palimpseste Chroniques

JM Ayrault

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Plus c'est clair, mais c'est évident ....

Le premier ministre ce soir sur les lucarnes pour recadrer un peu les perspectives brouillées autant par les successives expulsions de Roms, que par la déclaration De Montebourg annonçant l'avenir de la filière nucléaire ; mais aussi par l'impression de flottement à la tête de l'Etat.

Égal à lui-même, placide, impassible ; le geste rare : tout au plus un bras qui se lève pour ponctuer le propos ; le buste très rarement penché vers son interlocuteur quand il veut convaincre .... cet homme décidément est l'empereur de la communication austère. Comment faire peu avec rien ! L'oeil mi-clos cet homme passe-muraille même quand il en appelle au combat sur deux fronts, martèle-t-il comme pour en surajouter sur le sérieux de la situation, pratique la parcimonie du geste, et l'absence de regard. Jamais il ne regarde la caméra ; jamais il ne nous regarde.

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Il rappelle à deux reprises qu'il est chef de la majorité et qu'il anime un collectif il la joue faux mou et se reconnaît être autoritaire mais tout ceci avec ce même ton étale, si monocorde qu'on peine à y dénicher quelque once de passion. Cet homme-là, décidément a le charisme d'un glaçon.

Après les élans trompeurs de la campagne ... quelle douche froide. Je ne suis pas sûr que l'espérance puisse ainsi longtemps revêtir la componction grise du technicien. La gauche se trompe en nous donnant à voir cette version à peine rosie de l'expertise libérale qu'on a tellement vue et entendue depuis dix ans. Il y avait peut-être de l'ubris chez Mélenchon ... mais quel souffle. A quand faut-il remonter pour retrouver le lointain écho d'un peu de souffle ; d'un peu d'esprit ? 97 nous avoir proposé la version parpaillote du rêve .... on sait comment cela finit - en dépit de ses incontestables avancées. Le pire de cette gauche si sage est qu'il faut remonter à Mitterrand pour retrouver les accents chantants du renouveau - et pourtant il était si peu de gauche ....

Non, rien depuis Blum qui, tout bourgeois dans l'âme qu'il fut, avait su embraser les foules ... et donner à rêver. Rien si ce n'est cet accent faussement guerrier, cet appel à la lutte, cette référence aux deux fronts comme si le pays était cerné. Quel chiasme entre ce décret de la Patrie en danger qui ne dit pas son nom et la constitution fragile de commissions pour y réfléchir ....

Sommes-nous à ce point drogués d'hyper-activité que nous ne supportons même plus le temps de la concertation ? Y a-t-il une telle contradiction - distorsion en tout cas - entre le temps de la démocratie participative et celui de l'efficacité que nos caprices d'enfants gâtés, demandant tout et tout de suite, rendent insupportable ?

Est-ce un problème de communication ou de politique ?

Sarkozy 1 avait fini par admettre avoir confondu fonctions présidentielle et ministérielle, l'une réclamant de la hauteur, l'autre de la réactivité ! Soit ! Sarkozy avait tant occupé l'espace qu'il en avait fini par faire disparaître le Premier Ministre et paraissait vouloir cumuler les deux fonctions - d'où, fait inédit sous la Ve, un seul Premier Ministre pour la totalité du quinquennat. Mais au phagocytage de l'un semble répondre ici l'escamotage tant le président paraît se cacher derrière le Premier Ministre et ce dernier derrière son équipe ....

Où la mayonnaise ne prend pas c'est que domine l'impression qu'il n'y a pas de pilote dans l'avion ; où vraisemblablement c'est aussi un problème de communication. C'est qu'aussi cela semble si peu répondre à l'urgence de la situation : où vraisemblablement gît un problème politique. Ceci vaut pour temps calme ; mais pour avis de grand frais ?

Finalement le capitaine de pédalo n'était pas si mal vu ...... 2

Oui vraiment : un problème de communication ou de politique ?


Malaise
N Demorand
Libération 28 Août

Difficile rentrée pour le gouvernement et la majorité rose-verte qui enchaînent couacs, tensions et confusions. Sur le carburant, le renoncement pur et simple à une promesse de campagne - bloquer les prix à la pompe - n’est évité que par une baisse cosmétique de quelques tout petits centimes par litre. Dissipation du volontarisme politique en cent jours, alors que tant de Français ne peuvent se passer de la voiture. Mais c’est sur le nucléaire, sujet ultrasensible depuis Fukushima, que le moteur à explosion de la majorité s’est remis en marche. Une «filière d’avenir», comme le pense Arnaud Montebourg ? Zizanie garantie. Déjà au PS, où il doit y avoir autant de réponses à cette question que de militants, d’éléphants et d’élus locaux. Surtout si ceux-ci ont, dans leur fief, des implantations et des salariés du secteur. Quant aux Verts, les dirigeants de l’extérieur s’indignent nettement plus que les ministres écolos, obligés de la boucler au nom de la cohésion gouvernementale. Qui en est dupe ? Normalement, ces querelles se tranchent très en amont, via un accord entre partis politiques. Le problème de celui qui fut négocié par Cécile Duflot et Martine Aubry est simple : François Hollande ne s’y est jamais reconnu, ce texte lui collant aux doigts comme un sparadrap vert pendant toute la présidentielle. Sur l’énergie, comme sur d’autres dossiers, impossible de saisir la logique de l’action gouvernementale. Demeurent une impatience, un malaise grandissant. Pour ne pas dire un sentiment d’amateurisme.


1) lire et l'ITV

2) relire