Elysées 2012

Retour de la morale à l'école

Et voici Luc Chatel qui réinvente l'eau froide. Dans une ITV au Parisien, le ministre affirme vouloir réintroduire la morale. Il me souvient effectivement d'avoir connu cela enfant : c'était le premier cours de la matinée, qui remplaçait je suppose la prière du matin dans l'école laïque.

Réaction - c'est le cas de le dire - pour répondre aux crises : revenir en arrière.

Mais comment imaginer une seule seconde que l'on puisse jamais restaurer l'école de la IIIe quand tout, depuis, a si considérablement changé ?

Comment d'ailleurs prétendre transmettre des valeurs quand on en donne si médiocrement l'exemple ?

Surtout :

Oui, je fais revenir la morale à l’école. La circulaire qui paraît ce jeudi (NDLR : demain) est destinée à toutes les classes du primaire. Pas forcément tous les matins, mais le plus régulièrement possible, le maître va maintenant consacrer quelques minutes à un petit débat philosophique, à un échange sur la morale. Le vrai/le faux, le respect des règles, le courage, la franchise, le droit à l’intimité… Ne fixons pas de carcans. Peu importe la méthode pourvu que le professeur transmette un certain nombre de valeurs. L’école, c’est le lieu de la tolérance, du respect. A l’école, on n’apprend pas que des contenus de programme, mais aussi un comportement, et cela doit nous servir tout au long de la vie

Il m'arrive parfois de penser que ce fut au moment où l'Etat se donna de plus grandes ambitions - s'intituler Education Nationale plutôt qu'Instruction Publique - qu'il en aura eu moins les moyens et en réalité l'ambition.

Je remarque que, décidément, la question est toujours mal posée : du côté de ces valeurs que l'on ne définit jamais. A l'instar de la lutte contre l'extrême droite où l'on s'engage à défendre les valeurs républicaines - sans jamais les nommer - il est toujours question dès lors que l'on en évoque la nécessaire transmission, d'un certain nombre de valeurs sans qu'on en sache jamais vraiment plus. Reconnaissons à Chatel d'y déroger : le vrai/le faux, le respect des règles, le courage, la franchise, le droit à l’intimité qui demeurent néanmoins des auberges espagnoles où chacun mettra ce qu'il voudra bien, mais qui est bien ici pour satisfaire cette droite populaire prompte à attiser n'importe quelle querelle.

Oui c'est vrai, ceci me fait toujours un peu trop penser à cette vieille pub pour une charcuterie sarthoise : le concept de valeur, décidément, tel celui de violence ou d'être, a une extension infinie en tout cas vague - mais une compréhension nulle. Il n'est qu'à reprendre celles citées ci-dessus pour deviner qu'elles peuvent être entendues de la manière la plus restrictive et réactionnaire qui soit, aussi bien qu'on en pourrait offrir une approche parfaitement progressiste.

Je m'amuse seulement de la furieuse contradiction de cette droite qui d'un côté ne veut pas que l'on enseigne ce qui ne serait que théorie et pas science ; qui de l'autre est obsédée de valeurs morales dont je ne sache pourtant pas qu'elles ressortissent de la morale !

 


relire ... parce que ce n'est pas la première fois que la question est évoquée

le débat autour de l'école et du système éducatif en général s'esquisse : voir