Chronique du quinquennat

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La droite se cherche
des valeurs
Quid des valeurs fondement des valeurs Dérives axiologiques valeurs absolues ? Perspectives

Valeurs !

Revoici la question des valeurs 1 qui resurgit à l'occasion des élections prochaines à la tête de l'UMP. Tout le monde semble s'y mettre et pas seulement les deux principaux protagonistes. Sans doute la transgression de la campagne présidentielle aura été trop forte pour ne pas en gêner certains ; en flatter d'autres. Sans que pour autant quiconque protestât sur le moment - mais peut-on changer de monture au milieu du gué ? - sans non plus que ceci paraisse pouvoir les départager d'ailleurs.

La logique voudrait pourtant que le débat se fasse sur le fond, c'est-à-dire sur un programme et sur des principes et cela d'autant que la campagne présidentielle aura été ravageuse ; pourtant c'est bien sur des hommes que le choix va se faire, sans que la distinction idéologique des deux soit pour autant claire.

L'explication en est donnée par Winock et semble juste : la logique des institutions est bien celle de l'hyper-personnalisation et nul ne semble y échapper. Les partis ne sont plus que de vastes machines électorales et plus vraiment des laboratoires idéologiques. Même les primaires socialistes l'ont illustré : on y a choisi une personnalité sur la base supposée du même programme !

Il y en a une autre : qu'on le veuille ou non la tradition de la droite réside plutôt dans le pragmatisme que dans l'idéologie et, même s'il est exact que le libéralisme est une idéologie à part entière, il n'empêche que par sa propension à dénoncer la pensée unique, sa volonté de réduire l'état à ses seules prérogatives dites régaliennes et, pour le reste, de laisser l'économie aller son bonhomme de chemin, ce qui désormais signifie se soumettre aux lois du marché, semble devoir vider l'impératif idéologique de toute consistance.

La droite n'est pour autant pas démunie de tout corpus idéologique :

- une partie de ce corpus est héritée de l'histoire révolutionnaire puis républicaine de la France et de ses acquis : ce qui fit longtemps l'objet des revendications de la gauche du XIXe et que la République finit par accomplir, est entré dans le patrimoine commun :

le suffrage universel, les droits de l'homme, les libertés publiques, le divorce, le rejet du racisme et de l'antisémitisme, la justice sociale, l'émancipation des femmes

Pour autant, ces valeurs, à la fois ne sont plus discriminantes, clivantes comme on dit désormais, et qui plus est participent plus des victoires historiques de la gauche que de la droite française.

- la seconde partie de ce corpus est héritée de sa propre histoire. Si la droite a spontanément le culte du chef, elle qui succomba aussi bien, et successivement, à Bonaparte, Boulanger, au Clemenceau de 17, Pétain puis de Gaulle, il n'en reste pas moins que sa ligne d'horizon reste l'autorité de l'Etat, le maintien de l'ordre, le primat de l'économie sur le social.
Il m'a toujours semblé qu'on pouvait, politiquement distinguer gauche et droite à partir de Rousseau : quand celui-ci envisage le droit de révolte dès lors que la loi ne respecterait plus l'intérêt général, il apparaît bien qu'il met la liberté avant l'ordre. La droite, elle - on parle bien ici de la droite républicaine - aura toujours tendance à faire au contraire de l'ordre la condition de la liberté, et non le contraire.
Idem pour la sphère économique : la droite aura toujours tendance à faire du domaine social une conséquence possible de la réussite économique et mettra ainsi toujours plus l'accent sur une politique de production plutôt que de distribution.

- la troisième partie de ce corpus relève plutôt du non-dit, de l'implicite de l'histoire : cette droite républicaine est aussi l'héritière des compromissions de la collaboration. Elle s'est faite sur le consensus de la Libération, sur le programme de la Résistance même si elle est de plus en plus tentée de le détricoter. En face d'elle cette droite ultra qu'elle a rejetée mais qu'elle est en même temps tentée de vouloir réintégrer tellement elle pèse désormais lourd dans la besace électorale. Qu'on le veuille ou non, même inconsciemment, la droite n'a de cesse de devoir se définir par rapport à sa frange maurrassienne voire extrémiste.

 

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1) sur la question lire

Autour de Guéant : à droite toute

Roucaute

Juppé

Huntington

A droite toute

valeurs communes

Morin : sur la crise des fondements

Sartre : l'existentialisme est un humanisme

2) Winock

 


 

 

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