Chronique du quinquennat

Expulsions

Deux ans à peine après le discours de Grenoble 1 qui avait fait date dans la politique du tout sécuritaire que le gouvernement précédent avait adoptée ..... Deux mois à peine après l'installation de Hollande et d'Ayrault et ceci en dépit des promesses faites durant la campagne .... 2

Décevant mais pas étonnant

On attendait mieux c'est vrai et tout semble se passer comme si devait se renouveler cette aimable distribution des rôles - classique à gauche - entre un ministère de l'Intérieur qui assumerait la fonction sévère du méchant et un ministère de la justice, gardien du Temple républicain. 3 Il n'est qu'à lire la délicieuse esquive de Taubira pour deviner les inévitables tensions existantes et à venir entre ces deux là ; il n'est qu'à se souvenir des attaques systématiques contre Taubira et de l'approbation gourmande d'un Ciotti à l'égard de Valls pour deviner que l'opposition - mais c'est son rôle - appuiera avec délectation là où ça fait mal.

 

Il faut dire que l'ombrageux Valls n'est jamais passé pour un ultra-gauche - ce que les débats des primaires avaientillustré et, assurément, lui confier le ministère de l'intérieur ne pouvait être anodin - il n'était pas le seul au PS à s'être spécialisé dans les questions de sécurité et d'ordre.

Alors oui, sous réserve de quelques accomodements plus humains on ne changera rien à cette politique d'expulsion même si on s'attachera ici à ne point trop stygmatiser non plus qu'à jouer sur le retrait de la nationalité française ....

 

 

Alors quoi ?

Tout ça pour ça ?

On peut toujours se dire qu'après les grandes envolées électorales, il y a le retour brutal à la réalité. Mais quoi ! la gauche aura été suffisamment au pouvoir ces trente dernières années (trois fois cinq ans) pour qu'on puisse se dire qu'elle a une culture de gouvernement et que, en dépit des envolées lyriques, elle savait ce qu'elle énonçait. Certes, c'est le rôle d'un gouvernement que d'assurer l'ordre et de faire respecter la loi ... mais quoi ? où la sécurité était-elle menacée ? en quoi ces campements faisaient-ils autre chose que de répondre aux défaillances de la loi ?

De manière plus générale on peut observer ceci :

- les sociétés en crise, frileuses, ne supportent décidément rien de ce qui peut sortir des canons conventionnels : non seulement ne souffrent pas l'étranger mais pas plus la différence. Ceux-là cumulent : à la fois nomades et étrangers ils ont tout pour repousser ....

- bouc émissaire, comme le dirait Girard, ou artefact comme l'eût dit Mélenchon 4, les étrangers font objet de fixation pour des politiques désemparés ; on devine bien ce qui se trame là dessous et on eût aimé que la gauche n'y cédât point.

- la dimension de duperie, de leurre est d'autant plus évidente quand on compare ceci avec la gravité de la crise financière, l'état de notre économie ou plus encore avec l'état de la planète ... C'est le désordre feignons d'en être les organiateurs disait en substance Cocteau : il y a quelque chose de cela. Mais cette duperie signe le profond désarroi de nos politiques qui révèlent plus leur impuissance que leur malignité

C'est peu glorieux ! on attendait mieux !!

Vraiment.

La Tribune de Valls sur Libé du 14 Août


1) Discours de Grenoble 2010

2) lire à ce sujet

3) ITV de Taubira et de Valls

4) voir la vidéo de l'entre deux tours à propos de l'extreme droitisation de la campagne de N Sarkozy. C'est là qu'il rappelle que le problème juif des années 30 était évidemment un artéfact et qu'il fallait lutter contre cette concession faite à l'êxtrême droite - tentation si aisée.


 

 

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