n'y parait surtout avec un père en embuscade et des thèses toujours rétrogrades puisqu'elles reviennent toujours à un retour en arrière : abandon de l'euro ; inverser les flux migratoires etc.

Une rentrée en trois temps

Mise à l'eau de l'euro d'abord, débat avec NKM sur Itélé ensuite, les Journées d'été enfin.

Trois caractéristiques ressortent de ces journées :

- une personnalisation d'abord, caractéristique de l'extrême-droite finalement: ce sont les journées d'été de M Le Pen pas du FN. Manière de poser ses marques face à un père si encombrant et à ce point susceptible qu'il boudera les séances avec les jeunes du FN pour ne pas cotoyer un des conseillers de sa fille, ancien dissident megrétiste ?

- une volonté politique de ne pas laisser d'espace politique à la droite populaire qui contraint le discours lepéniste à revenir sur les fondamentaux : sécurité, immigration même si au départ aucun débat n'avait été prévu sur la question. (discours de M Le pen accessible sur le site du FN ) Mais ce n'est rien de dire que c'est avouer que la droite populaire la gêne puisqu'elle met à mal sa stratégie de modernisation.

- Mise à part la mise en avant de Gilbert Collart ou de Yves Bertrand, ancien patron des Renseignements généraux, elle n'attire pas vraiment de grosses pointures contrairement à ce qu'elle espérait, avec le risque de surcroît, d'irriter l'aile la plus extrémiste et fasciste du mouvement.

Au bilan, une rentrée plutôt convenue, qui montre combien, en dépit de sondages encore avantageux, la position du FN reste délicate, menacée qu'elle demeure moins me semble-t-il de l'extérieur, que de l'intérieur. Ce ravalement de facade que la personnalité de Marine Le Pen autorise reste un pari qui fera assurément éclater le FN si le score devait s'avérer médiocre.

Un vrai culot quand même : organiser ces journées de rentrée le 11 Septembre, quand il était prévisible que tous les médias seraient focalisés sur le dixième anniversaire, prononcer son discours au moment même des cérémonies évidemment retransmises en direct, faut le faire ! C'est se mettre d'emblée dans la posture du martyr médiatique mais là personne n'y croit !